Il est tout à fait normal d’avoir des bactéries dans notre organisme: notre microbiote, ou plutôt nos microbiotes, en comptent 40.000 milliards, ce qui correspond à peu près à 1 à 2 kilos de notre poids.
Dans l’intestin, la bouche, sur la peau ou les muqueuses génitales – ils sont indispensables au bon fonctionnement de notre organisme. "Plus le microbiote est riche, meilleure est notre santé", résume Sophie Schaeffer, micronutrionniste.
Le Sibo, c’est quoi?
Mais il arrive que des bactéries, normalement présentes dans le côlon, pullulent dans l’intestin grêle, provoquant de désagréables symptômes: c’est le "Sibo" (pour "Small Intestinal Bacterial Overgrowth", ou pullulation bactérienne surdimensionnée dans l’intestin grêle), une pathologie difficile à diagnostiquer, qui représente pourtant un enjeu de santé public. "Selon certaines études, 20% de la population mondiale serait concernée", pointe Sophie Schaeffer, avant de livrer quelques éléments pour mieux connaître cette pathologie et sa prise en charge.
Le Sibo se caractérise par un ensemble de symptômes plutôt digestifs: ballonnements, inconfort, troubles du transit (constipation, diarrhées ou alternance des deux), remontées acides, nausées, fatigue… "Pour différentes raisons, les bactéries présentes en très grand nombre dans le côlon remontent vers l’intestin grêle (1) où elles sont normalement peu nombreuses, entre 1.000 et 10.000 fois moins que dans le côlon."
Un diagnostic complexe
"Le diagnostic du Sibo n’est pas évident, poursuit la micronutrionniste, déjà parce qu’il ne faut pas le confondre avec un syndrome du côlon irritable, même si les deux peuvent coexister."
Les critères de diagnostic ne font pas l’objet d’un consensus médical. "Le diagnostic est soit clinique, soit réalisé à partir d’un test respiratoire: une bonne digestion produit certains gaz qu’on retrouve dans la respiration. On fait donc ingérer du glucose ou du lactulose au patient, et on le fait souffler pour tester ses gaz respiratoires, qui permettent une bonne cartographie des bactéries présentes dans l’intestin."
Une prise en charge intégrative
Le diagnostic établi, la prise en charge conventionnelle passe par un traitement antibiotique avec différents protocoles et un risque de résistance ou de récidive – sachant que les antibiotiques peuvent également être responsables d’un Sibo. "Ce n’est pas toujours efficace", note Sophie Schaeffer, qui plaide pour une approche plus intégrative, en quatre points.
"Le premier conseil, c’est d’opter pour une alimentation sans “Fodmap" (oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles), autrement dit sans aliments qui fermentent beaucoup, préconise-t-elle. Le blé (à cause de l’amidon), le lait (à cause du lactose) mais aussi les choux, l’ail ou l’oignon – de très bons aliments par ailleurs – sont à éliminer durant un certain temps, étant entendu que ce genre de diète est à éviter sans le suivi d’un médecin ou d’un professionnel averti. »
Deuxième arme contre le Sibo: la phytothérapie et l’aromathérapie, qui permettent de lutter contre les pathogènes. "Côté phyto, thym, allicine, berbérine sont de précieux alliés, ainsi que l’origan ou la cannelle en aromathérapie. Mais sans en abuser dans la durée: une dizaine de jours maximum."
Troisième axe dans cette prise en charge intégrative: "On soutient la digestion avec des enzymes digestives et des plantes cholagogues et cholérétiques [qui stimulent les fonctions hépatiques et biliaires, Ndlr]: artichauts, radis noir, chardon-marie."
Enfin, il convient dans le même temps de lutter contre la dysmotricité (paresse) de l’estomac avec l’aide de la gentiane, du gingembre et du safran.
Dans un second temps, réparer
Dans un second temps, il faudra aussi songer à réparer la paroi intestinale, car, souligne Sophie Schaeffer, "l’un des effets du Sibo est d’attaquer la perméabilité intestinale, ce qui est à l’origine de diverses pathologies telles que migraines, maladies systémiques, dépressions, douleurs articulaires, etc. La glutamine, le zinc et le curcuma sont indiqués à cette étape de la prise en charge."
"Ce n’est pas simple, reconnaît-elle, d’autant qu’avec le Sibo, souvent les patients souffrent également de candidoses."
1. Pour mémoire, l’intestin grêle est situé entre l’estomac et le côlon.
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