7 conseils d’un pédopsychiatre niçois pour repérer un mal-être de l’enfant et agir

Selon une étude inédite, révélée ce mardi, plus d’un enfant français sur 10 âgés de 6 à 11 ans souffrent d’au moins "un trouble probable de santé mentale". Troubles émotionnels, de l’opposition, de l’attention… Comment savoir quand le bien-être de notre enfant s'étiole? Quels sont les signes à guetter? Et comment agir pour l’aider? Le pédopsychiatre Arnaud Fernandez, responsable du Centre expert du psychotraumatisme du pôle pédiatrique Lenval, livre 7 précieux conseils pour faire face.

Aurélie Selvi - aselvi@nicematin.fr Publié le 25/06/2023 à 15:00, mis à jour le 18/09/2023 à 16:07
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Comment repérer le mal-être de l'enfant? Un pédopsychiatre conseille. Photo d'illustration Istock

Comment savoir, quand on est parent, si notre enfant est en souffrance psychologique? "Si rien ne sert de poser soi-même un diagnostic, des réflexes peuvent aider à détecter les choses", pose le pédopsychiatre Arnaud Fernandez, responsable du Centre expert du psychotraumatisme du pôle pédiatrique Lenval. Le praticien, qui œuvre au sein du Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du Pr. Askenazy, livre ses conseils.

#1 Se dire que ça n’arrive pas forcément qu’aux plus grands

"S’autoriser à se dire que son enfant peut ne pas aller bien, c’est déjà tendre l’oreille", pose d'abord le praticien niçois. Pour cela, encore faut-il faire voler une idée reçue en éclat, prévient-il. "Notre logiciel mental considère l'enfance comme la période de l'insouciance. Mais le mal-être n’est pas forcément l’apanage des adolescents ou des adultes", met en garde le professionnel afin d’éviter toute situation de déni.

#2 Instaurer un rituel de dialogue quotidien (même court)

Créer les conditions propices à la confidence réclame un peu de régularité, dixit le praticien niçois. "Pour qu’il parle, il faut avoir cette capacité à être suffisamment connecté avec son enfant", dit-il. Comment? "De nos jours, il est fréquent que les deux parents travaillent beaucoup. Mais l’idéal est de sanctuariser un temps disponible pour son enfant quand on rentre le soir. 10 minutes, 15 minutes, davantage, peu importe mais de qualité. Sans téléphone, seul à seul s’il y a une fratrie", détaille-t-il.

Quant au moment opportun et à la méthode à employer, "c’est à chacun d’entre nous de trouver le fonctionnement propice", juge le pédopsychiatre, qui déconseille toutefois formellement de passer en mode interrogatoire en questionnant de manière trop frontale l’enfant. "On peut ouvrir le dialogue pendant un jeu, se réserver un temps au moment du coucher, raconter chacun sa journée… Il faut y aller au feeling mais il ne doit pas y avoir de soir sans", conseille le praticien qui incite les parents à se faire confiance. "Ce sont eux qui connaissent le mieux leur enfant, il ne faut pas qu’ils oublient qu’ils sont la première ressource pour eux."

#3 Savoir repérer les signaux d'alerte

Des difficultés qui, soudainement, apparaissent à l’école, une anxiété à aller en classe, un enfant qui dort moins bien ou modifie son appétit, un comportement destructeur, irritable ou colérique, un enfant qui tourne le dos aux apprentissages ou aux activités qui lui font d’habitude plaisir… "Il existe tout un faisceau de petits indices pour repérer le mal-être d’un enfant, dixit Arnaud Fernandez. Mais attention, toutefois, à ne pas être trop normatif: un trouble de l’apprentissage ne veut pas forcément dire que votre enfant présente un trouble émotionnel, de l'inattention ou de l'hyperactivité. L’idée n’est pas de poser un diagnostic en tant que parent mais de repérer."

