Reconnaissance de l’État palestinien par la France: pourquoi ce geste change (peut-être) la donne

En décidant de reconnaître l’État de Palestine à l’ONU en septembre 2025, la France rompt avec 35 ans de prudence diplomatique et espère relancer la solution à deux États. Un pari audacieux qui renforce la légitimité palestinienne, accroît la pression sur Israël et pourrait entraîner d’autres Européens dans son sillage.

Sylvain Mustapic Publié le 25/07/2025 à 12:30, mis à jour le 25/07/2025 à 12:30

C’est une annonce qui fera date. Le 24 juillet 2025, Emmanuel Macron a pris tout le monde de vitesse en annonçant que la France reconnaîtra l’État de Palestine lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies, en septembre à New York.

Un geste fort, hautement politique, que Paris n’avait jamais osé franchir en près de 35 ans de soutien verbal à la solution à deux États.

Cette décision, qui propulse la France parmi les poids lourds européens ayant franchi le pas, pourrait-elle rebattre les cartes au Proche-Orient? Explications.

Un geste politique majeur

C’est une première pour un membre du G7. En reconnaissant un État de Palestine, la France rompt avec sa prudente tradition diplomatique. Jusqu’ici, elle jugeait une telle décision prématurée sans avancée sur le terrain. Mais le contexte a changé.

Plus de 140 pays ont déjà reconnu la Palestine, dont plusieurs Européens récemment (Espagne, Norvège, Irlande, Slovénie). Paris, jusque-là attentiste, choisit désormais d’agir et non plus simplement de soutenir .

En ligne de mire: une conférence internationale à New York, qu’elle coprésidera les 28 et 29 juillet prochain avec l’Arabie saoudite pour tenter de relancer le processus de paix.

Une réponse à une impasse

La guerre à Gaza s’enlise, les morts civils se comptent par dizaines de milliers, la colonisation en Cisjordanie atteint des sommets, et les négociations sont dans l’impasse. La dernière tentative de cessez-le-feu à Doha a échoué.

C’est dans ce contexte que Mahmoud Abbas a adressé à la France, dans une lettre datée du 9 juin 2025, plusieurs engagements écrits, parmi lesquels la démilitarisation de Gaza et l’organisation d’élections en 2026.

S’ils ne constituent pas une reconnaissance formelle d’Israël par l’Autorité palestinienne, ces engagements en esquissent les contours.

Emmanuel Macron y voit une occasion à saisir : " Il faut enfin bâtir l’État de Palestine, assurer sa viabilité et permettre qu’en acceptant sa démilitarisation et en reconnaissant pleinement Israël, il participe à la sécurité de tous au Proche-Orient". 

Pour Emmanuel Macron, cette reconnaissance vise à "sauver la solution à deux États" avant qu’elle ne s’évanouisse définitivement. Un levier diplomatique, à activer tant qu’une fenêtre de possibilité subsiste.

Voix renforcée pour les Palestiniens, pression sur Israël

Concrètement, cette reconnaissance ne modifie pas la situation sur le terrain, mais elle renforce la légitimité de la Palestine sur la scène internationale… et pourrait inciter d’autres pays encore hésitants à franchir le pas.

La réaction israélienne a été immédiate: “récompense à la terreur”, a dénoncé le gouvernement. Mais pour la France, ce geste est au contraire une façon de marginaliser le Hamas, ennemi déclaré de la solution à deux États. " La France donne raison au camp de la paix ", a affirmé le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

Cette initiative pourrait avoir un effet domino. Si Berlin reste réticente, d'autres capitales - Lisbonne, Bruxelles, Luxembourg - pourraient suivre.

En 2014, plusieurs parlements européens avaient déjà voté pour, sans passage à l’acte gouvernemental. La France pourrait débloquer ce verrou diplomatique.

Un pari risqué

Cette décision n’est pas sans conséquences. Elle pourrait tendre davantage les relations franco-israéliennes et affaiblir la position de médiateur de Paris. Elle repose aussi sur un pari: que l’Autorité palestinienne tienne ses promesses.

Mais pour Emmanuel Macron, c’est maintenant ou jamais. Il acte ainsi un basculement historique de la diplomatie française, qui, sans renier son soutien à Israël, prend clairement position pour une reconnaissance pleine et entière de la Palestine.

Une rupture assumée avec la posture d’équidistance qui prévalait depuis des décennies. Un choix qui, s’il ne change pas encore le terrain, pourrait bien rebattre les cartes du jeu diplomatique.

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