"Je prends le train tous les jours, c'est un enfer. J'aimerais bien faire partie de ceux qui délaissent la SNCF. Hiver comme été, il n'y a aucun répit". Ludivine, Cannoise qui se rend souvent dans l'est des Alpes-Maritimes pour le travail, partage régulièrement sur Instagram des stories relatant ses galères de train. Parfois sur le ton de l'humour, parfois totalement excédée.
"On n'en peut plus! Aux heures d’affluence, c’est épouvantable: pas assez de places, pour trop d’usagers. Le matin comme le soir, il y a parfois plus de 30 minutes d’attente et de retard" décrit-elle à Nice-Matin.
Si elle n'a pas, pour le moment, renoncé à grimper dans un TER quasi quotidiennement, certains Azuréens ont eu moins de scrupules (ou la possibilité de le faire) et ont franchi le pas. Nicolas, Niçois de 50 ans qui a répondu à notre appel à témoins sur le sujet, dénonce un trop-plein de "retards, d'annulations, de grèves locales et nationales, de rames de train trop petites vu le nombre de personnes".
"Je dois être présent à 8h au travail, c'est un délai impossible à tenir... sauf à prendre le premier train de 5h30!" Le quinquagénaire est donc repassé à la voiture, "malheureusement". "Je suis seul à bord, c'est très pratique mais cher et pas écolo."
Même chose pour Ali, 39 ans, qui s'est rabattu sur la voiture individuelle pour se déplacer, à cause des "retards, des trains supprimés et du prix de l'abonnement".
"Une vraie catastrophe"
Luca, qui déplore "trop de retards" et la peur de "l'insécurité", a, lui, opté pour un scooter. Tout comme Romain, 35 ans, qui vit à Roquebrune-Cap-Martin. Il a lui aussi fini par acheter un deux-roues, après des années d'expériences décevantes sur les rails. "Je prenais le train il y a près de 10 ans pour aller travailler sur Monaco, c’était un carnage… Retards, trains supprimés, grèves, trains bondés, climatisation HS…"
"Les six années suivantes, je n’ai plus eu besoin de prendre le train. Puis je me suis retrouvé sans véhicule, à devoir le prendre à nouveau. Dès le premier jour, train supprimé!" Il craque. "J'ai donc pris la décision d'acheter un scooter."
Le Var n'est pas épargné par cette défection de la SNCF après un ras-le-bol. Lauryne, lycéenne de 16 ans habitant à Cuers, nous a également contactés. La jeune femme prend désormais le bus, selon elle plus fiable. "Entre les retards et les annulations, les TER, c'était une vraie catastrophe."
"Avec la pluie c’est encore pire, on est parfois obligé de télétravailler ou de poser des RTT en prévision des retards dus aux intempéries", conclut Ludivine, la Cannoise à deux doigts de jeter l'éponge. "La gestion des lignes est catastrophique. Il y a des usagers à bout de nerfs, qui finissent par se battre pour pouvoir rentrer sur les lignes."
Pour l'instant, elle n'a pas d'autre choix que celui de confier ses trajets à la SNCF. "Si j'avais le choix, je le ferais."
Trains régionaux: le service reste "dégradé", selon la Cour des comptes
Les TER offrent une qualité de service "dégradée", avec trop de retards et d'annulations, a déclaré fin septembre la Cour des comptes dans un rapport.
Les trains prévus ne se sont pas présentés à la gare une fois sur dix en 2019 et une fois sur vingt en 2023. Et le nombre de trains en retard de plus de cinq minutes a augmenté en 2023, atteignant 11,2%.
Selon la Cour, ces difficultés "exposent les voyageurs à des aléas excessifs et constituent un obstacle au développement de la fréquentation" de ces lignes locales.
Par ailleurs, les outils de mesure existants de SNCF-Voyageurs "ne sont pas satisfaisants, car ils ignorent les retards de moins de cinq minutes et ne sont pas construits du point de vue de l’usager".
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