Dans les coulisses du Carnaval de Nice avec les costumières
Pour les batailles de fleurs comme pour les chars du corso, à la halle Spada, les super couturières déploient leurs talents et leurs étoffes, dont la production ne finit pas en queue de poisson.
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Ch. RPublié le 09/02/2025 à 09:00, mis à jour le 12/02/2025 à 11:11
Caroline Roux, cheffe de l’atelier des costumes des batailles de fleurs, présente la méduse: une tenue et une coiffe en transparence diaprée qui ne manquent pas de piquant!Jean François Ottonello / Nice Matin
À la halle Spada à Nice, tandis que les carnavaliers font émerger une royauté marine à faire chavirer, dans le chuchotement soyeux des étoffes brillantes, les costumières donnent de la tenue aux futurs sujets de Sa Majesté, Roi des Océans.
Voici l’univers luxueux des toilettes destinées aux ondines qui animeront les quatorze chars des quatre batailles de fleurs du Carnaval de Nice qui commence ce mercredi 12 février.
L’hippocampe et ses camaieux de bleus: une pure merveille...Jean François Ottonello / Nice Matin.
Étonnante jupe flanquée d’énormes coquillages en spirales. Caroline Roux, chef du bataillon haute couture, sourit de la supercherie: "Ce sont des tuyaux d’aération recouverts de tissu extensible doré."
Plus loin, une nappe en PVC a été détournée de sa fonction originelle pour simuler la blanche écume de la mer autour d’un décolleté. Des manches en plumes blanches accentuent l’effet mousseux de la vague. Vive la récup!
"120 heures de boulot" pour le homard
La tête du cheval marin surmontée d’une crête assortie au costume.Jean François Ottonello / Nice Matin.
Ici, le système D file à la vitesse d’un surf pour créer un univers fait d’étoiles de mer, crevettes, langoustes, poissons lune, oursins, méduses, bulles, perles, tentacules... Pas de chant des sirènes, pas de naufrage. Caroline, assistée de Magali Bottin, Aurélie Lachmann, Juliette Trucchia, s’active depuis plusieurs semaines à la mise en scène textile des quatorze costumes.
Dès la fin octobre, Caroline a cogité. C’est l’hippocampe qui est sorti en premier de sa coquille inventive. Une bestiole aux nageoires en éventails entourant un corset annelé. Spectaculaire. La magie se duplique sur les autres toilettes.
Une tenue, une coiffe. A eux seuls, ces couvre-chefs méritent de parader sur les podiums de mode les plus tendance.Jean François Ottonello / Nice Matin.
Pas évident pourtant: "Il faut faire des pièces mouvantes avec des matières innovantes. Il y a des couleurs froides, mais aussi chaudes. On est dans les fonds marins et pour le rendu, on a beaucoup travaillé la paillette, le lamé, la superposition de tissus irisés, de voilages..."
Toujours des tenues courtes, des jupons figés, des bustiers lacés, des manches ballons, mais aussi quelques longueurs: "Il y a des pantalons larges, fluides, ou évasés à partir du genou."
Derrière la piquante méduse, perles et bulles surgies d’un monde oniriqueJean François Ottonello / Nice Matin.
On en pince pour le costume du homard: "Faire tous les éléments un à un, les biaiser, monter les manches, mettre le crin, poser les branchies, additionner plusieurs pans sur la ceinture... Au total, 120 heures de boulot!"
On est en même temps à l’opéra, au théâtre, dans la mode des podiums. C’est magnifique. Les vêtements sont aussi beaux devant que derrière, à l’endroit qu’à l’envers. Et cette méduse rose orangée… Sa coiffe? "Un saladier ajouré, monté sur un calot, habillé de crin, agrémenté d’une frange cabaret en strass et par-dessus, un organza transparent aux reflets changeants recouvrant un tulle pailleté." Ici, poulpes, raies, requins et autres créatures marines sont monstrueusement sublimes!
On en pince pour le homard...Jean François Ottonello / Nice Matin.
Françoise, l’habilleuse du roi et de sa cour
Elle est géante cette fille ! C’est dans la taille XXL, que Françoise Povigna, costumière de spectacle, excelle. Ses mannequins à elle ne taillent pas un 32 pour 1,75m. Ils sont démesurés, dilatés, bouffis et sa consommation de tissu se chiffre en kilomètres : « 1 000 mètres de tissu argent pour faire les vagues et pour le roi, c’est 500 mètres de tissu, sauf que cette année, il n’a pas grand-chose comme textile sur lui, puisqu’il vit dans l’eau...»
Habilleuse du roi, de la reine et des automates géants culminant à près de 20 mètres ? Françoise l’est depuis 27 ans. En plus, elle gère plusieurs tenues des danseurs virevoltant autour des chars. Soit entre 20 et 25 personnes par attelage. « Pour le reste, on achète des habits de base et on les customise. Cela a été le cas, par exemple, pour les combinaisons des animateurs du char Na’vi. Tous les figurants viennent ensuite essayer pour les retouches. »
Françoise habille les méga personnages, les gens et les chars, car de plus en plus de motifs, de soubassements sont recouverts de maille souple ou de mousse rigide. Le rendu est infiniment plus esthétique, affiné et visuel que l’ancien carton-pâte grossier, cabossé. Les ailerons, les nageoires, les tentacules, les vagues y trouvent leur compte. « Tout ce qui est sphérique est désormais sorti en tissu. »
Cerise sur le gâteau gigantesque : les gonflables. Nombreux cette année, notamment sur plusieurs chars de batailles de fleurs. Pieuvre, hippocampe, coquillages, algues... C’est encore la couturière aux grands patrons qui s’y colle : « Il y a d’abord un travail en amont, en 3D, après, c’est du découpage et du montage. Un genre de puzzle. »
Le travail est colossal. Démarré en juin. Géré d’abord par 2, puis 3 personnes dès le mois de décembre. Des flots de textile dévalent sur la table longue de 10 mètres. La technique de Françoise les transforme somptueusement.
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