Une installation tentaculaire et gratuite à voir au 109 à Nice

Biennale des Arts et de l’Océan: Jusqu’au 24 août, Ugo Schiavi investit le 109 avec "La Zone de minuit". Une immersion dans un univers rétrofuturiste composé de vidéo, de sons et de sculptures.

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Laurence Lucchesi Publié le 19/06/2025 à 13:15, mis à jour le 19/06/2025 à 13:15
Vue de l’exposition " La Zone de minuit " d’Ugo Schiavi. Photos Jean-Christophe Lett

En foulant, dans une obscurité quasi-complète, le sol de la Grande Halle des anciens abattoirs recouvert de sable, la sensation de perte de repères se fait instantanément.

Amplifiée par ce que l’on découvre au fur et à mesure que notre vision s’adapte à la pénombre: d’étranges créatures aquatiques flottant dans les airs, tandis qu’à nos pieds des sculptures hybrides, à la fois translucides et lumineuses, aux allures d’aliens, font s’entrelacer, sur fond sonore lancinant, la fiction et le réel.

Prix Bernar Venet et Jeux olympiques

Ainsi nous apparaît, au cœur du 109, "La zone de minuit", une exposition faisant partie de la Biennale des arts et de l’océan, La mer autour de nous. Et qui a vu le jour grâce à une carte blanche donnée par le Mamac, (dans le cadre de sa programmation hors les murs) le 109 et la Station à l’artiste Ugo Schiavi. Ce Toulonnais d’origine, diplômé de la villa Arson et qui vit désormais à Marseille, est lauréat du prix Bernar Venet 2011. Artiste international, Ugo Schiavi a participé notamment au Voyage à Nantes en 2021, la Biennale de Lyon en 2022 et a reçu la commande de la sculpture Euphoria pour le village des athlètes à l’occasion des Jeux olympiques de Paris en 2024.

Son bio acoustique

"J’avais déjà travaillé autour de la question de la mer, des océans, de la pollution, de l’empreinte de l’homme dans cet environnement-là, distille-t-il. Mon expo à Arles s’intéressait aussi à ces sujets-là, la question du Rhône, de la Méditerranée. En revanche, les abysses, c’est la première fois que je m’y plonge." Quant au côté immersif, il est axé sur un parti pris: "J’avais la volonté d’utiliser le lieu, mais aussi de l’amener ailleurs, afin que même les gens auquel il est familier ne puissent pas le reconnaître."

Une expérience dont le son a été conçu en collaboration avec un bio acousticien dont les recherchent portent principalement sur l’enregistrement et l’étude des sons des abysses. Afin de comprendre l’impact de la pollution sonore humaine sur les grands mammifères marins. Mixé avec des éléments travaillés de façon purement digitale, cet habillage se fait enveloppant.

Modélisation 3 D et numérisation

Pour obtenir les créatures-sculptures, Ugo Schiavi les a d’abord modélisées en 3D, puis matérialisées, avant de les faire revenir à leur état numérique, afin qu’elles deviennent les protagonistes d’un film en images de synthèse. Dans un va-et-vient continu entre le monde virtuel et le monde physique. Pour aboutir à cet univers complètement fantasmé. "On connaît 3% à peu près de ce qui se passe sur nos pieds. Pourtant, c’est l’origine de la vie. Mais on préfère aller dans le ciel, sur Mars, sur la Lune, qu’explorer la mer."

Suspendues aux structures métalliques qui accueillaient autrefois des carcasses animales, les créatures sculptures (dont le verre est le matériau principal (1)) dévoilent par transparence un réseau complexe de câbles et de dispositifs technologiques. Des déchets qui évoquent les câbles courant le long des fonds marins comme des veines artificielles. L’installation rappelle à la fois que nous sommes connectés par des flux multiples, tout en mettant en lumière nos responsabilités envers la planète.

Entre 1.000 et 4.000mètres de profondeur

Quant au titre, "La Zone de minuit", il est une manière poétique d’évoquer la zone bathypélagique, qui est la couche de la colonne d’eau située entre 1.000 et 4.000m de profondeur et dont la température ne dépasse pas les 4°C. Une zone qui abrite de nombreux animaux abyssaux comme les baudroies abyssales, les chimères, les calmars géants et les calmars colossaux. Un constat s’impose: alors que nous nous étions imaginé un monde de ténèbres, celui-ci brille en réalité de particules et autres explosions luminescentes. Par analogie, les sculptures produisent leur lumière, seules sources lumineuses d’une installation plongée dans l’obscurité. Telles d’étincelants bijoux mis en vedette sur l’écran noir de La zone de minuit.

1. Les pièces en verre ont été réalisées au Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva) à Marseille.

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