Deux mises en examen, trois personnes recherchées, de possibles donneurs d’ordre: le point sur l'incendie mortel dans le quartier des Moulins à Nice

Le procureur de la République de Nice a tenu un point presse, ce lundi soir, et fait le point sur les deux interpellations déjà menées qui devraient mener à deux mises en examen.

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Grégory Leclerc Publié le 22/07/2024 à 19:39, mis à jour le 22/07/2024 à 19:44
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Le procureur de la République, Damien Martinelli, a tenu une conférence de presse sur le drame de la rue de la Santoline, le 18 juillet aux Moulins, en présence de Frédéric Pizzini, directeur interdépartemental de la Police Nationale, et Eric Antoneti, chef du service interdépartemental de la police judiciaire. "Je souhaite d’abord avoir une pensée pour les sept personnes décédées, trois enfants, un adolescent et trois adultes. Pour celle qui a été grièvement blessée dont le pronostic vital n’est plus engagé depuis vendredi soir et pour toutes les autres victimes, directes et indirectes."

Le procureur a également souhaité saluer la "très grande dignité des familles" et des proches des victimes "qui ont exprimé leur confiance dans la réponse des autorités publiques."

Le procureur a évoqué la forte mobilisation qui s’est mise en place "de toutes parts" pour venir en soutien de toutes celles et tous ceux qui sont dans la douleur et les difficultés. "Nous continuerons bien sûr à être présents à leurs côtés pour les accompagner dans le cadre de la procédure judiciaire." Le procureur a évoqué un "devoir de vérité et de justice".

Près d’une cinquantaine de fonctionnaires de police, notamment du service interdépartemental de police judiciaire ont été engagés et ont travaillé 24h/24. La brigade de recherche et d’intervention de Nice et la BRI nationale ont été mobilisés.

"Cette mobilisation et la qualité du travail accompli ont porté leurs fruits."

Les causes de l’incendie

Une enquête a été ouverte du chef de "destruction volontaire par incendie en bande organisée, ayant entraîné la mort et d’association de malfaiteurs en vue de la commission de faits de destructions volontaire par incendie, en bande organisée". Les prévenus en encourent la perpétuité.

Le procureur a rappelé que trois départs de feu étaient intervenus au premier, deuxième et troisième étages. "Cette pluralité de mise à feu ayant contribué à la propagation très rapide des flammes". Des traces de produits accélérant en quantité significative ont été relevées. "Les trois feux allumés ont développé des flammes et des fumées dans la cage d’escalier qui se sont trouvées bloquées au septième et dernier étage. Un appel d’air au dernier étage a provoqué un embrasement violent qui s’est propagé très rapidement dans l’appartement des victimes."

Sans l’intervention "rapide, efficace" des pompiers, dans un contexte difficile, dangereux, "le bilan absolument dramatique aurait été encore plus lourd", note le procureur. Selon lui, "il ne fait aucun doute qu’en dispersant des produits accélérant à trois étages pour déclencher un incendie, en pleine nuit, dans un immeuble d’habitation, les auteurs se sont mis en situation de tuer des personnes surprises dans leur sommeil par les flammes, les gaz et les fumées."

La mise à feu le modus operandi

"Grâce aux images de vidéo surveillance, il était mis en évidence l’implication d’un véhicule Renault Clio Type V, de couleur noire. Ce véhicule était vu à 2H03 circulant sur le pont Napoléon-III à Nice. Il se rendait dans le quartier des Moulins où il circulait pendant plusieurs minutes." À 2h15, trois individus "d’apparence plutôt jeune", se trouvaient devant le hall, essayaient de rentrer en vain devant l’immeuble et repartaient. Un était porteur d’un tee-shirt blanc manches courtes et jean bleu, un porteur d’un haut noir capuche avec bermuda, et un porteur d’un tee-shirt sombre, manches courtes et bermuda.

