"Une mutation vers un espace plus qualitatif qui répond mieux aux besoins du quartier": Monaco lance une réflexion urbanistique pour redessiner le visage de la Condamine

Une réflexion est menée par la Direction de la Prospective de l’Urbanisme et de la Mobilité pour, progressivement, redessiner ce quartier historique de la Principauté pour les années à venir.

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Yannis Dakik Publié le 07/08/2024 à 08:01, mis à jour le 07/08/2024 à 10:02
Le quartier de la Condamine fait l’objet d’une réflexion qui pourrait changer une partie de son visage dans les années à venir. (Photo Cyril Dodergny)

Ce n’est qu’au stade de la réflexion. Mais le quartier de la Condamine est au centre de l’attention des équipes de la Direction de la Prospective de l’Urbanisme et de la Mobilité (DPUM), dirigées par Pascal Rouanet. Objectif: améliorer l’expérience de ceux qui fréquentent ce quartier historique de la Principauté et, par la même occasion, redessiner une partie de son visage. "C’est une réflexion urbanistique, programmatique et architecturale, détaille Pascal Rouanet. On l’a démarrée parce qu’on a constaté que le quartier est divisé en plusieurs îlots et qu’il a plusieurs atmosphères. Certaines parties méritent d’être pérennisées car elles ont un caractère traditionnel. D’autres ont souffert de l’urbanisme moderne et méritent mieux aujourd’hui. L’idée est de voir, grâce à certains intérêts fonciers qui sont évidemment très présents à Monaco, si cette zone peut être transformée en une opportunité pour à la fois faire travailler le privé et en même temps accompagner une mutation vers un espace plus qualitatif qui répond mieux aux besoins du quartier." Comprendre profiter de l’intérêt des investisseurs privés qui sont nombreux en Principauté pour faire évoluer la Condamine selon des modalités fixées par l’état.

Le nord plus concerné

Décomposé en plusieurs zones, le quartier peut compter sur plusieurs îlots dont celui qui se trouve à l’ouest, comprenant la rue princesse Caroline, qui est "un îlot commercial, dynamique mais qui conserve l’architecture de la Condamine tel qu’il a été pensé dans le temps avec des villas et jardins", rappelle Pascal Rouanet. Qui poursuit: "Côté nord, on a une vocation plutôt de bureaux et d’équipements qui mérite une réflexion. C’est la raison pour laquelle on s’est lancé dans cette réflexion: dessiner une trame urbaine qui permettra d’accompagner les futurs projets qui pourraient arriver dans cette zone."

Une réflexion en trois temps

Conduite en interne avec l’aide d’un prestataire, cette réflexion est menée en trois étapes. "La première est un diagnostic. On fait un état des lieux et on constate les forces du quartier. Ici c’est sa localisation, parce que c’est un quartier central qui fait le lien avec d’autres quartiers de Monaco. C’est aussi un quartier qui a une identité propre qu’on souhaite conserver." Cette phase de diagnostic permet d’identifier la vocation de la zone et comment elle interagit avec ce qui l’entoure.

Puis, la deuxième étape consistera à répertorier ce qui sera intégré dans le quartier. "On va élaborer des scénarios d’évolution pour envisager ce qu’on veut y mettre : est-ce qu’on veut mettre des équipements publics, du logement, des bureaux… Tout en sachant qu’il faut prendre en compte ce qu’il y a déjà dans le quartier. Il faut également garder à l’esprit la volumétrie: c’est-à-dire qu’avec ce qu’on veut y mettre, dans quoi peut-on le caser?"

Enfin, et c’est l’un des volets les plus importants de cette réflexion, la DPUM met un accent particulier sur la mobilité et l’adaptation au changement climatique. "La Condamine fait le lien avec d’autres quartiers et accueille beaucoup de véhicules, donc on réfléchit à comment la faire évoluer de manière plus intelligente et plus moderne. Pour l’aspect climatique, il faut prendre en compte les îlots de chaleur, l’ensoleillement, l’orientation des bâtiments, la végétalisation dans la mesure du possible et c’est essentiel."

Vers une nouvelle réglementation

Au terme de ces étapes et après un arbitrage rendu par les décideurs, une proposition de réglementation doit aboutir. Celle-ci viendra guider les futurs opérateurs privés et publics qui viendront construire à la Condamine. "Ils devront respecter la réglementation qui a été dictée après cette réflexion. L’emprise [la zone constructible au sol, N.D.L.R.] sera définie par l’ordonnance d’un plan de masse qui sortira. Les promoteurs ne pourront pas sortir de ces gabarits."

Ainsi, la DPUM peut établir une liste de desiderata à laquelle les futurs promoteurs notamment devront se plier. "Par exemple, on peut dire dans tel quartier qu’on veut des bureaux à tel endroit, avec au rez-de-chaussée des commerces, à côté un immeuble avec des équipements publics. Devant, plutôt que des places de stationnement, on voudrait une piste cyclable, un linéaire d’arbres, une seule voie de voitures."

Autant de volontés qui se réaliseront au fil des années et des projets portés par des investisseurs privés. "On donne un cadre et un schéma réglementaire qui vivra sa vie en fonction des opérations. Si demain un opérateur veut faire quelque chose à la Condamine, il devra sortir le plan et voir ce qu’on l’autorise à faire à l’endroit où il veut porter son projet. Par exemple, là je ne peux pas aller plus haut, là je dois avoir un retrait par rapport à la rue pour préserver la percée du soleil etc."

la Direction de la Prospective, de l'Urbanisme et de la Mobilité souhaite conserver l'identité du quartier. (Photo Jean-François Ottonello).

Un quartier figé

Si à ce jour, aucun projet ni aucune réglementation découlant de cette réflexion n’ont encore vu le jour, la Condamine fait partie des deux quartiers de la Principauté dits "réservés". C’est-à-dire que tout ce qui est fait en son sein doit préserver l’identité du quartier.

"On dit de ces quartiers qu’ils sont ordonnancés, dans le sens où ils ont des plans de coordination qui dessinent ce qui peut être fait à tel ou tel endroit", explique Pascal Rouanet.

Parallèlement, pour que cette réflexion soit menée dans le temps, le quartier a été "figé". "On l’a désigné comme "secteur à l’étude" pour ne pas qu’il y ait d’opérations immobilières qui sortent. Cela permet de ne pas avoir de projet qui se lance alors qu’on a initié cette réflexion. Ce qu’on veut éviter c’est qu’une construction hypothèque ensuite toute évolution future du quartier."

Et si démolition il y a, tout immeuble devra être reconstruit à l’identique.

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