#4 Faire de petits réajustements à la maison

"De nombreux troubles sont transitoires et peuvent se régler en rétablissant un peu d’unité familiale", tempère Arnaud Fernandez. Cela peut passer par réajuster l’alimentation de son enfant ou être vigilant à ses besoins en sommeil qui, s’ils ne sont pas satisfaits, peuvent être source de troubles de l’attention voire même de dépression. "Plus que le nombre d’heures de sommeil, c’est la qualité de celui-ci qui prime, explique le praticien. Il existe des courts et des longs dormeurs. Un enfant qui a récupéré est dynamique, volontaire dans la journée." Pour faire un point sur les besoins réels de son enfant en la matière, Arnaud Fernandez conseille aux parents de consulter les ressources du Réseau morphée.

A la maison, le réajustement peut aussi se situer du côté de l’activité que vous proposez à votre enfant. "L’idée n’est pas de le pousser à faire un milliard de choses mais qu’il participe, qu’il s'implique que ce soit dans un jeu de 7 familles comme dans une sortie vélo."

Quant aux écrans, le pédopsychiatre niçois conseille de ne pas en faire LE nœud unique des relations familiales. "En consultation, je constate une surréaction par rapport aux écrans, qui sont totalement diabolisés. L’idéal est de proposer une alternative séduisante pour les enfants, sans être uniquement dans la restriction. Si on n’y arrive pas, s’assoir avec son enfant pour partager ce moment, le questionner sur ce qu’il a vu, le pousser à reformuler l’histoire, c’est bien aussi", selon ce spécialiste qui trace toutefois une ligne rouge. "Il y a une chose à bannir: c’est le scroll sur le téléphone devant des vidéos courtes qui ne racontent rien. Cela m’inquiète bien plus qu’un enfant qui passerait 4 heures devant un film avec une vraie narration, une morale, un imaginaire développé", met-il en garde.

#5 Favoriser le réseau amical de votre enfant

"Entre la maternelle et le CM2, on a souvent tendance à se dire que les enfants retrouvent des amis facilement, que ça ne compte pas vraiment. C’est faux, les relations amicales sont un cercle fondateur pour son équilibre", détaille le pédopsychiatre niçois. Favoriser le réseau amical de l’enfant, s’y intéresser, le prendre en compte est donc une ressource importante pour son bien-être, dixit Arnaud Fernandez. "Il faut lui montrer qu’on peut être soutien du développement de ses relations, en étant bienveillant avec ses amis ou bien en les critiquant quand nécessaire sans être disqualifiant, en amenant son enfant sur la bonne direction."

#6 Ne pas s’oublier dans son rôle de parent

Attention à ne pas se mettre soi-même au second plan pour ne s’intéresser qu’à la santé mentale de son enfant, prévient Arnaud Fernandez. "Il est indispensable de se déculpabiliser: un parent a le droit d’avoir besoin de faire du sport, de sortir voir ses amis, de consulter. Pour faire face à un enfant qui ne va pas bien et l’aider, il est nécessaire d’aller bien soi-même", prévient-il.

#7 En parler autour de soi et consulter

"Quand les petits ajustements ne permettent pas la résolution du trouble de l’enfant, c’est le moment de faire confiance à son instinct et d’aller consulter un professionnel", pose Arnaud Fernandez, qui tient à rassurer. "Dans la majeure partie des cas, les soins sont psychothérapiques. Le recours aux médicaments est limité, même s’il peut s’avérer utile pour les troubles persistants d'inattention et/ou d'hyperactivité [TDAH] notamment."

Pour trouver un professionnel, l’école peut être un point de départ. "Solliciter les psychologues scolaires peut être tout à fait pertinent. Ces professionnels sont aussi en capacité d’adresser la famille vers un centre médico-psychologique, ce qui peut aider à avoir un créneau de consultation anticipé. En libéral, les psychologues peuvent également faire des bilans. Et si la situation est trop impérieuse, que l’inquiète monte, les urgences sont évidemment là pour ça."

Pour obtenir l'adresse d’un centre médico-psychologique près de chez soi, contacter le pôle pédiatrique Lenval au 04 92 03 03 92.

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