À La Torre, tristesse et colère devant le garage de la mort après les inondations meurtrières en Espagne

Huit personnes ont perdu la vie dans un garage d’une petite rue du village de La Torre. Toutes, ou presque, étaient descendues chercher leur voiture

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De notre envoyé Grégory Leclerc Publié le 01/11/2024 à 17:00, mis à jour le 01/11/2024 à 18:17
Huit personnes sont mortes dans ce garage de la rue Mariano-Brull, à La Torre près de Valence. Crédit photo (Web uniquement).

Norberto est amer. Plus qu’amer d’ailleurs. En colère. "Ils les ont tués. Si nous avions été alertés sur la violence des pluies, si les autorités avaient fait leur boulot, ils seraient encore parmi nous." La rue Mariano-Brull, 200mètres tout au plus, dans la commune de la Torre, ressemble à toutes les autres en ce vendredi. La boue a uniformisé la physionomie des villages, peignant de marron tout ce qui se trouvait à moins de 1,50m de hauteur. La Torre est un petit village de 5.000 habitants distant de quatre kilomètres de Valence.

En ce vendredi matin, la rue Mariano-Brull, située à 250mètres du stade de foot du Torre AC, est jonchée, devant chaque entrée d’immeuble, de chaises, de tables, de vêtements, d’objets du quotidien. Tous devenus inutilisables et entassés sur le trottoir. Bon à jeter.

Les bénévoles s’affairent dans la rue, poussant la fange gluante vers les bouches d’égout. Peu osent jeter un œil vers le garage de la mort. Il est là, au N° 4, ouvert. Son obscurité résonne désormais comme une plaie béante dans la mémoire commune. Huit personnes y ont perdu la vie quand le fleuve Turia, au nord de la ville, a soudainement quitté son lit. Sur le mur, on distingue encore la marque laissée par l’eau.

"C’est atroce"

Une rubalise de la police espagnole en barre l’entrée. Deux pompiers s’affairent autour d’une pompe à eau qui tourne bruyamment pour vider les sous-sols. Ils la réalimentent de temps en temps en essence avec une bouteille, elle aussi souillée de boue. Au sol, une bonbonne de gaz et une couverture de survie. Pourtant, personne n’est jamais ressorti de ce garage vivant, mardi, soir au plus fort de la tempête. "C’est atroce", conclut Norberto qui tourne les talons pour retourner à son appartement, inondé lui aussi, à quatre rues de là.

On se souvient qu’en 2015, sur la Côte d’Azur, nombre de personnes avaient péri dans leurs garages, à Mandelieu-la-Napoule notamment (20 morts au total). Ce fut le cas mardi soir à La Torre. Une crue fulgurante. Plusieurs personnes, de familles différentes, sont alors descendues dans les deux sous-sols du garage du N°4 de la rue Mariano-Brull. Dont un policier de l’unité du 7e district. Il voulait mettre sa voiture en sécurité. Idem pour un couple et leur fille, qui n’ont pas survécu non plus. Alors qu’ils se trouvaient tous en sous-sol, la porte d’entrée extérieure du garage a soudain explosé sous la pression de l’eau. Selon le quotidien El Mundo, citant des témoins, une femme qui passait dehors a également été littéralement aspirée par le flot dans la descente du garage. Elle compte au rang des victimes.

Les corps ont été extraits et transportés par les camions réfrigérés des services des pompes funèbres. "Je ne veux pas en parler, c’est trop douloureux", commente une voisine, en se signant la poitrine.

Ce vendredi, des pompiers s’affairaient encore à vider l’eau des sous-sols, à l’aide d’une pompe. Grégory Leclerc.

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