Précipitations records, nuit tropicale et fortes chaleurs pendant le printemps... À quoi peut-on s'attendre cet été sur la Côte d'Azur et dans le Var?
Du 1er mars au 31 mai, le pays a connu le troisième printemps le plus chaud de l’histoire. Pas dans le Var qui a enregistré des précipitations records.
La rédactionPublié le 06/06/2025 à 08:45, mis à jour le 06/06/2025 à 11:50
En matière de météo, les années 2000 sont aussi excitantes que le ciel est capricieux avec nous, pauvres terriens. Depuis que le plafond de verre du dérèglement climatique a été atteint, les records tombent les uns derrière les autres. Autant dire que le bilan printanier dévoilé ce mercredi par Météo France s’annonçait alléchant. On n’a pas été déçu. Ce cru 2025 - calculé sur la période du 1er mars au 31 mai - monte sur la troisième marche du podium des printemps les plus chauds, depuis les premiers relevés météorologiques effectués au début du XXe siècle.
Avec une anomalie de +1,1 degré par rapport à la normale de saison, il se place derrière les printemps 2011 (+1,5 degré) et 2020 (+ 1,3 degré), tout en étant ex aequo avec les printemps 2007 et 2022. "Un printemps marqué par le réchauffement climatique", selon Météo France. Preuve à l’appui: sur les dix printemps les plus chauds jamais enregistrés, neuf ont été mesurés après 2000.
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"Un contraste inhabituel" entre le Nord et le Sud
Pour donner une tendance, Météo France a pris en compte les températures, les précipitations et l’ensoleillement. "Ce printemps est marqué par un contraste inhabituel entre la moitié nord, très ensoleillée et très peu arrosée, et la moitié sud qui a connu un temps plus maussade et instable ", avance le climatologue Matthieu Sorel. Pourquoi? "C’est dû à la récurrence d’une haute pression anticyclonique au nord conjuguée à la présence d’une goutte froide sur le bassin méditerranéen et la péninsule ibérique qui a provoqué un temps plus mitigé et parfois très dégradé sur le sud du pays ", avance-t-il.
Globalement, la France a connu un ensoleillement de +10%, logiquement tiré vers le haut par les régions du nord (de +20 à +40%). "Une situation inhabituelle", selon Matthieu Sorel mais qui a tendance à se répéter après les épisodes similaires de 2020 et 2022. Le Finistère, les Côtes-d’Armor et la Manche ont par exemple connu le printemps le plus chaud de leur histoire alors que la moitié nord affiche une anomalie de température de + 2 degrés.
Autant de soleil à Nice qu’à Reims et Cherbourg
C’est ainsi que Dunkerque se voit décerner le prix de la ville la plus sèche de la moitié nord du pays (32 mm de pluie contre 200 mm en 2024, soit -75%). Autre exemple: Cherbourg (731 heures) et Reims (730 heures) ont connu un ensoleillement deux fois supérieur à Biarritz et Pau et talonnent Nice (734 heures). La palme est toutefois décernée à la Corse avec 765 heures à Ajaccio.
Cette moyenne haute des températures a été dopée par une poignée de coups de chaud: un mois d’avril bien supérieur à la moyenne (+ 1,7 degré); un épisode de chaleur précoce entre le 30 avril et le 3 mai avec 25 degrés ou plus relevés dans 75% du territoire (29,4 degrés à Paris, 28,5 degrés à Lille); et enfin un pic de chaleur observé dans tout le pays lors du week-end prolongé de l’Ascension, en fin de semaine dernière. Des températures au-delà de 30 degrés ont été relevées un peu partout et jusqu’à 35 degrés dans le Sud-Ouest.
Des précipitations records dans le Var
De Nice à Avignon en passant par Toulon, Draguignan et Puget-Théniers, nous partageons tous le même constat. Ce printemps 2025 restera dans les mémoires comme "pourri". Quasiment pas une semaine sans vent, nuages et pluie. Et tant de week-ends perturbés.
Ce constat, la direction régionale de Météo France, basée à Aix-en-Provence, le partage aussi. À contre-courant de la moyenne nationale, Provence - Alpes - Côte d’Azur présente un taux de pluviométrie sur la période (du 1er mars au 31 mai) bien au-delà de la moyenne avec +45%, marqué par "des pluies fréquentes et étalées ".
