Institution culinaire de Théoule-sur-Mer, Le Coup de fourchette a déménagé... sur le trottoir d’en face

Le coup de fourchette, ça fait un sacré bail à Théoule! Plus précisément vingt-trois ans, depuis que le chef Angel Aparicio a signé son premier contrat de location au 15 avenue Charles Dahon.

Depuis, l’enseigne est devenue incontournable pour tous les gourmets du bassin cannois, qui veulent bien se remplir le ventre sans vider pour autant leur portefeuille.

"Dès qu’on s’est installé, le maire de l’époque nous avait dit qu’il y avait un projet de réaménagement du centre-ville qui nous ferait peut-être déménager, alors jusque-là on s’était contenté de petits travaux sans trop investir...", sourit l’intéressé, qui a aiguisé ses couteaux à l’école de cuisine de Grasse, puis s’est échauffé aux fourneaux de divers établissements (dont la Plage L’évasion sous la fourchette de son mentor Gilles Bernard) avant de se lancer en solo.

Ou presque, puisque sa souriante épouse Bornia et sa sœur Isabelle étaient déjà de la partie (en salle) pour le début de cette aventure familiale.

Confort et convivialité

À l’ombre et à l’étroit, Angel avait déjà sublimé l’espace du 15 avec sa cuisine goûteuse aux produits frais du marché, généreuse, inspirée par les bons petits plats que lui servait jadis sa mère espagnole, au trés bon rapport qualité prix.

Mais cette fois, ça y est, Le Coup de fourchette traverse la rue pour poser ses nappes sur le trottoir d’en face, au 16 ensoleillé.

Même si le projet de l’îlot Delaye est aujourd’hui en stand-by, le restaurant est le premier commerce concerné à inaugurer ce petit "Monopoly" urbain à Théoule.

En dépit d’une augmentation de loyer et d’un retard de travaux, Angel et les siens (son fils Elliès est venu s’ajouter au service et aux cocktails) disposent désormais d’un écrin ravissant, à la hauteur du talent gastronome.

Une maison typique de village avec génoises et œil-de-bœuf, que les Aparicio ont investi comme un second chez-soi, moyennant 100.000 euros d’investissements.

Dès l’entrée, un double coin salon de jardin avec fauteuils et parasols invite à siroter une boisson, avant de s’attabler sur la nouvelle terrasse en bois, ombragée sous un oranger, ou bien sous la pergola bioclimatique au toit modulable.

À moins de profiter de la salle intérieure et de son salon lounge (juste à côté d’une cuisine ouverte flambant neuve) à la déco soignée et raffinée.

"L’avantage du délai rallongé des travaux, c’est que ça nous a donnés bien le temps de chiner partout!", rigole Bornia.

Entre vintage et moderne, parfois avec des meubles issus de leur propre foyer, l’ensemble est des plus accueillant, au gré des 60 couverts dispersés entre intérieur et extérieur.

"À l’ancienne adresse, on était tassé. Ici, on a espacé les tables pour donner le plus de confort possible, et les familles peuvent venir avec une poussette", justifie Angel.

Dans le jardin, des petits bancs à hauteur d’enfant témoignent encore de cette convivialité pour tous. Seuls vestiges du 15, les enseignes et le comptoir en métal signés de l’ami-artiste Fortuné Evangelisti, qui s’exposent là avec encore plus de relief.

Et dans les assiettes alors? Les plats chéris de la clientèle, tels la soupe de moules, la salade thaïe, la brandade de cabillaud ou la pluma ibérique seront toujours à la carte.

"Mais on va aussi s’adapter aux nouveaux modes de consommations en proposant des tapas et des plats en portion réduite, à moindre prix et à partager entre convives."

De quoi redoubler le coup de fourchette!

"On ne peut pas tout faire en même temps!"

Pour le maire Georges Botella, le chantier prioritaire se situe à l’entrée Est de la commune avec les Portes de l’Estérel. Mais pas question de renoncer pour autant au réaménagement de l’îlot Delaye, qui prévoit de raser l’existant du 7 au 19 de l’avenue Charles Dahon afin d’édifier une résidence R+5 avec 44 logements dont 12 à caractère social locatif et trois réservés à la commune, des commerces, un parking de 82 places publiques.

Un permis a été déposé par le promoteur Promogim, même si "rien n’est signé pour l’instant. On ne peut pas tout faire en même temps, justifie Georges Botella.

Ce n’est pas une question de budget, c’est juste qu’il faut d’abord finir Les Portes de l’Estérel avant de lancer un autre gros chantier en centre-ville. "Pour les commerces actuels, il est plus agréable d’être transférés côté sud, avec plus d’espace et de soleil en terrasse."

Reste un autre écueil au projet Delaye. Du côté pair de l’avenue Dahon, le futur bâtiment qui doit justement accueillir les commerces sur le parking communal a été attaqué par des riverains avant même la pose de sa première pierre. La procédure est en cours.