Edoardo Mortara, pilote du team monégasque Venturi : "Une tout autre dynamique"

Animateur de la course au titre depuis l’an dernier, le Suisse Edoardo Mortara symbolise la montée en puissance du team monégasque Venturi qui va viser haut à domicile. Interview.

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Gil Leon Publié le 27/04/2022 à 08:06, mis à jour le 29/04/2022 à 13:19
interview
Edoardo Mortara Venturi Racing.

Il est l’homme qui a conduit pour la première fois Venturi Racing sur la plus haute marche d’un podium estampillé FIA Formule E, lors du E-Prix de Hong Kong 2019. L’homme, aussi, qui a signé trois des quatre triomphes inscrits aujourd’hui au tableau de chasse de l’écurie monégasque participant au championnat des monoplaces électriques depuis sa création, en 2014. à 35 ans, Edoardo Mortara vient d’entamer sa cinquième saison de pilote survolté dans le camp Venturi. En tant que vice-champion du monde sortant, s’il vous plaît ! Vainqueur de l’une des deux courses d’ouverture, cet hiver en Arabie saoudite, l’Italo-Suisse tenait les rênes du classement pilote jusqu’au virage de Rome, les 9 et 10 avril, où une « baisse de tension » l’a fait rétrograder au cinquième rang. De quelle manière va-t-il réagir samedi au tournant du 5e Monaco E-Prix ? Deviendra-t-il l’homme qui a hissé pour la première fois Venturi au sommet du Rocher ? Contact !

Edoardo, deux semainesaprès une étape romaine qui ne vous a pas souri, êtes-vous content et impatient de redémarrer en Principauté sur les terres de Venturi ? Vous voulez que je vous dise la vérité ? Très honnêtement, l’E-Prix de Monaco, ce n’est jamais un vrai plaisir pour moi !


Pourquoi ?
Parce qu’il s’agit de la course à la maison.
Venturi roule à domicile. Donc on doit composer avec un surcroît de pression par rapport aux autres E-Prix où celle-ci s’avère déjà forte. Devant la famille, les amis, les partenaires, nous voulons aller haut. Normal. Je me rappelle que les deux dernières éditions ne se sont pas très bien passées pour moi. Mais samedi prochain sera un autre jour. En 2022, Venturi évolue dans une tout autre dynamique.


Le coup d’arrêt à Rome, vous le gardez encore en travers de la gorge aujourd’hui ?
Oui, clairement ! Ce week-end, j’ai du mal à le digérer. Ce fut très compliqué. D’abord parce que je l’ai abordé au sortir d’une séquence « Covid » assez pénible. Moi qui attache une énorme importance à la condition physique, là, je n’étais pas au top comme d’habitude. Je me sentais fatigué. En outre, le premier jour, on n’adopte pas la bonne stratégie pneus en qualifications.
Par conséquent, je pars en milieu de grille. Hélas, je provoque un accrochage au premier virage. Une faute qui me fait plonger au classement. Malgré tout, la voiture fonctionne bien et notre rythme nous permet de remonter de la 14e à la 7e place. Le lendemain, bis repetita en qualif’. Ensuite, on aurait pu accomplir le même genre de course, peut-être même viser le top 5. Mais cette fois, c’est un adversaire qui m’a foutu dans le mur. Abandon inévitable...

"Depuis mon arrivée, fin 2017, je vois ce team évoluer, grandir"


Et la perte du titre 2021 sans combattre lors de l’ultime course à Berlin, vous l’avez ruminée longtemps ?
Non, même si ce genre de frustration fait mal sur le coup. En Formule E, sitôt la saison terminée, on plonge direct dans la préparation de la suivante.Pas le temps de se lamenter. Et puis relativisons : dans notre malchance, il y a une part de chance. Si l’accident dont je suis victime au départ ôte toute probabilité de coiffer la couronne, je termine quand même vice-champion. Vu les écarts avant la finale décisive, ça aurait pu être pire. Plusieurs faits de course agissent en ma faveur. Sans cela, je peux finir 7e ou 8e du championnat. Donc j’ai accepté cette issue assez vite, en fin de compte. De toute façon, mieux valait tourner la page tout de suite plutôt que de ressasser des regrets inutilement.


L’écurie Venturi Racing a franchi un cap durant la saison 7. Comment expliquez-vous ce bond en avant dans la hiérarchie ?
Difficile de mettre en exergue tel ou tel facteur prépondérant. Depuis mon arrivée, fin 2017, je vois ce team évoluer, grandir. Chaque membre met du cœur à l’ouvrage. À tous les niveaux, ça bosse dur, croyez-moi. La récente courbe de progression, elle démontre que les efforts vont dans le bon sens. L’équipe récolte aujourd’hui les fruits de son travail. Personnellement, c’est une grande source de satisfaction.

