Le créateur de contenus Jean Pormanove, découvert mort en direct alors qu’il streamait avec ses associés sur la plateforme Kick, sera autopsié jeudi matin, annonce le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli.
"Plusieurs auditions de personnes présentes au moment du décès ont été faites sans qu’à ce stade elles ne permettent de donner une orientation quant aux causes de celui-ci", indique-t-il.
Dans leur local de tournage, situé à Contes dans la vallée du Paillon, près de Nice, "de nombreuses saisies de matériels et vidéos ont été réalisées afin notamment de préciser les faits intervenus en amont du décès et susceptibles d’avoir pu contribuer à celui-ci", précise Damien Martinelli.
Une première enquête ouverte en décembre 2024
Il rappelle: " Ces investigations dans le cadre de l’enquête en recherches des causes de la mort s’inscrivent en parallèle de l’enquête ouverte d’initiative le 16 décembre 2024 par le parquet de Nice dans la suite de la diffusion la veille sur Mediapart d’un article dans lequel il était fait état de vidéos diffusées sur le réseau Kick, conçues par des individus présentés comme des influenceurs niçois, dans le cadre desquelles des personnes susceptibles d’être vulnérables faisaient l’objet de violences et d’humiliations parfois encouragées par des versements d’argent des spectateurs".
L’enquête, confiée au service local de police judiciaire de Nice est ouverte des chefs de "provocation publique par un moyen de communication au public par voie électronique à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur handicap", "violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables ayant entraîné une ITT inférieure à 8 jours" et "diffusion d’enregistrement d’images relatives à la commission d’infractions d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne prévues par les articles 222-1 et suivants du code pénal, sciemment enregistrées par quelque moyen et sur tout support que ce soit".
Les gardes à vue levées le 8 janvier
Dès le 8 janvier dernier, le SLPJ de Nice procédait à l’interpellation et au placement en garde à vue des deux personnes susceptibles d’être mises en cause et à une perquisition du local contois dans le cadre de laquelle l’ensemble du matériel informatique et audiovisuel d’une valeur de plusieurs milliers d’euros était saisi. Il s’agissait d’Owen C. et de Sofiane H. alias Naruto et Safine sur internet, deux acolytes de "JP" de son vrai nom Raphaël Graven.
Parallèlement, les personnes apparaissant comme victimes des violences et humiliations étaient entendues: Jean Pormanove et un autre azuréen prénommé Coudoux sur les réseaux, une personne en situation de handicap.
2.000 euros pour Coudoux, 6.000 euros pour JP
"Dans le cadre de leurs auditions, ces deux personnes contestaient fermement être victimes de violences indiquant que les faits s’inscrivaient dans des mises en scène visant à "faire le buzz" pour gagner de l’argent", assure le procureur de la République de Nice.
Coudoux évoquait des montants pouvant atteindre 2.000 euros par mois tandis que Jean Pormanove mentionnait des sommes à hauteur de 6.000 euros. "L’un et l’autre indiquaient n’avoir jamais été blessés, être totalement libres de leurs mouvements et de leurs décisions et refusaient d’être examinés par un médecin et un psychiatre", détaille encore le parquet.
Selon le procureur, "Jean Pormanove indiquait que son activité s’inscrivait dans le cadre d’une société qu’il avait créée. Il précisait ne pas avoir de liens financiers directs avec les autres protagonistes et être rémunéré uniquement via sa société sur la base des contrats établis avec les plateformes".
Au regard des éléments recueillis, Owen C. et Sofiane H. avaient été remis en liberté. "Les investigations se poursuivaient en vue notamment au-delà d’auditions d’environnement des intéressés, d’une part, d’exploiter la très grande quantité de vidéos et matériels saisis pour préciser les comportements dans et en dehors des phases dites de live, et d’autre part, de déterminer les conditions de réalisation de ces vidéos sur les plans juridique et financier et les liens existants avec les plateformes concernées", décrypte Damien Martinelli.
commentaires