Comme un sketch. Dès l’apparition de Bruno Oger, double chef étoilé de la Villa Archange au Cannet, Michel Boujenah n’a pu s’empêcher de lui réclamer sa recette de poulet rôti, de la comparer à celle "qui fut catastrophique" d’un ami, pour une pure scène de comédie.
Invité des déjeuners Cannes radio/Nice-Matin, le comédien était pourtant là pour évoquer le premier Festival Les remparts du rire à Saint Paul de Vence, qui mêle stand-up et théâtre du 12 au 14 septembre sur la place de la Courtine (programme complet sur www.lesrempartsdurire.fr). Mais avec lui, même sans se prendre pour le Nombril du monde (N.D.L.R.: film qui lui a valu une nomination au César de meilleur acteur pour un rôle dramatique), la conversation dévie toujours sur les mille et une péripéties de sa vie. Sur terre à son domicile de Saint-Paul de Vence où il "nettoie les volets", sur mer au gré de ses pêches infructueuses en bateau, mais aussi sur scène pour la tournée d’Adieu les Magnifiques jusqu’en Novembre.
Le plus grand projet de sa vie
Un titre néanmoins trompeur. Car le natif de Tunis a bien décidé d’immortaliser les aventures de Maxo, Julot, Guigui ou l’inénarrable Simone Boutboul sur le grand écran, pour son quatrième film de réalisateur.
"C’est le plus grand projet de ma vie, affirme-t-il avec une rare solennité. J’ai déjà écrit les deux tiers du scénario et le casting n’est pas encore fixé même s’il y aura sans doute un acteur italien pour incarner l’un des trois juifs tunisiens, mais ce n’est plus un fantasme, ça devient réel."
Le metteur en scène prévoit de démarrer le tournage de ce long-métrage sur la Côte d’Azur en septembre 2026. Principalement à Nice (notamment avec un dîner pique-nique sur la Promenade des Anglais pour scène d’ouverture) mais aussi à Antibes "où je ferai couler un bateau dans le port". Sans oublier l’arrière-pays pour des "scènes de neige, mais je vais sans doute me faire attaquer par les stations car on n’y verra aucun skieur, que des brancards et des civières avec un personnage qui dit: y a pas un truc plus con que le ski! ", se marre déjà le trublion. Avec Les Magnifiques, Michel excelle à mêler rire et émotions au travers de cette galerie d’antihéros truculents, qu’il a tous interprété au théâtre avec ses bretelles, son couvre-chef et sa chemise rouge.
Un "multirôle culte"!
Jouera, jouera pas?...
"La production voudrait d’ailleurs que je joue dans le film, mais ça me ferait bizarre car sur les Magnifiques, je suis tout, et quand on est metteur en scène, on peut-être tout, hésite l’acteur césarisé jadis pour Trois hommes et un couffin. Mais ce film va surtout me permettre de rendre vivant toutes ces choses que j’avais en tête. Voir Guigui s’incarner et parler sera très émouvant."
L’histoire? "La confrontation entre trois vieux qui ont peur d’être oubliés (N.D.L.R.: et feront maladroitement tout pour ne pas l’être!) et une jeunesse paumée. J’espère que ce sera très drôle, et en même temps, je parle de la désespérance commune à deux générations."
Si son fils Joseph ne sera pas de la partie ("Il ne se sent pas encore prêt pour un projet aussi énorme") car il a fait appel Guillaume Schiffman, chef opérateur de The Artist, cette aventure cinématographique n’en sera pas moins intime pour Michel Boujenah. Qui fait à la fois écho à ses racines et à sa carrière d’artiste.
"Ce projet va littéralement me libérer car je sais que ce sont des personnages qui meurent si je ne continue pas de les jouer. J’ai toujours fait des versions différentes du spectacle pour cela, mais réaliser un film sur Les Magnifiques, c’est leur donner une éternité."
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