Casse-tête de la location: séparé, ce Niçois est contraint de vivre dans 20 m² avec ses deux enfants

Avec l'effondrement du volume de biens à la location, trouver un toit confine au casse-tête pour les actifs des Alpes-Maritimes. Luc, 46 ans, en reconversion professionnelle, en a fait les frais. Séparé, ce père de deux enfants a fini par décroché un modeste studio de 20m² dans la capitale azuréenne mais a bien cru qu'il allait "finir à la rue". Il raconte.

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Aurélie Selvi aselvi@nicematin.fr Publié le 05/08/2024 à 07:52, mis à jour le 07/08/2024 à 14:53
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Luc Hebert a 46 ans, dont une trentaine d’années de CDI en tant que cadre dans le commerce. Divorcé, il est père de deux garçons, de 7 et 11 ans, dont il a la garde un week-end sur deux et les vacances. Ni plus ni moins que la vie de nombreux Français: selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), 27 % des enfants ont des parents séparés.

Sauf que, il y a quelques jours encore, ce papa niçois a bien cru qu’il allait finir à la rue. En cause: la difficulté à trouver une location dans la capitale azuréenne. S’il témoigne, ce n’est pas pour s’épancher sur sa situation personnelle, mais pour partager ses difficultés qu’il sait être celles de "beaucoup de monde".

L’étiquette du chômeur

"Il y a quatre mois, j’ai décidé de bifurquer pour me lancer dans l’événementiel en auto-entrepreneur. Je ne me voyais pas finir en manageur aigri jusqu’à 66 ans. J’ai un très bon chômage, autour de 2.000€, qui me permet de le faire. Mais début juin, j’ai dû me séparer et trouver dans l’urgence un logement. Et là les choses se sont compliquées", retrace-t-il.

Luc constitue son dossier et se met en quête d’un bien modeste: un studio en centre-ville, pour un budget de 500€. "Débarquer avec cette étiquette de chômeur, qui plus est en pleine période de locations saisonnières à Nice, j’ai vite compris que cela allait être très dur." Et cela s’est vite confirmé.

"J’ai tout essayé: de particulier à particulier, les sites comme seloger... Il y avait des annonces, mais énormément pour des étudiants dès septembre, des colocations, des appartements divisés en trois chambres louées séparément…. J’ai aussi vécu les arnaques et ça m’a choqué."

Refroidi par ces mauvaises expériences, le Niçois s’inquiète: et si tous les documents (RIB, pièce d’identité, fiches de paie...) qu’on lui réclame par mail à chaque candidature se retrouvaient entre les mains de gens malintentionnés?

"Je comprends que les propriétaires, qui ont peur des impayés, qui ont aussi leurs difficultés, demandent des garanties. Mais c’est dommage qu’en France on n’ait pas trouvé le moyen de simplifier et de sécuriser le secteur du logement, des deux côtés", déplore-t-il.

"J’aurais pu finir à la rue, avec 2.000€ par mois..."

Son précédent toit quitté, Luc a pu compter sur la solidarité de ses amis. Pendant un temps, il vit dans un appartement prêté par l’un d’entre eux, condition sine qua non pour voir ses fils. Et donc tenir debout. "Je suis un papa très fusionnel", glisse-t-il.

En parallèle, Luc se résigne à entamer des démarches pour un logement social, se rapproche de la Maison des solidarités départementales. "Je n’avais jamais fait ça de ma vie... À 46 ans, en ayant toujours travaillé, ça m’a mis un coup. D’autant que l’assistante sociale, très engagée, m’a expliqué qu’il fallait qu’on me crée une adresse de sans domicile fixe pour maximiser mes chances. Sachant que, de toute façon, un logement social réclame minimum six mois d’attente..."

C’est finalement le bouche-à-oreille qui a fini par payer et permet à Luc d’emménager, en ce début de mois d’août, dans un 21 m² à 540€ par mois dans le quartier de Magnan. "Une collègue de travail d’une amie louait un meublé", précise le papa, qui a dû débourser un loyer d’avance et deux mois de caution pour accéder au bien.

"Avec les factures, ce sera du 800€ par mois mais, au moins, je peux accueillir mes petits. Et puis, on va vivre dehors, faire plein d’activités", sourit celui qui s’estime "chanceux". "Sans ce studio et mes amis, je serais à la rue avec 2.000€ par mois..."

Gare à ces arnaques qui prolifèrent par mail

C’est toujours le même mode opératoire. "Une annonce aux photos alléchantes, un loyer raisonnable, et mon dossier qui séduit le propriétaire", détaille Luc, 46 ans.

Et puis ce mail précisant que celui-ci ne pourra pas se déplacer, en raison d’une mutation.

"Le dépôt de garantie devra se faire par achat de recharges PCS dans un bureau de tabac, pour 800 euros", précise l’un des mails reçus par ce Niçois en quête d’un bien.

Attention: intraçable, ce moyen de paiement est l’un des outils préférés des arnaqueurs en ligne.

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