Salah Abdeslam, homme-clé des attentats de Paris, refuse de s'exprimer devant les juges

Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos jihadistes du 13 novembre, a refusé de s'exprimer vendredi lors de son premier interrogatoire devant les juges d'instruction à Paris, une étape qui était très attendue, six mois après les attentats de Paris.

AFP Publié le 20/05/2016 à 13:45, mis à jour le 20/05/2016 à 13:47
Salah Abdeslam.
Salah Abdeslam. Photo AFP

L'audition devant les magistrats qui l'avaient mis en examen, notamment pour assassinats terroristes, le 27 avril, lors de sa remise par la Belgique à la France, a tourné court: Salah Abdeslam "n'a pas souhaité s'exprimer aujourd'hui", a déclaré en fin de matinée à l'AFP un de ses avocats, Frank Berton.

Il a "d'entrée de jeu fait valoir son droit au silence", a confirmé le parquet de Paris. "Il a également refusé de préciser les raisons le conduisant à faire un tel usage de son droit au silence" et même "de confirmer les déclarations qu'il avait précédemment faites devant les policiers et devant le juge d'instruction belges".

Le petit caïd radicalisé devenu le fugitif le plus recherché d'Europe jusqu'à son arrestation le 18 mars à Bruxelles avait été extrait au petit matin de sa cellule de Fleury-Mérogis, au sud de Paris, où il est incarcéré à l'isolement, pour être conduit au palais de justice à bord d'un convoi escorté par le GIGN, l'unité d'élite de la gendarmerie, et par un hélicoptère.

"Salah Abdeslam est maître du moment qu'il choisira pour parler, l'important c'est qu'il parle et qu'il parle avant son procès", a poursuivi son avocat devant les journalistes.

Mais selon le parquet, le suspect-clé n'a pas pris l'engagement de s'exprimer dans l'avenir.

Pourtant, lors de sa mise en examen, Me Berton avait affirmé qu'il s'expliquerait "ultérieurement", de quoi susciter un espoir chez les victimes. "Ultérieurement, c'est pas aujourd'hui", a-t-il dit vendredi.

"C'est une attitude parfaitement scandaleuse. Tant Salah Abdeslam que ses conseils continuent d'exercer une forme de manipulation de l'opinion publique", a dénoncé Olivier Morice, un avocat des parties civiles, qui doivent être reçues pour la première fois par les juges d'instruction du 24 au 26 mai à Paris.

Silencieux depuis le 22 mars

Frank Berton a estimé que la vidéosurveillance 24h sur 24 dans la cellule de Salah Abdeslam "à l'évidence pose un énorme problème": "on peut penser que ça ne le conduit pas à collaborer avec l'institution judiciaire, manifestement ça le bloque", a estimé l'avocat. Fustigeant un dispositif "qui en l'état actuel du droit est illégal", il a prévenu qu'il allait "écrire aujourd'hui au ministre de la Justice".

Arrêté à Molenbeek, son quartier, après plus de quatre mois de cavale, Abdeslam est le seul protagoniste direct des attentats entre les mains de la justice française. Au coeur de la cellule, au soir des tueries et bien avant, il apparaît comme un acteur central de l'expédition meurtrière du 13 novembre qui a fait 130 morts et des centaines de blessés.

Ami d'Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attaques, Abdeslam a déposé les trois kamikazes du Stade de France avant d'être exfiltré vers la Belgique. Avant, c'est lui qui a loué des véhicules et des planques en région parisienne. Dans les mois qui précèdent, il a multiplié les voyages pour convoyer des membres du réseau à travers l'Europe, notamment Najim Laachraoui, possible artificier du 13 novembre mort en kamikaze lors des attentats du 22 mars à Bruxelles qui ont fait 32 morts.

Abdeslam détient donc des informations cruciales sur la conception du projet jihadiste, ses commanditaires et d'éventuels complices encore dans la nature. Il peut aussi aider à démêler les liens entre les attentats de Paris et Bruxelles, fomentés par la même cellule du groupe Etat islamique (EI). Interrogé en Belgique après son arrestation, il avait d'abord minimisé son rôle, avant de se murer dans le silence notamment après les attentats de Bruxelles.

Dans cette enquête tentaculaire, plus d'une vingtaine de personnes ont été mises en examen ou inculpées, principalement en Belgique. Les juges français ont délivré récemment quatre autres mandats d'arrêts visant des suspects détenus en Belgique, dont trois soupçonnés d'avoir aidé Abdeslam dans sa fuite.

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