Au fil des siècles, spectatrice de l’Histoire, Nice a connu un parcours plutôt mouvementé. Mais ses origines sont portées par des légendes dont une, semble sortie de l’Odyssée d’Homère.
En effet, il se dit, parfois, qu’à l’origine de Nice, il y aurait eu… Hercule, qui, selon Aristote "en marchant à travers le monde, fendait les villes comme les rochers".
C’est en longeant les rives de la Méditerranée pour rejoindre l’Italie qu’il fait escale dans un pays qu’il trouve béni des Dieux. Aussi, en séjournant sur une colline, il aurait créé Cemenelum – Cimiez – qui, en s’étendant, serait devenu Nice.
L’absurde s’est vite mêlé à la légende. Selon un chanoine du XVIe siècle, la ville porterait le nom de Nizza, parce que, située aux confins de la France et de l’Italie, elle n’est "ni de çà, ni de là".
Voilà pourquoi, ajoutait-il "si l’aigle qui figure sur l’écu niçois lève une patte, c’est qu’il ne sait où la poser…".
D’autres légendes s’attachent à Nikaia
Au XVIIe siècle, le géographe voyageur Philippe Cluvier avance l’existence d’une première Nikaia en Corse. Bien, qu’un temps, ce concept fut accrédité par l’historien Camille Jullian (1859/1933), ce n’est sans doute qu’une autre légende concernant Nice.
Cluvier écrit que vers 350-300 av. J.-C, après avoir vaincu les Phocéens lors d’une bataille navale, les Étrusques débarquent (fait avéré) en Corse. Ils vont bâtir une ville qu’ils baptisent Nikaia.
Coïncidence qui a fort troublé les historiens, dont certains ont réfuté l’existence de cette Nice corse. Pourtant, Diodore de Sicile (historien grec du Ier siècle av. J.-C.) rapporte clairement que "Nîkaia - mais laquelle? - fut fondée par les Étrusques à l’époque où ils étaient maîtres de la mer et qu’ils possédaient les îles (...) situées entre la côte occidentale de l’Italie et la Corse)".
Toujours est-il qu’au IVe siècle av. J.-C., les Phocéens prennent leur revanche sur les Étrusques lors d’une nouvelle bataille navale qui, dit-on, se déroula dans les eaux niçoises.
C’est sur un rivage encore vierge qu’ils fondent une cité qu’ils baptisent Nîkaia, traduit "par qui donne la victoire" nommée ainsi pour perpétuer le souvenir de ce triomphe.
Mais, il n’apparaît pas clairement que les Massaliotes aient, à proprement parler, fondé de colonie sur les bords du Paillon, l’emplacement de l’actuelle Nice.
Les faits démontrent que le territoire niçois, comme tout le reste de la côte, possédait des centres de peuplement bien avant l’installation grecque.
D’autre part, on ne trouve nulle part dans les œuvres anciennes une mention précise qui relie positivement la fondation de Nikaia à la commémoration d’une quelconque victoire grecque.
En 68 av. J.-C. Strabon (géographe et historien grec) écrit seulement que "les Phocéens vinrent installer sur cette côte des défenses contre les Ligures et les Salyens (...)".
Toujours est-il que, créée à la suite de la "supposée victoire" ou non, dès le milieu du III e siècle av. J. -C. Nikaia/Nizza devint une tête de pont massaliote tant pour la navigation que le commerce.
Son importance stratégique devint indiscutable et le restera durant des siècles. Mais quand, où et par qui a-t-elle été réellement fondée? Depuis, les historiens ont su explorer le passé pour expliquer la véritable histoire de la fondation de Nice.
Ni ça… ni là!
Lorsque le chanoine au XVIe siècle constata que le nom de sa ville s’écrivait Nizza et se prononçait Nitça, il en déduisit que la cité, prise entre France et Italie, n’était "Ni çà, ni là". Il trouva un argument pour appuyer sa théorie dans les armes de la ville. En effet, un aigle tenant une de ses pattes levées était la preuve que l’oiseau hésitant entre les deux pays, ne savait pas où se poser!
Racontée par Éric Vial (Les Noms de villes et de villages, 1983) et reprise par d’autres auteurs, l’histoire est belle! Mais c’est à l’évidence une vue d’artiste car, nulle part on ne trouve d’aigle hésitant où poser la patte, de même qu’on ne trouve trace de ce chanoine.
Sur les armes de Nice, l’aigle a les deux pattes ancrées sur une montagne émergeant de la mer. Ses serres refermées symbolisent la domination du pouvoir savoyard sur le territoire. Quant à la couleur rouge, son origine pourrait avoir un lien avec Amédée VII de Savoie, dit le Comte rouge.
Ces armoiries apparaissent sous cette forme pour la première fois en 1434 sur les Statuta Sabaudiae, code civil et pénal, rédigé par le duc Amédée VIII. Par la suite, l’écusson n’a presque jamais changé dans sa disposition, seul le contour du blason a varié au fil du temps passant d’un rond à un ovale. L’étendue bleue, située à la pointe de l’écusson, vient symboliser la mer "d’azur ondée d’argent".
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