"Nous profitons de la journée mondiale des réfugiés le 20 juin pour commémorer les dix ans de la fermeture des frontières et dénoncer les violations des droits des personnes migrantes, leur mise en danger et les contrôles discriminatoires", a souligné Christine Poupon, représentante d'Amnesty International dans les Alpes-Maritimes.
Une centaine de personnes étaient réunies autour d'un mémorial regroupant une cinquantaine de pierres, qui portent les noms des migrants morts en traversant cette frontière depuis 2016.
"Nous avons imaginé ce mémorial en 2022 après la mort d'un jeune Afghan renversé sur l'autoroute et nous avons alors entrepris un travail de recherches pour retrouver les noms de toutes les victimes", raconte Charlotte Rouault.
"Il s'agit de leur rendre hommage" et "c'est en même temps un geste politique pour rendre visible un régime de frontières qui tue", ajoute-t-elle.
Le dernier décès remonte au 12 janvier quand un jeune Érythréen a été retrouvé noyé, vraisemblablement après avoir chuté dans les rochers en tentant de passer en France.
"Grâce à la pression que nous avons exercée, nous avons obtenu des avancées, notamment pour les mineurs non accompagnés qui ne sont plus renvoyés systématiquement en Italie mais, quand leur minorité est reconnue par la police aux frontières, remis à l'Aide sociale à l'enfance", note Christine Poupon.
"Récemment, nous avons pu observer aussi que certains migrants étaient relâchés avec une convocation pour se rendre à la plate-forme des demandeurs d'asile à Nice", ajoute-t-elle, tout en se disant "inquiète" de la remise en cause du droit d'asile que la mise en œuvre du pacte européen sur l'asile et la migration impliquerait, selon elle.
Les contrôles sont actuellement en vigueur jusqu'au 31 octobre
En 2024, dans les Alpes-Maritimes, 15.000 personnes en situation irrégulière ont été interpellées le long des 100 kilomètres de frontière avec l'Italie, contre 42.000 en 2023, selon la préfecture.
Le 6 novembre 2015, le gouvernement socialiste français de l'époque avait annoncé, dans la perspective de la conférence de l'ONU sur le climat (COP21) à Paris, le rétablissement ponctuel du contrôle aux frontières.
Mais à la suite des attentats de Paris le 13 novembre de la même année, la France le reconduit tous les six mois, en dérogation des accords de Schengen sur la libre circulation dans l'Union européenne. Les contrôles sont actuellement en vigueur jusqu'au 31 octobre.
En mars, le Conseil d'État, saisi par des associations, a jugé que les contrôles étaient conformes au nouveau règlement Schengen et proportionnés aux menaces pesant sur la France.
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