78e Festival de Cannes: voir Kaboul aux talibans et ne pas y mourir, c'est l'histoire du thriller "13 jours 13 nuits" avec Roschdy Zem et Lyna Khoudri

Avec "13 jours 13 nuits", Martin Bourboulon signe un thriller historique sur l’évacuation à hauts risques de dignitaires français et réfugiés afghans, lors du retour au pouvoir des talibans à Kaboul en 2021.

Alexandre Carini Publié le 23/05/2025 à 11:20, mis à jour le 23/05/2025 à 11:20
La commandant Mohamed Bida et Eva, dans le film " 13 jours 13 nuits ". Photo Jérôme Prébois Photo Jérôme Prébois

"Personne ne va mourir", clame le commandant de police Mohamed Bida (Roschdy Zem), comme pour mieux s’en persuader. Et pourtant, la situation semble bien mal embarquée ce 15 août 2021 à Kaboul. Chassés du pouvoir en Afghanistan vingt ans plus tôt, les talibans reprennent le contrôle de sa capitale, tandis que les forces armées américaines désertent le pays. Pour des centaines de ressortissants français mais aussi d’Afghans, l’ambassade constitue le dernier refuge, avant un exil salutaire. Hélas, les hélicoptères de l’armée US qui devaient assurer un transfert vers l’aéroport sont pris pour cibles par les soldats de la charia, et font demi-tour sans leurs passagers.

Convoi de tous les dangers

Pris au piège lui aussi, Mo’ (tel qu’est surnommé Mohamed Bida), assisté de quelques agents du RAID, mais aussi soutenu par une jeune humanitaire (Lyna Khoudri) et une intrépide journaliste (Sidse Babett Knudsen) décide de négocier une sortie en bus avec les talibans. Un convoi de tous les dangers, alors qu’on ne peut faire confiance à personne et qu’un attentat de Daesh est redouté. D’autant plus qu’un ancien chef des renseignements afghans est embarqué clandestinement parmi les bagages… D’après le récit de l’auteur Mohamed Bida, Martin Bourboulon, auteur du diptyque sur Les Trois Mousquetaires, signe un thriller grand public, sous tension quasi-permanente. Une histoire vraie qui a aussi inspiré la série Kaboul sur France 2, mais qui était encore peu connue.

"Il s’agit en fait de l’opération Apagan, soit une des exfiltrations les plus complexes que la France ait jamais organisées, souligne le réalisateur, à propos de ce film de genre assumé, qui fait parfois penser (toutes proportions gardées) à Zero Dark Thirty. Je me nourris de nombreuses références et codes visuels pour écrire ma grammaire personnelle. Mais à côté de ce style de cinéma, il y a aussi l’aspect humain car tout est raconté du point de vue du commandant Bida."

Un personnage de fiction, mais un être de chair et de sang, que l’équipe a évidemment rencontré. "Il nous a beaucoup accompagnés durant l’écriture du scénario, avec de nombreuses anecdotes, tout en trouvant une juste place, en retrait, car il intervenait uniquement à notre demande."

Une attitude conforme au "héros" incarné par Roschdy Zem. "Ce qui était intéressant, c’était de trouver le personnage à travers son acte de courage bien sûr, mais aussi à travers ses failles, car le danger engendré par sa décision l’isole et lui procure de l’angoisse, estime l’acteur. Avec l’accord de Martin, j’ai d’ailleurs pris plaisir à le déshéroïser."

Roschdy, physique de l’emploi

Pour autant, un rôle calibré pour la carrure de l’homme qui, du flic de Go fast au bodyguard d’Elyas, s’éclate aussi à jouer l’action man. "C’est vrai que le physique compte, mais ce que j’aimais avec Bida, c’est qu’il n’y a pas de coups de coups de feu ni de bagarre, tout est dans la tension, ce qui permet une interprétation tout en nuances."

Certes, mais la présence de Roschdy, imposante même si cérébrale, pourrait aussi le conduire à des blockbusters, en mode Gerard Butler. "Mon physique peut m’aider, d’autant qu’il y a une faille dans le cinéma français qui compte peu d’acteurs physiques. Du coup, je n’ai pas trop à me battre avec des rivaux pour ce genre de personnage", sourit Roschdy. Sans gonfler du muscle pour autant. "J’arrive aussi à un âge (59 ans, ndlr), ou ça peut devenir pathétique! J’ai un fils, et lorsque je le regarde, je me dis: ‘‘attention à ne pas être ridicule’’. ‘‘L’action héro’’, c’était un fantasme de gamin, et en jouer aujourd’hui est toute l’ironie de l’histoire…"

Lyna Khoudri, elle, a dû puiser dans toutes sa palette d’émotions pour Eva, cette humanitaire qui doit servir d’interprète lors des négociations avec les talibans. Quitte à devenir leur cible. "On s’est inspiré de personnages qui ont réellement existé, et qui se sont trouvés, comme elle, là où ils n’auraient jamais dû être…"

Tous sont marqués par un tournage qui a restitué tous les périls de la situation à Kaboul, même sur les plateaux de Casablanca.Génération diversité

Roschdy Zem se souvient avec délectation de son premier Festival de Cannes. C’était il y a trente ans, et il se comportait comme un enfant dans un magasin de bonbons. "Je n’étais pas encore tout à fait acteur, je débutais. J’ai vu Tony Curtis et je lui ai sauté dans les bras, pareil pour Andy Garcia, en criant: ‘‘Andy Gaaaaarcia’’! se marre-t-il. J’étais vraiment comme un gamin foufou, un peu relou!"

Depuis, sa carrière parle pour lui, et c’est Roschdy qui signe des autographes. En imposant un nom d’origine immigré, qui a installé une diversité au sein d’un cinéma français qui en manquait.

"Ce sont des metteurs en scène tels que Beauvois, Chéreau ou Jolivet qui m’ont confié des rôles moins stéréotypés et ont fait avancer les choses, approuve l’intéressé. Avec Sami Bouajila, on a eu la chance d’arriver au bon moment au cinéma, avec des personnages plus complexes qui font partie intégrante de l’histoire et dont l’origine n’est pas un enjeu."

La preuve, Roschdy Zem prête aussi ses traits à Yves Montand (avec Marina Foïs pour jouer Simone Signoret), dans le biopic de Diane Kurys, Moi qui t’aimais, également présenté à Cannes.

Lyna Khoudri n’est pas la dernière à leur en être reconnaissante – "Roschdy fait partie de mes modèles inspirants quand j’étais enfant", déclare-t-elle –, et elle s’invite naturellement à tous les castings. Y compris Les Trois mousquetaires!

Martin Bourboulon, Lyna Khoudri et Roschdy Zem. photo A. C. Photo A. C..

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