"Je ne veux pas assister à l’audience, je ne suis pas bien, j’ai un peu mal au ventre"... Dans le box des accusés de la cour d’assises spécialement composée à Paris, Brahim Aouissaoui n’a, semble-t-il, pas envie de coopérer, alors que ce mardi matin, le professeur de médecine légale Véronique Alunni est venue détailler les autopsies réalisées par l’Institut médico-légal (IML).
En visio de Nice, elle s’est employée, avec tact, à décrire les blessures infligées aux trois victimes, Nadine Devillers, Simone Barreto Silva et Vincent Loques. Une description chirurgicale, sobre autant qu’il a été possible, des multiples plaies décelées sur les deux paroissiennes et le sacristain, sauvagement assassinés le 29 octobre 2020 en plein cœur de la basilique Notre-Dame.
Expulsion de l’audience décidée
"Dès qu’il va s’agir de voir ce qu’il a fait, il essaie de ne pas y assister", s’agace un avocat des parties civiles. Un argument qui a "du sens", ose le président Christophe Petiteau. Après une amnésie que les experts, neurologue et psychiatrique, s’accordent à qualifier de feinte, est-ce le nouveau système de défense de l’accusé: fuir cette fois l’audience et voler le procès aux victimes? La cour parlemente. Le clandestin tunisien, âgé de bientôt 26 ans, insiste: " Je ne suis pas bien, je suis malade". Décision est prise de l’expulser, le temps qu’un médecin vérifie son état de santé. Celui qui comparait pour assassinats et tentatives d’assassinats en lien avec une entreprise terroriste ne reviendra que l’après-midi.
Examens médico-psychologiques
Une après-midi consacrée aux victimes indirectes et par ricochet de l’attentat de la basilique. Dans le box, Brahim Aouissaoui, dos voûté, reste de marbre. Son visage figé dans une effrayante impassibilité. Toujours en direct de l’IML, c’est cette fois Caroline Bernardi, médecin légiste psychiatre, qui livre un résumé des examens médico-psychologiques effectués entre le 12 novembre 2020 et le 26 janvier 2021 sur 39 "victimes vivantes". Les proches des personnes décédées, mais aussi les témoins de l’attentat et les primo intervenants: ces policiers municipaux qui ont fait face au terroriste et l’ont neutralisé.
Hypervigilance, évitement, culpabilité
Tous ont développé des troubles, liés à un stress aigu. De la reviviscence, comme ce policier qui voit en permanence le couloir de Notre Dame dans lequel lui et ses collègues ont tiré sur un individu "au regard noir, plein de haine".
Des symptômes d’évitement, de l’hypervigilance, des ruminations anxieuses, ou encore des troubles du sommeil et de l’appétit. Et cette culpabilité jusqu’à celle d’avoir survécu à l’image d’Olivier, l’ami de Vincent Loques... C’est toute la complexité d’une attaque terroriste. Elle frappe, touche, meurtri, abîme bien davantage que les victimes directes et leur famille proche. Un attentat, ça résonne et déchire sur le temps très long.
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