D'un côté, Monaco. De l'autre, Beausoleil. La France et la Principauté se font face. Ici, aux confins des deux États, seule une rue les sépare. Boulevard du Général-Leclerc à Beausoleil, boulevard de France à Monaco.
Difficile de faire la différence entre les deux pays. D'accord, côté monégasque, un joaillier a posé des drapeaux rouge et blanc dans sa vitrine. Le glacier a accroché un portrait du prince Albert II et de son épouse.
Mais tout de même. Il faut savoir qu'en quelques pas, une frontière se franchit.
"Là tu vois, on passe côté français", glisse d'ailleurs un homme à une dame qui l'accompagne. Ils marchent dans le boulevard de la République, une artère qui donne sur la rue frontalière.
Et viennent de passer devant l'une des nombreuses boutiques qui jalonnent la zone. Des commerces "bien situés", selon beaucoup de ceux qui les gèrent.
"Moins cher qu'à Monaco"
"C'est sûr que l'établissement est bien placé", glisse Claudine, à côté du zinc du PMU La Cravache, qu'elle gère avec Joaquin. Dans la salle, des cafés sont commandés en italien, avec un pincement des doigts du patron pour s'assurer qu'ils doivent être bien serrés.
On communique aussi en anglais. Et beaucoup parlent un langage universel, celui des courses hippiques.
Tant mieux pour les gérants: ici, la clientèle est plutôt cosmopolite.
"C'est la région qui veut ça, reprend Claudine. Avec les Philippins, on se comprend avec l'anglais. Et avec les Italiens… tout le monde parle italien dans la région."
Des Monégasques passent parfois sa porte d'entrée, quand ce ne sont pas des Français…
De toute façon, elle ne "voit pas de différence" entre les nationalités des clients. Et puis le café ou la bière mettent tout le monde d'accord, même si la tendance générale est à une baisse de la consommation.
L'emplacement a un autre avantage non négligeable. Beaucoup des habitants de Beausoleil travaillent en Principauté. Beaucoup viennent à pied. Et beaucoup passent devant sa devanture.
Ce chemin évident fait aussi, parfois, les affaires du traiteur Guarana, non loin de là. Autre avantage à la localisation: "Je pense que les gens préfèrent venir ici parce que ça coûte moins cher qu'à Monaco", juge Renata, derrière sa vitrine de farcis et autres lasagnes.
Elle peut compter sur une clientèle de Monégasques, pendulaires, et touristes.
"Beaucoup demandent s'ils sont à Monaco ou en France, livre-t-elle. Ils trouvent ça bizarre. On dirait qu'ils sont un peu déçus de ne pas être à Monaco."
Cartes postales de Monaco en France
Déçue de ne pas être à Monaco, Juliette ne l'est pas. La boutique Nocibé où elle travaille est située côté monégasque, elle.
Du coup, la clientèle vient parfois de la Principauté, et pour les autres, la parfumerie est un choix évident en venant du centre de Beausoleil.
Même si les habitants de la ville ne distinguent pas forcément la frontière: "Les jours fériés en France, on est ouverts. Les clients vont directement dans le centre-ville de Monaco. Ils pensent qu'on est en France aussi".
Un des commerces du secteur fait peut-être le lien entre les deux États un peu plus que les autres.
Dans ce tabac de la rue, des cartes postales de la Principauté attirent l'œil. Même si ici, c'est la France.
Explications: "On a essayé d'avoir des cartes postales de Beausoleil. Les fournisseurs n'en avaient pas".
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