Mort de Cédric Piozzi à Nice: un ADN retrouvé, la thèse criminelle se renforce

Selon nos informations, un ADN a été retrouvé dans l’enquête sur la mort de cet homme de 47 ans. Une affaire que la police avait hâtivement traitée en suicide.

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Grégory Leclerc Publié le 29/04/2025 à 07:00, mis à jour le 29/04/2025 à 08:30
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Cédric Piozzi venait de fête ses 47 ans. DR

Enfin, un juge d’instruction semble vouloir avancer dans le dossier de la mort suspecte de Cédric Piozzi, le 2 novembre 2022 à Nice. Et les premières conclusions qui viennent d’être apportées à la sœur du défunt semblent renforcer la piste criminelle. Dès le début, la thèse du suicide avait pourtant été hâtivement rendue par les services de police.

Selon nos informations, la juge Manon Lipiansky - qui a repris le dossier en mains - a rencontré la sœur de Cédric Piozzi, Nancy G., début avril. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la sœur de la victime n’avait jamais été entendue en plus de deux ans d’enquête par un juge d’instruction.

Selon nos informations, un ADN a été retrouvé sur le bandeau d’une des portes palières de l’ascenseur. À qui appartient cet ADN? On ignore à ce stade s’il a matché. L’avocat niçois de Nancy G., Me Benjamin Taieb, a refusé de commenter nos informations. Pour la sœur du défunt, ces avancées sont "une satisfaction". Elle estime que "la juge s’implique et croit en ce qu’elle recherche. Je me sens enfin entendue. Il ne se passait rien depuis deux ans et demi."

Quand il a été retrouvé en novembre 2002, son frère gisait totalement nu, au fond de la fosse de l’ascenseur, vraisemblablement décédé d’une chute de 14mètres. Et ce, du 4e étage de la pension "Astoria" qui héberge des personnes fragiles socialement boulevard François-Grosso.

Comment peut-on chuter dans une cage d’ascenseur et retrouver toutes les portes de sécurité fermées? Ce seul "détail" n’aurait-il pas dû alerter les services de police? Personne n’enquêtera, ou presque. Les premières conclusions policières ont convergé vers la thèse du suicide. Il faudra que Nancy G., sa sœur, contacte Nice-Matin un mois après les faits, désespérée qu’on lui oppose cette thèse, pour que le dossier éclate à la lumière du jour.

Très vite, Nice-Matin a découvert qu’une clé de sécurité avait été utilisée cette nuit-là pour ouvrir et refermer une des portes de l’ascenseur, laissant une trace électronique. La porte du 4e, celle d’où est tombé Cédric Piozzi, a bien été ouverte, puis refermée après la chute. Ces clés, dédiées aux professionnels, s’achètent aussi pour une quinzaine d’euros sur le Net. Interrogée par Nice-Matin, l’adjointe au procureur de la République, Maud Marty, avait confirmé que le rapport de l’ascensoriste indiquait qu’une clé spéciale avait été utilisée "avant et après la mort". Mais par qui? Impossible d’imaginer que ce soit Cédric Piozzi. On ne se jette pas dans une cage d’ascenseur, pour se suicider, en refermant la porte de l’extérieur...

Un témoin capital mort avant d’être entendu

Le procureur de la République avait également confirmé que ses vêtements ont bien été retrouvés mouillés sur le palier du 4e. Cédric habitait le 5e. Très peu de résidents n’avaient été jusqu’ici interrogés par la police. Nice-Matin avait pourtant publié le témoignage essentiel de l’un d’eux, un mois après les faits. Il indiquait qu’il avait clairement entendu "Au secours!" cette nuit-là.

Ce témoin capital ne pourra hélas jamais être interrogé par la police. Il est mort en janvier 2025. Son audition était pourtant prévue et réclamée par la sœur de la victime. Mais la justice a tant tardé que son cercueil a été refermé avant même qu’il ne puisse répondre aux questions des enquêteurs.

Selon nos informations, l’audition de la partie civile, début avril par la juge, a tout de même permis de révéler que les autres résidents ont, enfin, été auditionnés en décembre 2024 et en janvier 2025, soit deux ans et deux mois après les faits...

Un scellé perdu par la justice?

Durant cette audition par la juge d’instruction, le rapport d’autopsie a été livré à la sœur de la victime. Un moment terrible pour celle qui a fait, de la vérité sur la mort de son frère, un combat. "Ça m’a appris que ça ne peut être qu’un meurtre et pas autre chose. Je pense qu’il a pu être violenté avant."

L’audition a été éprouvante. "J’ai été surprise que la juge d’instruction me demande si j’avais en ma possession les vêtements de mon frère", s’étrangle Nancy G. "Je n’arrivais pas à le croire, raconte-t-elle. Je pense que cette enquête a été bâclée car ils ont cru que c’était un suicide." Ce scellé des vêtements est-il toujours au dossier? D’autres expertises ont été demandées.

À chaque fois que la sœur du défunt croit faire un pas en avant, elle a le sentiment de reculer de deux. Déterminée, Nancy G. attend que la vérité éclate. Elle exige que "justice soit faite, que les personnes soient retrouvées. Je pense qu’il n’y avait pas qu’un seul auteur".

Cédric Piozzi, un enfant de l’Ariane

La veille de sa mort, Cédric Piozzi fêtait ses 47 ans. Ce Niçois de l’Ariane était un homme de forte stature, costaud. "Mais il s’était mis au régime", avait témoigné à l’époque dans nos colonnes Valérie, sa meilleure amie, avec laquelle il avait eu une brève liaison de six mois. "Il voulait me plaire", avait-elle commenté.

Placé sous curatelle, Cédric Piozzi résidait depuis cinq ans dans la pension de famille Astoria du boulevard François-Grosso. Il occupait une petite piaule de deux pièces, au 5e étage. Un de ses tableaux, réalisé avec les résidents, est affiché sur un des paliers face à la cage d’ascenseur où il a mortellement chuté de 14mètres. Rouge uni, ce tableau comporte la mention "sunshine" en lettres d’or.

Fumeur, Cédric passait du temps sur la terrasse collective au rez-de-chaussée. Il appréciait aller nager sur la Prom’ toute proche. Il a connu, selon sa sœur, une enfance très difficile. "Il a été victime de violences de son père. Nous avons été placés en foyer, très jeunes. Cédric a été en détresse d’amour et d’affection. Mon frère était resté enfant, il fallait quelqu’un pour s’occuper de lui", témoigne sa sœur, Nancy G. Après avoir fréquenté le collège Maurice-Jaubert de l’Ariane, Cédric Piozzi s’était lancé dans un CAP d’horticulture à Fontainebleau. Puis il était devenu serveur, passant notamment par le Negresco ou un établissement du cours Saleya.

"Il n’avait pas d’ennemi"

Il avait ensuite travaillé dans l’aide à domicile où il s’occupait de personnes âgées. Il avait eu un enfant, qu’il avait abandonné à l’âge de trois ans.

De lui, son amie Valérie indiquait qu’il était "pudique", qu’il n’avait "jamais fait de crise de démence" et "n’était pas suicidaire". Cédric Piozzi était passé, selon elle, par une phase alcoolique mais s’était arrêté. "Disons qu’il ne tenait pas l’alcool, avait corrigé sa sœur. Après deux bières il titubait."

Il n’avait pas d’ennemis connus. Le 27 novembre 2022, Cédric avait prévu d’aller voir le concert à Nice de Slimane et Vitaa, et s’en réjouissait d’avance. Il sera mort avant.

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