"Je ne veux prendre aucun risque pour mes enfants". Si Benoit*, professeur d’histoire géographie dans un collège du Var, a accepté de nous confier son témoignage, c’est uniquement après lui avoir garanti un total anonymat. Son histoire remonte à la fin de l’année scolaire, quatre mois avant l’attentat à Arras, qui a coûté la vie à Dominique Bernard.
Une personne, via un pseudo, l’a interpellé sur Facebook. "Il a digressé en indiquant que j’étais anti-islam car je faisais des cours sur la laïcité, raconte notre interlocuteur, inquiet de l’ampleur que pourrait prendre un tel message sur les réseaux sociaux. Est-ce un élève ou quelqu’un d’autre à qui on a rapporté ce qui se passe à l’école?"
Enseigner malgré tout
Celui-ci ajoute, fataliste: "Aujourd’hui, quand vous faites un cours sur la laïcité, quand vous parlez de Darwin ou quand vous défendez la liberté d’expression, vous êtes considéré comme anti-Islam. Pour certains, c’est s’attaquer directement à la religion, alors que ça fait partie du programme officiel."
Capture d’écran en pièces jointes, Benoît s’est alors rendu au commissariat pour déposer plainte contre X pour diffamation et calomnie. L’instruction est en cours. "Ce sont des situations auxquelles nous n’étions pas encore confrontés il y a 5, 10 ans, déplore-t-il. On assiste aux premières loges à la montée de l’islamisme politique, y compris chez les jeunes élèves. Ce qui est assez inquiétant. Mais qui va s’occuper d’eux? On n’a pas le droit de ne plus aller à l’école."
*Le prénom a été modifié
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