Dépôts grisâtres de plomb et d'arsenic, avec vue mer... Contaminées par l'industrie pendant deux siècles, des Calanques de Marseille bientôt dépolluées

Dès ce mois de septembre 2025, des opérations de dépollution ont débuté dans le parc national des Calanques, à Marseille et alentours. Objectif: tenter d'en finir avec deux siècles de contamination des sols par des activités industrielles.

AFP Publié le 18/09/2025 à 08:30, mis à jour le 18/09/2025 à 08:30
Parc naturel aux paysages à couper le souffle, les Calanques, à Marseille et alentours, ont subi deux siècles de pollution industrielle. Photo PQR

Dans le parc national des Calanques, espace protégé qui commence dans Marseille, d'importants travaux sous haute surveillance ont commencé début septembre 2025 afin de dépolluer le littoral sud de la deuxième ville de France, contaminé pendant deux siècles par des activités industrielles.

Les dépôts grisâtres qui s'étalent sur plusieurs dizaines de mètres détonnent dans ce paysage idyllique de roches calcaires bordées par les eaux turquoise de la Méditerranée.

Ces "scories" sont les "résidus de production d'anciennes usines, utilisés comme remblais pour la création de routes et de parkings", explique Mélody Gros, cheffe de projets Sites et Sols pollués à l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), l'organisme mandaté par l'Etat pour réaliser l'opération.

Sur une colline surplombant le village de pêcheurs des Goudes, haut lieu du tourisme instagrammable marseillais, pelleteuses et autres engins de chantier s'activent pour aménager la base principale des ouvriers durant les prochains mois.

Un enjeu de "santé publique"

"Ce chantier répond à un objectif de santé publique", affirme Mme Gros. Les scories, présentes sur une surface totale de 29 hectares, sont chargées en métaux comme le plomb ou l'arsenic, qui contaminent les sols et la mer et sont néfastes pour la santé humaine.

L'Etat, condamné fin 2024 à dépolluer la zone, s'apprête donc à "mettre en sécurité", selon les termes de l'Ademe et de la préfecture des Bouches-du-Rhône, 20 dépôts de scories considérés comme "prioritaires au regard de leur potentiel de contamination du milieu et des personnes".

Pourtant, le tribunal administratif de Marseille évoquait dans son jugement la présence de 77 dépôts. Mais Mme Gros assure que l'Ademe "n'aurait pas la capacité de retraiter la totalité".

Le chantier, qui s'étalera sur deux périodes de sept mois jusqu'en 2027, coûtera au total 14 millions d'euros, financés pour moitié par l'Etat, le reste par le département des Bouches-du-Rhône, la ville de Marseille et la métropole Aix-Marseille.

Les riverains inquiets

Dans un premier temps, 2.500 tonnes de gravats seront traités d'ici mars 2026. Une partie sera envoyée par camions vers un site de stockage de déchets dangereux dans le Gard, l'autre confinée sur place dans des membranes étanches, surmontées d'un nouvel habillage paysager.

Malgré les nombreuses précautions prises pour éviter toute dispersion dans l'environnement, comme la construction de barrières ou la pose de grands sacs pour retenir les polluants, les responsables de l'opération peinent à rassurer complètement les riverains.

L'installation d'une tente de confinement de 250 mètres carrés sur la base principale du chantier, juste au-dessus des Goudes, inquiète particulièrement les 500 habitants permanents. Car après avoir retiré les scories avec des aspiratrices, elles seront déchargées par camions dans des bennes placées dans la tente avant leur transfert dans le Gard.

"On aurait pu éviter certains risques inutiles"

Romain Garoute, président du Comité d'intérêt de quartier (CIQ), regrette le choix de ce lieu pour le stockage temporaire des scories, qu'il aurait préféré voir sur un autre site "plus à l'abri du vent". "On aurait pu éviter certains risques inutiles", estime-t-il, bien qu'il se dise "rassuré par la méthodologie" présentée par l'Ademe.

Les associations environnementales ont elles aussi suivi avec attention la préparation du chantier et, tout en reconnaissant le "travail remarquable" de l'agence, émettent quelques réserves.

Plusieurs appareils mesurant en continu la qualité de l'air ont été installés sur le littoral et deux seuils - "vigilance" et "alerte" - déterminés. En cas de dépassement, des mesures pouvant aller jusqu'à l'arrêt temporaire du chantier seront prises.

Mais cela reste insuffisant pour Rolland Dadena, président de l'Association Santé Littoral Sud, qui a demandé au préfet "d'activer un plan de veille sanitaire" pendant toute la durée du chantier.

Il s'inquiète que le "risque sanitaire" déjà existant soit "décuplé" lors de la manipulation de matières toxiques très friables.

Ce serait "impensable" que les travaux "entraînent une surpollution pour la population", insiste-t-il, observant le paysage côtier noirci par les scories.

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