"les teams, les pilotes me regardent d’un autre œil"

Edoardo Mortara : « Depuis mon arrivée, fin 2017, je vois le team Venturi Racing évoluer, grandir. Chaque membre met du cœur à l’ouvrage ». Venturi Racing.

La nomination au poste de team manager d’un ancien pilote de Formule E ayant participé aux six premières saisons, Jérôme d’Ambrosio, a-t-elle favorisé la montée en puissance ?
Bien sûr. À Monaco, Jérôme est présent chaque jour aux côtés des ingénieurs, des mécanos. En tant que Team Principal, désormais, il bat la mesure, comme un chef d’orchestre. Un rôle très important. Et il va sans dire que son énorme expérience de la discipline constitue un atout précieux. Toute l’équipe en profite depuis qu’il nous a rejoints durant l’intersaison 2020-2021.Hier, aujourd’hui et lors des années à venir.


Vous avez un nouveau statut au sein du paddock. Entamer la saison 8 dans la peau d’un prétendant au titre, ça change quoi ?
Ca change tout ! Ceux qui prétendent le contraire ont tort. Les résultats obtenus en 2021 attestent de notre potentiel. Je suis vice-champion du monde.
Donc, en face, les teams, les pilotes me regardent d’un autre œil. Et moi, je sais que je peux viser haut chaque week-end. Pareil pour l’équipe : chez Venturi, on ne démarre plus en espérant juste grappiller les points de la 8e ou 9e place. Tout le monde sait qu’on peut se battre contre les meilleurs, contre les grands constructeurs.

Est-ce que l’arrivée de Lucas di Grassi dans le garage voisin vous a donné un coup de boost supplémentaire, question motivation ?
Non, pas vraiment. Depuis mes débuts en monoplaces, j’ai l’habitude de côtoyer des coéquipiers très forts. Ce fut le cas notamment en DTM (le prestigieux championnat allemand des voitures de Tourisme où il a empilé une dizaine de victoires entre 2011 et 2018, ndlr). Moi, je me concentre sur mon job. Avec cette assurance que tous les pilotes professionnels ont. C’est-à-dire en sachant qu’il y aura un résultat positif si je bosse comme il faut avec le staff qui m’épaule. Peu importe qui se trouve dans le box d’à côté, pour tout dire.

"Je pense que Mercedes a envie de partir en beauté. Au sommet."

Partenaire de Venturi à qui il fournit son groupe motopropulseur depuis 2019, Mercedes débranchera la prise en fin d’année. Surpris ?
Ah oui ! Mercedes a montré un très haut niveau de compétitivité dès son arrivée en Formule E (2019). En 2021, ils décrochent les deux titres, pilotes et constructeurs. L’annonce de leur retrait au terme de la saison 8 tombe juste à ce moment-là. Je n’ai pas compris. C’est un avis personnel. Il n’engage que moi.


Craignez-vous que ce prochain départ ait des répercussions sur le niveau de performance de votre matériel lors des dernières échéances du calendrier 2022 ?
Je pense que Mercedes a envie de partir en beauté. Au sommet. Avec nos ingénieurs, on n’a constaté aucune différence. Même méthode, même rigueur, même investissement... L’aventure s’achèvera bientôt, certes, mais ils poussent toujours aussi fort.


C’est officiel depuis trois semaines : Venturi prolongera sa trajectoire avec Maserati. Quand on a des racines italiennes comme vous, ce mariage ne doit pas laisser insensible...
En effet ! J’apprécie surtout l’engouement qu’ils manifestent. Autant les départs successifs de BMW, Audi et Mercedes m’ont déçu, autant l’arrivée de Maserati me fait plaisir. Qu’une telle marque choisisse de relever le défi de la Formule E aujourd’hui, c’est un signe positif pour l’avenir.


A 35 ans, vous estimez qu’il vous reste combien de temps pour décrocher le titre FIA Formule E ?
Quand j’étais jeune pilote, je regardais les trentenaires en me posant pas mal de questions. Je les trouvais assez âgés pour exercer ce métier-là ! À présent, je mesure la chance qui est la mienne. Après autant d’années, je fais partie des vieux briscards compétitifs. Avec l’espoir que cette situation perdure un moment. En Formule E, l’expérience est un paramètre plus important qu’ailleurs. Souvent, très souvent, elle permet de faire la différence. Tant mieux pour moi !

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