On a reproduit le parcours-type d’un touriste à Monaco à pied, à vélo ou en bus: voici notre comparatif
Notre point de départ et d’arrivée quotidien a été le parking de dissuasion des Salines, préconisé par le gouvernement à l’entrée Ouest de la Principauté.
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Guilhem GrassoPublié le 04/08/2025 à 07:00, mis à jour le 04/08/2025 à 10:38
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lunettes de soleil sur le nez, sac à dos sur les épaules et plan de la ville en mains. Tout est prêt. Mon smartphone indique 10 heures. Je sors du parking des Salines, en face du Jardin exotique. Ma mission d’infiltration peut commencer. Pendant trois jours, je m’apprête à me fondre dans la masse et me transformer en touriste. L’objectif: parcourir les points incontournables de Monaco en une journée, en partant, comme le préconise le gouvernement, de ce parking de dissuasion spécialement conçu à l’entrée Ouest de la ville.
Je consacre la matinée à la visite du Rocher, son Palais princier, sa vieille-ville, ses jardins et les vues panoramiques qu’elle offre, sans oublier la traditionnelle relève de la Garde des Carabiniers du Prince à 11h55. Après une pause-déjeuner, je visite le célèbre Musée océanographique, puis je me rends à la plage du Larvotto, en passant notamment par le port Hercule et ses yachts. Sur le chemin du retour, en direction du parking des Salines, j’emprunte l’avenue Princesse-Grace et le célèbre virage du Fairmont pris par les Formule 1 lors du Grand Prix. Autre arrêt obligatoire: la place du Casino de Monte-Carlo. Une journée chargée qui me permet de faire le tour de la Principauté et de suivre ce à quoi pourrait ressembler le parcours-type d’un touriste. J’ai effectué ce cheminement trois fois. D’abord à pied, puis en bus, et enfin, à vélo.
Le vélo: rapide, mais peu pratique
Durant trois jours, j’ai reproduit le parcours-type d’un touriste à Monaco, en passant par le Rocher, le port, la plage du Larvotto et le Casino de Monte-Carlo. À pied, en bus ou à vélo. Photos cyril dodergny et justine meddah.
Pour ceux qui aiment optimiser leur temps, inutile de s’enfoncer dans de longs calculs. J’ai le résultat. En prenant en compte les quatre trajets majeurs (parking - Rocher, Rocher - plage, plage - Casino et Casino - parking), le plus rapide sera… le vélo électrique, et de loin.
J’ai passé en moyenne deux fois moins de temps assis sur la selle de mon MonaBike (52 minutes) que sur le siège de mon bus (1h56). À pied, le temps s’allonge encore d’une demi-heure (2h34). Mais, ce sera à vos risques et périls.
Car si le vélo est le plus rapide, il ne semble pas être le plus pratique. Je l’ai compris dès le matin. Il m’a fallu une bataille acharnée de vingt minutes et le téléchargement de deux applications mobiles pour aller au bout du processus et obtenir mon "pass 24 heures", que j’ai payé trois euros. L’après-midi, rebelote. Notre photographe qui m’accompagne ne parvient pas à créer son compte. Le service client qu’elle appelle précise qu’il peut s’agir d’un "problème de réseaux" et qu’"il est recommandé d’être connecté au Wifi plutôt qu’à la 4G". L’interlocuteur ne lui offrant pas d’alternatives, elle finira par abandonner.
Une fois cette épreuve passée, gare aux chemins que vous empruntez. À Monaco, les pistes cyclables sont rares, particulièrement dès que vous vous écartez de la mer. Au milieu des voitures, il faut aussi affronter le dénivelé. Avec son moteur électrique, le vélo m’aide à tenir le coup, sauf sur l’avenue Roqueville… où le feu rouge me contraint à m’arrêter en pleine côte. J’ai dû terminer la montée sur le trottoir.
Sachez que certains lieux, comme le parking, ne sont pas toujours bien indiqués, et qu’il faut prévoir des pauses sur le côté de la route pour trouver son chemin. Enfin, si les stations de vélos ne manquent pas et sont stratégiquement bien placées, comme celle sur la place du Palais, les MonaBike partent à vive allure – preuve de leur succès –. J’ai pu l’observer à midi, dès que la foule avait fini d’admirer la relève de la Garde des Carabiniers du Prince. Quant à mon arrivée sur la place du Casino, le problème était autre: plus aucune place n’étant disponible dans la station, j’ai dû me résigner à observer la façade du bâtiment, mains sur le guidon.
La marche: sportif mais attractif
Plus qu’on ne le pense, être touriste à Monaco est éprouvant. Même sans canicule lors de mes tests, la chaleur du soleil alourdit chaque pas. Et quand ceux-ci se comptent par milliers , la bouteille d’eau devient une nécessité, d’autant plus qu’en dehors des jardins, le paysage monégasque ne propose pas beaucoup d’ombre.
