78e Festival de Cannes: prix d'interprétation en 2021, l'actrice norvégienne Renate Reinsve de retour à Cannes avec "Valeur sentimentale" de Joachim Trier

Lauréate du Prix d’interprétation en 2021, la Norvégienne rempile avec Joachim Trier pour "Valeur sentimentale". Une relation père-fille brouillée par les affres du processus créatif.

A.C. Publié le 23/05/2025 à 11:45, mis à jour le 23/05/2025 à 13:47
Renate Reinsve, lors du photocall de ce jeudi. Photo Patrice Lapoirie

Il est un peu plus de quatorze heures, mercredi, sur la Terrasse Albane, et Renate Reinsve nous salue d’une franche poignée de main, souriante et impeccable dans sa tenue Louis Vuitton.

Si Cannes invite à se présenter sous son meilleur jour, griffé de pied en cap, la Norvégienne n’est pas du genre à jouer les divas. Ni à s’attacher aux objets.

Dans Sentimental Value, sa troisième collaboration avec son compatriote Joachim Trier – après Oslo 31 août (2021) et Julie (en douze chapitres), le film lui ayant permis de recevoir le Prix d’interprétation à Cannes en 2021 –, sa sœur l’incite à récupérer des objets rassemblés après le décès de leur mère.

Nora, son personnage, une comédienne de théâtre, hésite à s’encombrer, physiquement et sans doute mentalement. Elle opte pour un vase, juste parce que sa sœur le voulait aussi.

Dans la vraie vie, Renate Reinsve estime être "très attachée à des choses". "Mais je les perds tout le temps." Aurait-elle poussé le bouchon jusqu’à égarer son trophée cannois? "Non! Il est rangé dans une boîte, il ne bougera jamais! Sauf si le jury revoit le film et reconsidère ma performance", rit-elle.

À l’écran, dans le troisième long-métrage de Joachim Trier, c’est moins la joie, même si Nora conserve une certaine fantaisie dans les moments les plus embrumés.

Elle et sa sœur Agnes (Inga Ibsdotter Lilleaas) voient leur père (Stellan Skarsgård) débarquer à nouveau dans leur vie, lui qui a été si souvent absent, préférant réaliser des films et enchaîner les conquêtes.

Pour avancer, Agnes a décidé de mener une vie bien rangée. Nora, elle, s’est détournée du chemin que le paternel voulait tracer pour elle au cinéma. Elle joue la comédie, mais au théâtre.

Elle vibre pour ça, mais il lui arrive souvent d’être dans une grande détresse émotionnelle avant de fouler les planches. Renate Reinsve a-t-elle compris pourquoi celle qu’elle incarne s’inflige tout cela?

La question de la transmission

"Je pense qu’elle porte tellement de poids qu’elle ne comprend pas d’où ça vient et qu’elle n’arrive pas à faire entrer ça dans un cadre normal. La meilleure façon de se comprendre en profondeur, pour elle, c’est de se retrouver sur scène et de jouer."

Des questions, Nora s’en pose beaucoup. Et ces enjeux existentiels passionnent la subtile Renate.

"On se demande si la manière très différente dont elle et sa sœur ont construit leur vie est déterminée par leur personnalité ou ce qui s’est passé dans leur maison. La réponse n’est pas claire, et c’est ce qui me plait le plus dans ce film."

La maison familiale, balayée par la caméra de Joachim Trier, devient un protoganiste important. C’est en son sein que Gustav tente de monter son film, comme une sorte de thérapie vouée à l’échec.

C’est là, aussi, qu’il accueille Rachel Kemp, la star hollywoodienne (incarnée par Elle Fanning) pour la convaincre d’accepter le premier rôle, décliné par sa fille, qui n’a même pas pas voulu lire son script.

Stellan Skarsgård, qui partage l’affiche avec Renate Reinsve, a huit enfants, dont quatre font carrière dans le cinéma. Et dans le foyer des Reinsve, ça donnait quoi? "C’est simple: ma famille entière travaille dans une quincaillerie. J’étais très loin de tout ça. J’étais libre et je me sentais seule à la fois."

Ce qu’on en a pensé

L’élégance du cinéma de Joachim Trier va de pair avec une certaine langueur. Le gage d’un récit où les sentiments sont contrastés, subtils, jamais trop souligné pour ses fidèles.

Le risque d’avoir l’impression de contempler un tableau réussi, classique, pour lequel on pourrait avoir du mal à véritablement s’enthousiasmer.

Sans certitude, on aurait tendance à basculer légèrement vers le deuxième camp, la fatigue de fin de quinzaine arrivant. Et peut-être par manque de références bergmaniennes, un terrain sur lequel le Norvégien Trier s’est engagé.

La possibilité de se perdre dans un processus créatif "plus grand que la vie", l’égocentrisme pouvant pousser les artistes à négliger ceux qui les entourent, la difficulté de communiquer avec ceux que l’on aime ou encore l’importance, positive ou négative, de ce que l’on transmet, traversent Sentimental Value.

Un pur film de Festival offrant à Renate Reinsve, fascinante et déroutante, et à Stellan Skarsgård, solide en père paumé et en cinéaste sur le retour, un écrin pour exprimer leur talent.

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