Les auteurs de la sextape de Saint-Etienne assument, l'un d'eux charge le maire

Deux hommes, un ancien couple à la ville et en politique, ont assumé lundi, au premier jour du procès dit de "la sextape de Saint-Etienne", avoir piégé un élu en le filmant avec un prostitué, l'un d'eux accusant le maire Gaël Perdriau d'avoir passé la "commande" pour "tenir" un rival.

AFP Publié le 22/09/2025 à 21:30, mis à jour le 22/09/2025 à 22:19

Le tribunal correctionnel de Lyon, qui juge toute la semaine le maire et trois de ses ex-collaborateurs pour chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics, est entré d'emblée dans le vif des débats en diffusant à huis clos un montage de ces images volées.

Le maire, qui nie fermement avoir joué le moindre rôle dans ce complot, et les autres prévenus sont restés dans la salle, tout comme Gilles Artigues, son ancien Premier adjoint qui a été piégé dans la vidéo, dont la famille est toutefois sortie pour échapper à cette projection.

En janvier 2015, ce centriste catholique, qui s'était opposé au mariage homosexuel, a été filmé à son insu dans une chambre d'hôtel parisien en compagnie d'un escort-boy, a rappelé à la barre celui qui a posé la caméra cachée: l'ancien adjoint à l'Education, Samy Kéfi-Jérôme.

"C'était une commande formulée par Pierre Gauttieri", alors directeur de cabinet du maire, "la commande était de piéger Gilles Artigues sur son homosexualité refoulée", précise-t-il. En échange, le directeur de cabinet promet à ce jeune adjoint très ambitieux "le soutien du maire aux élections législatives de 2017".

"Je n'ai pas d'éléments prouvant que le maire a connaissance de ces choses, mais si Pierre Gauttieri prend un tel engagement, j'en déduis qu'il a forcément eu l'aval" de Gaël Perdriau, déclare encore Samy Kefi-Jérôme, qui parle de manière très posée et prudente.

"Barbouzage de moeurs"

Beaucoup plus direct et provocateur, son ancien compagnon Gilles Rossary-Lenglet qui, de son propre aveu "grenouillait" à l'époque "dans le marécage politique" stéphanois, incrimine le maire, avec lequel il dit avoir noué un "contrat".

Selon son récit, émaillé de remarques salaces et de phrases assassines, Gaël Perdriau et son directeur de cabinet avaient noué un accord électoral "contre-nature" avec Gilles Artigues pendant les municipales de 2014 mais craignaient qu'il ne soit pas loyal.

"Ils voulaient le tenir" et "j'ai dit +il faut faire un barbouzage de moeurs+": la vidéo doit leur servir pour "éviter qu'Artigues fasse un pu-putsch", ironise-t-il.

En échange, Gilles Rossary-Lenglet dit avoir touché 40.000 euros, pioché dans les fonds municipaux, qui ont transité par des associations sous la forme de subventions fictives.

Ce volet vaut à quatre responsables associatifs, qui n'étaient selon lui pas au courant du motif de ce tour de passe-passe, de comparaître pour "abus de confiance".

"J'ai fait la balle (...) qui a tué Gilles Artigues, sans aucun état d'âme", ajoute cet homme fantasque de 53 ans, par qui le scandale est arrivé en 2022 quand il a balancé toute l'affaire à Mediapart.

Gilles Artigues a fait "la promotion de l'homophobie", se justifie-t-il, avant d'être coupé par la présidente du tribunal qui lui reproche sa "hargne".

A la fin de l'audience, elle exprime sa perplexité face à son témoignage. "C'est déroutant: vous reconnaissez tout pour mieux accuser les autres", lâche Brigitte Vernay. "Dans vos explications, il y a une complaisance à salir les personnes qui fait qu'on va les accueillir avec une certaine réserve."

Le procès doit reprendre mardi avec la fin du témoignage de M. Rossary-Lenglet. Gaël Perdriau, qui encourt dix ans de prison et une peine d'inéligibilité, pourrait être entendu mardi soir ou mercredi.

"Combatif et déterminé" selon son avocat Jean-Félix Luciani, il n'a jamais renoncé à la mairie de Saint-Etienne et n'exclut pas de briguer un nouveau mandat aux municipales de 2026. Mais avant, "j'ai besoin d'être débarrassé de cette épée de Damoclès", a-t-il dit à l'AFP il y a quelques jours.

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