Mais cela en vaut la peine! J’en ai beaucoup plus vu en marchant qu’en prenant le bus ou le vélo. Un exemple concret: la route qui mène à la plage du Larvotto déborde de concessions automobiles aux marques luxueuses. À pied, j’ai pu m’arrêter un instant, et contempler, derrière la vitrine, des voitures aux couleurs, aux formes et aux prix surprenants. Lors de mon passage en bus, ce dernier est passé sans s’arrêter. J’ai simplement aperçu le nom des marques, inscrites sur les stores dépliés. À vélo, il était bien trop difficile et dangereux de dévier mon regard de la route que je n’ai même pas su à quel moment j’étais passé devant.
De cette manière, en marchant, j’ai ainsi pu traverser l’étonnant Jardin japonais, me balader à quelques mètres de yachts immenses le long du port, gravir l’historique Rampe Major, ou encore admirer les nombreuses œuvres installées un peu partout dans la ville. J’ai aussi pu faire des rencontres, avec d’autres touristes, avec qui j’ai pu échanger quelques instants.
Le bus, reposant mais contraignant
Devant moi, à la gare routière du parking des Salines, une famille perdue demande des indications au chauffeur. "Ce bus va directement sur le Rocher, il n’y a pas besoin de changer. Si vous venez du parking, vous avez 10 trajets gratuits." Ses explications résument là tous les avantages de ce moyen de transport. Efficace, économique et reposant.
C’est en tout cas le constat de ma matinée, seule fois où je n’ai pas eu besoin de souffler et m’hydrater une fois arrivé devant le Palais princier. Une fois les 15 heures passées, le bus s’avère moins relaxant. La circulation saturée met en effet à mal la ponctualité des bus, à tel point qu’un couple a jugé l’attente "trop longue" et que la proposition de madame de "faire le chemin à pied" l’a emportée. Une fois à bord, là encore, le retard s’est allongé, spécifiquement dans le quartier de Monte-Carlo. Si le matin, j’avais pu m’asseoir sans problème et profiter de la climatisation, réussir simplement à rentrer dans le bus était désormais une difficulté. J’ai compté 50 minutes pour le trajet Rocher - plage du Larvotto, soit sept minutes de moins seulement, que le même trajet à pied! Au retour de la plage, le trafic ne s’améliore pas vraiment. Une seule solution, anticiper et sortir de l’eau plus tôt, pour me sécher et me changer afin de ne pas salir le bus. Si les 10 trajets offerts risquent d’être dépassés, le "pass 24 heures" vaut 5,50 euros, soit, à titre de comparaison, un 1,50 euro moins cher qu’à Nice.
A l’entrée Ouest de la Principauté, le parking des Salines est conseillé aux touristes.
Photo cyril dodergny
Le parking des Salines comme seul repère
Ses 1.790 places de stationnement déployées sur 15 niveaux font de lui le parking le plus grand de la Principauté. Situé à l’entrée Ouest de la ville, près du Jardin exotique et environ quinze minutes de la sortie de l’A8, le pharaonique parking des Salines, creusé dans la roche, joue un rôle primordial dans l’accueil des touristes. Une volonté du gouvernement princier, qui le promeut lors des grands événements ou des périodes de fortes affluences. Un moyen pour que "les automobilistes ne pénètrent pas dans la ville et échappent ainsi au trafic urbain, à l’arrivée comme au départ", justifie l’exécutif.
Pour les encourager à faire ce choix, l’État a pris soin de proposer des prix plus attractifs. Avec un tarif à 7,50 euros la demi-journée et 11 euros la journée, le récent parking coûte en moyenne deux fois moins cher que les autres parcs de stationnement monégasques. La formule à la journée permet également d’obtenir 10 trajets gratuits pour la Compagnie des Autobus de Monaco.
Nous avons fait le choix de suivre à la lettre ces recommandations.
Une infrastructure moderne et polyvalente
Inauguré en 2024 à l’issue de sept ans de travaux et d’un investissement de 208 millions d’euros, le parking, dont la peinture grise brille encore sur les murs et les sols, se veut pratique en toutes circonstances. Lors de ma journée à pied, j’ai emprunté l’accès bas "Pasteur", qui me permettait, après avoir traversé la lumineuse et esthétique Galerie des Salines, de rallier le centre-ville en 20 minutes. Les jours suivants, j’ai commencé ma journée par l’accès "Jardin Exotique", 86mètres plus haut, que je peux gravir en quelques secondes à l’aide d’ascenseurs. Devant le Jardin exotique, une gare routière, et un étage plus bas, une station de vélos Monabike pour m’aider à rejoindre le centre. Ces options, toutes deux électriques, "visent un report modal des automobilistes vers une mobilité douce, respectueuse de l’environnement et du cadre de vie souhaité en Principauté", résume le gouvernement.
Il faut l’avouer, même s’il est facile de s’y perdre, ce parking est pratique. Les solutions qu’il propose prennent le dessus sur sa légère mise à l’écart du cœur de Monaco.
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