Ce n’est pas la première fois que nous prenons langue avec Julie Depardieu et c’est toujours un agréable moment. Se pose même souvent la question: faut-il préparer quelque chose afin de cadrer le moment ou laisser l’actrice, qui revient ce mardi avec son rôle de médecin légiste loufoque dans la série Alexandra Ehle, nous laisser nous embarquer où elle le souhaite? Il y a l’ambition, et la naïveté, de croire que l’on peut amener Julie Depardieu où on le veut, et puis il y a la réalité: la suivre dans une conversation, un bavardage qui va nous amener à évoquer les bienfaits de l’écriture manuscrite, la parentalité, l’ennui, les lettres d’amour de Franz Listz et, malgré tout, son métier. Sa passion.
Deux fois lauréate aux César (meilleur espoir féminin en 2004 pour La Petite Lili, meilleur second rôle féminin pour Un secret en 2008), l’actrice de 51 ans campe, depuis 2018, Alexandra Ehle, une médecin légiste officiant à l’Institut Médico-Légal de Bordeaux, entourée d’une équipe de choc ainsi que de son frère, commandant de police, et incarné par Bernard Yerlès. Dans cette nouvelle salve de trois épisodes, la série va accueillir des nouveaux visages comme François Berléand dans le rôle de son père, mais aussi Dominique Pinon dans celui d’un amoureux transi d’Alexandra. De quoi proposer de jolies scènes de comédie au cœur d’une enquête policière.
"J’adore jouer Alexandra Ehle, c’était une fille mystérieuse avec une vision sur la mort des gens et l’envie de leur rendre une forme de dignité, au tout début, et puis, très vite, on a tourné le ton de la série vers la comédie. J’ai revu récemment le pilote, je me trouvais bizarre... (rires) Je manquais de naturel, et on s’est vite rapproché de moi-même. Si Alexandra est mieux que moi, elle ne s’énerve jamais, poursuit-elle. La récurrence du personnage m’effrayait car je ne suis pas habituée aux séries, je suis née trop tard, j’ai des références qui datent d’il y a 150 ans, j’ai parfois peur de me lancer dans une série à regarder, c’est très englobant."
"Elle me ressemble dans ce qu’elle a de mieux et j’aime son imperfection"
Outre le personnage truculent d’Alexandra Ehle, les seconds rôles sont tous bien écrits, incarnés, développés (Xavier Guelfi, Sophie Le Tellier, Quentin Baillot, Sara Martins). "C’est une bande de potes, on prend plaisir à se retrouver tous les ans. Par exemple, André Manoukian qui joue mon amant, c’est un bonheur de parler musique avec lui. Bernard Yerles est toujours content de me voir, c’est comme mon cousin belge, et puis François Berleand, quel bonheur. Cela fait trente ans que je le connais, il jouait une pièce de théâtre avec mon frère, je l’ai connu ainsi, on riait tout le temps. Tout ça fait que je suis très attachée à cette série, ce rôle. C’est le personnage idéal, elle me ressemble dans ce qu’elle a de mieux et j’aime son imperfection. Il faut avoir des moments de ratage, il faut accepter de mal jouer de temps en temps car, dans la vie, on joue mal certaines situations. Je suis obsédée par les chignons de travers, j’aime l’idée qu’Alexandra ne soit pas coiffée à la perfection".
Tout Julie Depardieu résumée en un personnage. Fille de Gérard Depardieu et Elisabeth Guignot, un couple de comédiens, il semblait évident que la jeune fille allait avoir comme vocation la même que ses parents. Et pourtant ce ne fut pas le cas. "Je voulais faire autre chose, j’avais des choses à dire et je cherchais à les exposer autrement, j’ai fait des études de philosophie, j’ai pensé à être enseignante, fleuriste et puis ma mère connaissait bien Josée Dayan pour avoir tourné avec elle dans les années 1990 une série qui avait bien marché, La Rivière Espérance. À force, je me suis rapprochée de Josée et, un jour, par hasard, je me suis retrouvée à donner la réplique sur une petite séquence à Tchéky Karyo dans Les Liens du cœur. Sans savoir comment ni pourquoi, cela m’a plu, même si j’ai mis du temps à me convaincre que j’étais actrice".
Trente ans plus tard, Julie Depardieu oscille entre le théâtre – elle est à l’affiche d’un concert-lecture Vivre l’amour avec Juliette Hurel et Hélène Couvert – le cinéma et la télévision sans se lasser. Deux nouveaux épisodes inédits d’Alexandra Ehle sont d’ailleurs prévus les prochaines semaines, preuve que la série, qui a rassemblé pas loin de 4,6 millions de téléspectateurs lors de ses dernières diffusions, a trouvé son public. Et Julie Depardieu, elle, semble avoir trouvé un rôle sur mesure pour sa personnalité.
Ce mardi à 21h05, sur France 3.
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