Les Américains de Monaco entre le choc et la joie après l’élection de Donald Trump

À Monaco, Kamala Harris a gagné! La candidate démocrate a obtenu 62% des suffrages d’une élection factice organisée mardi soir par l’association Monaco USA qui a fait voter 180 de ses membres lors de son Election night à La Rascasse. Montrant que la diaspora yankee de la Principauté, penche plutôt pour le camp démocrate depuis l’Europe. La réalité n’était pas la même au réveil. Et c’est à l’ancien Stars’N’Bars, devenu Marius sur le quai Antoine-I^er, que les Américains de la Principauté se sont retrouvés aux premières heures pour assister au discours de Donald Trump revendiquant sa victoire, ne laissant plus de place au doute. Face à l’écran de télévision diffusant live sur la BBC et les images du camp républicain célébrant son retour gagnant, la poignée de citoyens américains présente ne partageait pas le même menu: café de la victoire pour certains; soupe à la grimace pour beaucoup d’autres.

"Un pays fort a besoin d’un leader fort"

Tasse à la main, Alejandra Ruiz Ovadia se demande comment se sentent les supporters d’Harris. "C’est une bonne personne, mais elle n’avait âs les qualifications, elle a été jetée dans la course à la présidentielle comme ça." Elle qui réside depuis seize ans en Principauté, a choisi le bulletin Trump. "Un pays aussi fort que le nôtre a besoin d’un leader fort. Il est celui qui aime le plus l’Amérique, il l’a dans son cœur. Il peut dire des choses débiles parfois mais tous les hommes disent des choses débiles. Je sais qu’il est qualifié, qu’il est pour l’égalité, qu’il n’est pas stupide. Je l’ai rencontré plusieurs fois car je suis amie avec son ex-femme, Marla Maples. Nous avons besoin d’un président qui est respecté, sinon c’est un désastre pour le pays. Je suis d’ailleurs convaincue que Poutine n’aurait jamais envahi l’Ukraine si Trump avait été président en 2022, car il le respecte."

"Je pense que Trump va sauver l’Amérique"

Dans le décor feutré du restaurant, Merrily Lustig Tornatore, fait grise mine malgré les couleurs sur son tee-shirt Harris. "Je ne comprends pas les gens qui pensent différemment, et je suis aussi effrayée par les propos de JD Vance", le co-lisiter de Donald Trump appelé à être vice-président. L’Américaine qui vit à Monaco depuis quarante ans veut garder une ligne optimiste sur son pays natal, "qui n’est pas que ce que la politique en fait. Nous sommes aussi joyeux, nous avons un grand sens de l’humour et on peut s’entendre que l’on soit d’un bord ou de l’autre."

Et pour la peine, Merrily prend la pose pour une photo souvenir avec Pamela, venue elle aussi participer au petit-déjeuner post-election avec sa panoplie façon fan-club: tee-shirt floqué au nom du milliardaire new yorkais et casquette rouge avec slogan Make America great again. Trumpiste assurée et rayonnante! "C’est mieux que n’importe quel film. Il dit qu’il va sauver l’Amérique et je pense que c’est ce qu’il va faire. Les frontières ouvertes, l’inflation, les guerres, les changements de sexe. C’est trop! Ils ont essayé de nous faire accepter des choses qui ne me semblent pas normales. On ne peut pas dire aux gens qu’un homme peut être une femme, qu’il n’y a pas de problème avec l’immigration, qu’on donne tout cet argent à l’Ukraine sans contrepartie. Si vous regardez un meeting de Trump, il y a des noirs, des blancs, des gays, des grands-mères, des petits-enfants, des hispaniques… La première et la plus importante des choses est que nous sommes tous Américains, tous patriotes."

Et Pamela juge sévèrement les démocrates qui, selon elle, n’ont agi "qu’avec leur haine" contre Donald Trump. "Ils auraient pu designer un sandwich pour candidat, ils auraient voté pour le sandwich tellement ils détestent Trump. Ils ont tout essayé pour l’écarter de cette élection, mais l’esprit Américain était trop fort."

"Je ne comprends pas mon pays"

Voir les pro-Trump se congratuler, voilà une réjouissance à laquelle ne goûte guère Lisa DeRea Frederiksen, résidente en Principauté depuis 25 ans, membre du bureau de l’association Monaco USA, qui s’est dite "déçue et effrayée" en découvrant les résultats. "Je ne comprends pas mon pays. J’y étais encore la semaine dernière, je paye mes impôts aux États-Unis. J’ai voté en Floride et je suis choquée qu’ils aient voté pour un criminel condamné. Je ne m’attendais pas à ça. Trump parle de ce qu’il va faire aux gens, alors qu’Harris parlait de ce qu’elle allait faire pour les gens."

La candidate démocrate n’a-t-elle pas eu le temps, selon elle, après la résignation de Joe Biden, de faire une campagne digne de ce nom? "Je ne pense que ça a été le problème non. Il y a eu des moments fantastiques dans cette campagne, elle a été dans une bonne démarche. Elle a montré qu’elle était intelligente, construite, honnête face à un candidat corrompu, adultère, un homme mauvais. Et les Américains ont voté pour ça! Peut-être parce qu’il pense qu’il va baisser le prix de la nourriture? Ils ne se sont pas intéressés à son caractère et à son honnêteté. Et ça, c’est triste."