"Le sentiment d’être pris pour un pigeon": sur les plages azuréennes, des notes salées qui mettent en colère touristes et habitants

Avec l’affluence estivale, touristes et Azuréens sont de plus en plus nombreux à se plaindre de tarifs qui frôlent parfois l’indécence, surtout quand l’information manque à l’évidence de clarté.

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Joëlle Deviras Publié le 19/08/2023 à 07:00, mis à jour le 19/08/2023 à 07:28
La plage la plus chère du monde est-elle chez nous? Ce plagiste fait preuve d’humour plus que de cynisme. Photo J. D.

"Quand vous commander un plat au restaurant, est-ce que vous payez pour utiliser l’assiette, le couteau, la fourchette et la chaise sur laquelle vous êtes installé? Eh bien, c’est comme cela que ça se passe avec les transats sur les plages privées!" Lou, Parisienne, est en colère. Elle aimerait bien passer des vacances sur la Côte d’Azur sans être obligée de traquer tous "les pièges" qui font grimper son addition autant que le mercure les jours de canicule.

Première expérience à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Lou la sélectionne sur epaillotte.com qui fait référence en matière de référencement d’établissements de plage. Elle téléphone et vérifie que le tarif du matelas est bien celui indiqué sur le site internet. Tout semble correct. Mais… C’était sans savoir que les locations de la serviette et du parasol étaient en plus. Résultat: avant même de s’allonger pour bronzer, c’est déjà 30% de plus que prévu. Et le prix des consommations ne la consolera pas. Les informations ne sont pas mensongères, mais parcellaires. Et au moment de l’addition, c’est "le sentiment d’être pris pour un pigeon".

Ailleurs, dans le Vieux-Nice, un soir de canicule, on ne sert pas de carafe d'eau alors que des cocktails ont été commandés… La réponse du serveur: "On n’en a plus. Il faut acheter une bouteille." Ailleurs encore, à Eze, on vous sert un cocktail qui se transformera vite en eau du robinet aromatisée tant les glaçons sont nombreux.

Des petites déconvenues comme celles-là sont légion sur la Côte d’Azur. Les Azuréens, plus encore que les touristes, ont tous leurs coûteuses mésaventures qu’ils racontent entre amis ou sur les réseaux sociaux sur lesquels les avis déplorables fleurissent.

4 plages sur 34 avec le label "Qualité tourisme"

Pourtant, des initiatives sont prises au niveau de l’État pour que le service réponde aux attentes des clients. C’est le cas avec Qualité Tourisme qui est "la seule marque d’État attribuée aux professionnels du tourisme pour la qualité de leur accueil et de leurs prestations", pour reprendre les termes du site internet du ministère de l’Économie.

Mais seulement quatre restaurants de plage sont référencés " Qualité Tourisme " - Beau rivage, Opéra Plage et Le Temps d’un été à Nice, ainsi que le Baia Bella à Beaulieu - sur un total de 34 dénombrés sur la Métropole Nice côte d’Azur.

Toutefois, une dizaine de plagistes seraient en cours de labellisation, insiste Audrey Bianchi, chargée de développement tourisme à la CCI Nice Côte d'Azur. "Cette année, vraiment, je vois la différence avec des professionnels qui montrent un vrai engagement, notamment à Nice et Beaulieu. Ils doivent répondre à 80% des critères retenus, sont audités par un cabinet indépendant qui joue le “client mystère" et rédige un rapport. À l’issue de ce process parfois un peu long, la marque est donnée pour 5 ans. Il faut que tous les acteurs du secteur prennent conscience qu’ils contribuent à l’attractivité de la destination. "

285 euros les deux planches et deux bouteilles de rosé à payer en cash 

Or, c’est précisément dans un de ces établissements labellisés qu’un de nos lecteurs nous raconte sa mésaventure lors d’une soirée, gérée par un opérateur privé, chez un plagiste en juillet. Il commande deux planches de charcuteries sans avoir obtenu ni carte ni tarif.

Au moment de payer l'addition, le serveur annonce 285 euros pour deux bouteilles de rosé et les deux planches. Après réclamation, ce sera finalement 165 euros "à payer en liquide au motif que le terminal des cartes bancaires était en panne".

Et pourtant, malgré tout, la Côte d’Azur continue à faire rêver. À croire que les atouts de la région l’emportent haut la main sur les déconvenues de l’été.

Questions à Anne-Hélène Mazzoni, directrice de l’animation touristique de Roquebrune-Cap-Martin: "On prend les touristes pour des vaches à lait"

Avez-vous eu des remontées de touristes ou locaux qui se plaignent d’abus sur les plages privées et restaurants de bord de mer ?

Dans les restaurants, on dépense aujourd’hui pour une personne ce que l’on dépensait à deux il y a quelques années. Les plages privées ont toujours été chères : c’est une caractéristique de notre destination. Mais là, parfois, on prend clairement les touristes pour des vaches à lait. Si encore on était correctement accueilli… Moi-même, je ne tente pas des expériences de touristes.

Aucun moyen de mettre en place un « code de bonne conduite » ?

C’est un combat de longue date et un travail très laborieux. Dans ces métiers, il y a beaucoup de turnover. C’est décourageant. Certains ont le sentiment d’être sur la Côte d’Azur et que ça suffit pour remplir le tiroir-caisse.

Les clients se plaignent de ne pas être clairement informés et de découvrir la « douloureuse » au moment de l’addition…

C’est un problème de lisibilité de l’offre. Et c’est fait sciemment. L’intérêt est à très court terme. Pour les locaux, ce n’est pas agréable non plus.

Échangez-vous avec les commerçants pour éviter les mécontents ?

Avec certains oui. Mais les échanges sont avec ceux qui n’ont pas de problèmes.

Les avis des consommateurs publiés sur internet vous encouragent-ils à entreprendre des démarches ?

Ça fait mal forcément. Mais c’est normal que les gens s’expriment. Certains établissements ne sont pas du tout constants. Les avis sont significatifs. À force de dire que tout va bien, tout le monde finit par y croire. Alors que ce n’est pas du tout la réalité. Toutefois, il y a du professionnalisme chez certains, heureusement.

Propos recueillis par J.D.

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