Arrivé par la mer à Nice, Emmanuel Macron attend les dirigeants du monde pour le grand sommet des océans

C’est par la mer que le président Français, mais aussi celui du Costa Rica, le prince souverain de Monaco et le premier ministre vietnamien ont rejoint la capitale niçoise de l’Unoc-3.

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Eric Galliano Publié le 08/06/2025 à 21:08, mis à jour le 08/06/2025 à 21:10
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Le président français, Emmanuel Macron, débarquement du Thalassa au port de Nice. Photos Jean-François Ottonello

Sea Force 1, le Thalassa, fleuron de la marine océanographique française, s’est transformé, ce dimanche, en navire présidentiel. C’est par la mer qu’Emmanuel Macron a quitté Monaco et son Blue economy and finance forum pour rejoindre Nice où il donnera ce lundi le coup d’envoi de la 3e Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc).

On ne pouvait trouver transition plus appropriée… Et pourtant, le départ de ce convoi maritime exceptionnel, escorté par les 200 embarcations mobilisées sur les flots azuréens pour une grande parade, semble avoir tangué jusqu’au moment de larguer les amarres. Même les équipes de l'Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), à qui appartient le Thalassa, en étaient venues à douter la veille au soir. On parlait alors de "plan B" et de même de "plan C" à l’étude par les services chargés de la sécurité rapprochée du Président.

La menace Greenpeace prise au sérieux

Le Thalassa a fait la traversée sous escorte rapprochée du GIGN. Jean François Ottonello / Nice-matin.

La pression est montée d’un cran ce dimanche lorsque, vers 8 heures, un tender s’est un peu trop rapproché des côtes monégasques. L’intrus a vite été bouté hors du périmètre d’exclusion. Cette petite annexe n’avait en soi pas grand-chose d’inquiétant. Sauf qu’elle appartenait au TT Hémisphère, un petit yacht battant pavillon des îles Cayman venu jeter l’ancre en baie de Beaulieu-sur-Mer au terme d’une courte traversée depuis Villanova en Espagne. Un petit port près de Barcelone dont est sorti peu de temps après une autre embarcation: l’Arctic sunrise, le bateau de Greenpeace justement interdit de parade niçoise. Le petit yacht un peu trop fouineur ne serait-il pas un faux nez de l’organisation au drapeau arc-en-ciel?

La question a manifestement été prise très au sérieux. Et la réponse des services de sûreté finalement suffisamment rassurante pour qu’Emmanuel Macron, vers 15h45 embarque comme prévu, mais avec un peu de retard, depuis le quai de l’Hirondelle. Accompagné de son épouse, Brigitte Macron, qui avant de se hasarder sur la passerelle prend la sage décision de changer de chaussure. Le prince Albert II semble davantage craindre le soleil et c’est avec sa casquette bleue qu’il salue l’équipage. Suivent le président Rodrigo Chaves Robles, cela va de soi, le Costa Rica étant co-organisateur de cette 3e Unoc… Mais aussi le premier ministre de la République socialiste du Vietnam, Pham Minh Chinh.

Les présidents français et costaricain, ainsi que le prince souverain de Monaco ont échangé pendant la traversée avec trois scientifiques américains de renom "inquiets" par les coupes budgétaires de l’administration Trump. Jean François Ottonello / Nice Matin.

Trois scientifiques américains en exil

Tout le monde est à bord. "Les scientifiques peuvent venir", lance un conseiller. Ils sont au nombre de trois. Trois chercheurs américains. Une spécialiste des observations océanographiques qui a travaillé pour la commission intergouvernementale de l’Unesco, Joanna Post, un climatologue jusque-là codirecteur du Columbia Earth networks, Joerg M. Schaefer, et un astrophysien de renommée mondiale, Kartik Sherth.

Ce dernier donne immédiatement le ton: "Nous sommes très inquiets par ce qu’il se passe aux États-Unis", souffle-t-il en anglais au président français qui l’écoute attentivement, carnet de notes en main. Ces trois Américains confrontés aux coupes budgétaires de l’administration Trump qui frappent de plein fouet le monde académique sont prêts à prendre au pied de la lettre le discours d’Emmanuel Macron à la sorbonne et son slogan "Choose Europe for science": "pour faire des sciences, choisissez l’Europe".

"Reprendre le leadership" abandonné par Trump

Le prince Albert II saluant l’équipage du Thalassa au départ de Monaco ce dimanche. Jean François Ottonello / Nice Matin.

Et même "peut-être l’université d’Aix-Marseille" pour ces trois-là, croit savoir Maximilien Simon, le directeur adjoint de la flotte océanographique de l’Ifremer. À condition que la France ait les moyens de les accueillir non seulement eux, mais aussi leurs équipes. L’océanographe Joanna Post s’en inquiète ouvertement.

Mais avant de parler de moyens, le ministre français de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, a une question de fond: "Puisqu’il n’y a plus de leadership côté américain, comment peut-on prendre le relais? Parce que c’est notre job!" Celui de la France, mais aussi du Costa Rica et de la Principauté. Les trois chefs d’État réunis dans le carré du Thalassa semblent parfaitement alignés sur ces enjeux environnementaux.

Mini-sommet à bord pendant la parade

La suite de la traversée est plus… bilatérale. Il se murmure que le président français et le chef du gouvernement vietnamien ont profité de cette traversée pour avoir un entretien. Là-dessus pas de commentaire, en tout cas. Et pas de photo non plus du reste des convives qui rejoignent le pont supérieur du Thalassa alors que passe le cap Ferrat pour assister à la parade maritime… Tenue malgré tout à bonne distance.

"Contact! Contact!" crache un talkie-walkie et immédiatement un des semi-rigides qui encadrent "Sea force 1" met les gaz. À son bord, les commandos du GIGN en treillis veillent à la tranquillité de cette mini-croisière qui touche à sa fin. Les lumières rouges du phare de Nice approchent et la menace arc-en-ciel s’éloigne.

Sur le quai du Commerce, toujours les mêmes enjeux mondiaux mais un nouveau comité d’accueil attend Emmanuel Macron. Cette fois il y a le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, le maire de Nice, Christian Estrosi, et le député de la première circonscription, Éric Ciotti, l’ancien secrétaire d’État à la Mer, Hervé Berville… Le Président a un mot pour chacun jusqu’au vice-amiral Didier Lallement, préfet maritime de la Méditerranée, auquel Emmanuel Macron souffle avec un sourire "désolé, on vous a un peu mis sous pression…"

Emmanuel Macron accueilli par le maire de Nice Christian Estrosi tandis que la "première dame", Brigitte Macron est saluée par le ministre des affaires étrangères Jean-Noël Barrot Jean François Ottonello / Nice Matin.

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