À 2h23, le véhicule était vu à l’angle de la rue de la Santoline, stationné dans le sens du départ. À 2h25, l’individu porteur du haut blanc frappait à quatre reprises la porte vitrée avec une pierre trouvée sur place. Le porteur du haut noir semblait tenir un téléphone de grande taille, le troisième paraissait surveiller. "La vitre finissait par céder et après avoir actionné le bouton intérieur de la porte, les trois individus entraient à 2h26 et ressortaient environ une minute plus tard. L’incendie se déclarait très rapidement."

À 2h29, le véhicule était vu s’engageant sur la bretelle de l’autoroute A8 en direction de Saint-Laurent-du-Var. La téléphonie, géolocalisation, les fadettes, ont permis d’identifier les lignes utilisées par les auteurs.

Les membres du groupe

Un placement en garde à vue a eu lieu le 18 juillet peu avant 16 heures. Un avocat indiquait qu’un individu s’était présenté à son cabinet, "indiquant avoir été contraint d’accompagner en voiture plusieurs individus dans le quartier des Moulins". En découvrant les informations faisant état de sept décès, l’individu a expliqué avoir voulu informer les services de police de son implication. "Âgé de 25 ans, résidant et exerçant une activité professionnelle dans les Alpes-Maritimes, il était connu des services de police pour des faits mineurs." Il a conduit les enquêteurs à la Clio louée, qui a été saisie. "Après quatre auditions, il reconnaissait avoir conduit à l’aller et au retour le véhicule Clio V qu’il avait sous loué à la demande d’un ami, sans être ni informé ni associé aux faits criminels." Le procureur estime que différents éléments permettent à ce stade "d’envisager une implication beaucoup plus forte que celle reconnue".

 

Grâce au travail d’enquête, un second individu était interpellé dimanche 21, vers 16 heures à Noisy-le-Grand en région parisienne par la brigade de recherche et d’intervention nationale. L’homme, 21 ans, est habituellement domicilié dans le Val d’Oise. "L’intéressé, connu des services de police, présentait des antécédents judiciaires pour des faits mineurs." Il présentait des bandages aux jambes. "Les éléments réunis permettent de penser que les blessures étaient des brûlures récentes." Il a été transféré à Nice. L’homme a fait jouer son droit au silence, reconnaissant juste être impliqué.

"Les investigations permettent d’envisager l’implication de cinq individus." Trois dans l’immeuble pour déclencher l’incendie, deux dans le véhicule.

Trois individus sont encore recherchés, selon le procureur de la République: un individu de 23 ans des Alpes-Maritimes est recherché, un de 18 ans du Val d’Oise et un de 17 ans domicilié en Seine-Saint-Denis.

Le mobile du passage à l’acte

"Sur ce mobile, la piste de faits intervenants dans le cadre d’un conflit sur fond de trafic de stupéfiants se confirme", a indiqué le procureur. "L’incendie criminel est susceptible de présenter un lien avec le contrôle de points de vente de stupéfiants situés à proximité de l’incendie. Il apparaît que les victimes des faits ne sont en aucune manière directement ou indirectement concernées par ce conflit de territoire."

Le procureur de la République ouvre ce lundi soir une information judiciaire et demande la nomination de deux juges d’instruction. Une information judiciaire ouverte pour "destruction volontaire par incendie en bande organisée ayant entraîné la mort; association de malfaiteurs en vue de la commission de faits de destruction volontaire par incendie en bande organisée."

Le procureur y ajoute l’infraction "d’associations de malfaiteurs en vue de faits de détention, transports, acquisition, offre ou cession de stupéfiants". "Elle vient traduire juridiquement la dimension de contrôle d’un point de vent de stupéfiants". Damien Martinelli a rappelé que "la destruction volontaire par incendie en bande organisée ayant entraîné la mort, la réclusion criminelle à perpétuité est encourue". Rappelant la présomption d’innocence, le parquet a réclamé la mise en examen des deux suspects et leur placement en détention, notamment pour "mettre fin au trouble exceptionnel et persistant à l’ordre public provoqué par la gravité et les circonstances des infractions".

Enfin, le procureur a indiqué que les investigations conduiront aussi à recherche "de possibles donneurs d’ordre qui auront eux-aussi, le moment venu, à assumer leur responsabilité dans ce drame."

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