"Mon bébé ne reviendra jamais": une douloureuse marche blanche en hommage au petit Nahyl, décédé après une chute d’un immeuble à Grasse

Une quarantaine de personnes se sont réunies, ce dimanche, pour rendre hommage au garçonnet décédé, après une chute du 8e étage d’un immeuble, survenue mardi 6 mai. Sa maman, Sundes, espère prévenir de futurs accidents.

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Arnaud Ciaravino Publié le 18/05/2025 à 15:50, mis à jour le 19/05/2025 à 15:26
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Le visage tordu par la douleur, Sundes Trad se questionne, la tête enfouie dans ses mains: "Comment je vais faire pour avancer? Je n’ai plus envie de vivre."

Douze jours après la perte de son fils Nahyl, âgé de deux ans environ, tombé du huitième étage de la résidence Les Romarins, à Grasse, malgré la surveillance de ses grands-parents, depuis une fenêtre dépourvue de garde-corps, la jeune femme n’est plus que désespoir.

Ce dimanche matin, elle a trouvé la force de participer à la marche blanche uniquement pour transmettre ce message: " Mon bébé ne reviendra jamais, mais je veux empêcher qu’un autre drame de ce genre survienne à nouveau dans cet immeuble. Je ne souhaite ça à personne, même pas à mon pire ennemi."

La gorge nouée, ses sanglots étouffent ses mots, qui ne parviennent à jaillir de nouveau qu’au contact des mains tendues par ses proches.

Effondrée, Shéhérazade Trad, sa sœur, partage la même douleur sourde et insondable: " C’était comme mon fils. Je ne pensais pas ressentir ça un jour. J’ai mal au ventre en permanence… Il était aussi mon sang, ma chair. "

"L’immeuble est silencieux"

Le petit Nahyl était tombé d’une hauteur de trente mètres. Photo Mangeonjean Paul.

Devant l’immeuble, environ quarante personnes — proches, amis, voisins — se sont rassemblées pour entamer la procession en mémoire du garçonnet.

Des têtes se tournent et des doigts se tendent également vers les petites fenêtres. "J’habite ici depuis 1981, indique Vicky. Avant, il y avait des barrières pour prévenir les chutes. Il a suffi d’une seule rénovation pour que ces protections soient retirées, faute de place pour installer les nouveaux volets coulissants. C’est grave." L’habitante, qui confie souffrir de troubles du sommeil depuis le drame, décrit un immeuble désormais "silencieux ", sidéré, encore sous le choc.

Pour le collectif fraîchement formé " Pour Nahyl et sa maman ", il n’est pas question d’en rester là. " Nous porterons cette affaire devant la justice, promet Vanessa Buonomano, cadre de santé à l’Ehpad Korian Parc de Mougins et collègue de Sundes Trad. Des contrôles stricts et réguliers doivent être mis en place par les pouvoirs publics afin de garantir la sécurité des usagers. "

Peu après le tragique accident, le bailleur Logis Familial avait annoncé le lancement d’un audit de sécurité des fenêtres. Une enquête policière est également en cours pour faire toute la lumière sur les circonstances de cette terrible chute de trente mètres.

"J’avais pourtant signalé à plusieurs reprises des problèmes dans mon logement, dont les fenêtres", jure la maman, qui aurait fait l’inventaire des malfaçons et délabrements quelques mois en arrière.

Des élus locaux absents

La marche blanche a réuni une quarantaine de personnes. Photo Mangeonjean Paul.

Après de longs échanges, le petit cortège s’est élancé en fin de matinée depuis le boulevard Albert-1er jusqu’à la place du cours Honoré-Cresp. Lunettes de soleil sur le nez, Sundes Trad semblait vidée, à peine capable de tenir une fleur de lys qui pendait au bout de ses doigts.

À l’issue d’une minute de silence, à peine troublée par les rires d’enfants jouant à proximité, Vanessa Buonomano a pris la parole, remerciant les personnes présentes et déplorant "l’absence des élus" grassois.

"C’est pourtant grâce à eux, aux pouvoirs publics, que la situation peut s’améliorer afin d’éviter de futurs accidents", estime-t-elle avec assurance. Contactée, la municipalité dit avoir voulu rester discrète "par respect pour la famille en deuil" et "éviter toute récupération politique". Le maire, Jérôme Viaud, aurait appelé les parents et se serait engagé à leur relogement.

Incapable de rentrer chez elle, Sundes Trad, la maman de Nahyl, a demandé à être relogée. Photo Mangeonjean Paul.

Incapable de retourner dans son appartement, la mère de Nahyl a engagé une procédure en ce sens. En parallèle, une cagnotte en ligne, qui a déjà récolté plus de 9.500 euros, a été lancée pour "lui apporter un soutien concret, l’aider à faire face aux frais liés au décès de son enfant, mais aussi l’accompagner dans son quotidien, alors qu’elle doit se reconstruire sans la présence de son petit garçon".

"Des fonds issus de l’entreprise où elle travaille vont également être débloqués pour financer les obsèques", précise de son côté la cadre de santé.

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