Si l’on observe plus en détail les six départements régionaux, le Var caracole en tête avec un record évalué à +59%. "Par endroits, on a même relevé des hausses à 200% ", note Hélène Correa, la responsable du service prévision et climatologie Sud-Est de Météo France. Le cumul des précipitations s’établit ainsi à 307 mm alors que la moyenne - calculée sur la période 1991-2020 - est de 193 mm. "Le printemps a été trois fois plus pluvieux dans le Var que la normale", résume la spécialiste. Il devient ainsi le sixième plus pluvieux dans l’histoire du département et succède à un printemps 2024 encore plus humide (+77%).
Record de pluie relevé à la station de Vidauban
Le 20 mai, une partie du territoire varois a connu un épisode pluvieux d’une rare violence. La station pluviométrique basée à Vidauban a relevé près de 200 mm de précipitations dans la matinée. "On a surtout relevé 90 mm en trente minutes", souligne la responsable régionale de Météo France. Sur le printemps, la station a cumulé 475 mm (soit 2,5 fois de plus que la moyenne) établissant son nouveau record depuis sa mise en service en 2010.
C’est cette intensité et cette soudaineté qui ont provoqué des inondations meurtrières causant la mort d’une personne piégée dans son véhicule à Vidauban et de deux autres emportées par le torrent à Cavalière. "La région connaît déjà des épisodes intenses et les populations vont être confrontées à ce genre d’épisodes remarquables de plus en plus fréquemment ", prévient Hélène Correa.
Les Alpes-Maritimes ne sont également pas en reste au niveau régional. Avec 391 mm de pluie (contre 257 mm de moyenne), le département a connu un excédent de pluie à +52%, connaissant son huitième printemps le plus pluvieux. Bien loin cependant du record établi en 1971 (+224 mm par rapport à la moyenne de l’époque).
Anomalie tropicale à Toulon
Pour ce qui est des températures, la hausse régionale atteint +0,88 degré sur la période, soit le sixième printemps le plus chaud de l’histoire. Le thermomètre affiche +0,7 degré pour les Alpes-Maritimes et +0,6 degré pour le Var, soit respectivement les 12e et 9e printemps les plus chauds dans ces départements.
Difficile à croire cependant à la lueur d’un ressenti général maussade couvert de gros cumulus. L’explication tient dans des valeurs quelque peu trompeuses car il a suffi de quelques très belles journées ensoleillées, chaudes et sans nuage pour faire remonter en flèche une tendance largement déficitaire.
Sylvain Galliau, prévisionniste au sein de la direction régionale, a par ailleurs noté une anomalie à Toulon le 29 mai denier: "Il faisait 21,3 degrés dès le matin, ce qui correspond à une nuit tropicale. " Un fait rare à cette période, les nuits tropicales étant généralement observées en juillet et août.
Côté ensoleillement, la région et la Corse sont "légèrement déficitaires". Nice enregistre par exemple un ensoleillement stable à 102% (734 heures) quand la station varoise du Luc-en-Provence est en dessous des normales avec 95% (689 heures).
Avec un pic de chaleur déjà observé, fin mai, l’été (calculé du 1er juin au 31 août) pourrait être une fois de plus l’un des plus chauds jamais observés. Stéphane Croux, responsable prévisions médias à Météo France, rappelle que "les dix étés les plus chauds ont tous été enregistrés au XXIe siècle ". Sa prédiction? "Le scénario le plus probable est que nous aurons des températures plus élevées que la normale de saison ", esquisse-t-il en évoquant seulement la Corse. Qui n’est distante que de quelque 160 kilomètres des rivages de la Côte d’Azur...
Impossible pour l’heure de prévoir des épisodes caniculaires mais plus sûrement des vagues de chaleur (1) qui sont de plus en plus fréquentes. 49 vagues ont été recensées depuis 1949, dont 32 d’entre elles ont eu lieu après 2000. Pour rappel, la canicule de 2003 avait causé le décès de 15.000 personnes en France, provoquant la création du dispositif Vigilance canicule.
1. Une canicule est une période de chaleur intense et durable, de jour comme de nuit, sur une période prolongée (supérieure à trois jours en général). Une vague de chaleur est identifiée quand la température est supérieure ou égale à 25,3 degrés pendant un jour ou 23,4 degrés pendant au moins trois jours.
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