Simple complément de salaire ou somme importante, les pourboires peuvent vite atteindre des montants astronomiques dans le Golfe. Pour les saisonniers venus exercer dans le territoire, cette gratification a toujours été un atout phare pour subvenir à leurs différents besoins pendant l’été.
Mais avec la crise sanitaire et l’inflation, les clients sont-ils toujours aussi généreux? Une question jugée "trop confidentielle", pour les plagistes de la baie de Pampelonne, ainsi que pour les restaurateurs du port de Saint-Tropez.
Et pour cause, dans ces établissements huppés de la Presqu’île, gérés par des groupes internationaux, les "tips" peuvent rapporter très gros. "Certains doublent leur salaire. Ils peuvent atteindre des sommes astronomiques de plusieurs milliers d’euros", confie Daniel(1), employé d’un de ces établissements à Saint-Tropez.
"Assurer mon été"
Malgré une omerta importante sur le territoire tropézien, certains employés se réjouissent de la générosité de la clientèle, comme Lucy Bonnefond, vendeuse aux Glaces Alfred de Saint-Tropez. "En un mois, j’ai déjà empoché 200 euros. C’est énorme pour de simples crèmes glacées, j’assure un service de quelques secondes seulement. Pourtant, les clients sont nombreux à nous laisser leur monnaie. Ça me permet de mettre de l’argent de côté pour mes études de psychologie à Nice."
De l’autre côté du Golfe, à Sainte-Maxime, le contraste est saisissant. Les employés n’hésitent pas à parler de leurs situations. "Nous n’avons pas la même clientèle, c’est beaucoup plus familial", relate Jérôme, responsable du restaurant Les 3 Rois, en centre-ville.
Dans la cité du Préconil, certains établissements ont notamment constaté une diminution des pourboires depuis quelques années. "En 10 ans, notre pot commun a baissé de 1 000 euros par mois. Désormais, seulement quelques clients étrangers lâchent 5 % à 10 % de l’addition. Mais ça devient rare", analyse Yohan, responsable de l’établissement La Réserve, sur la place Victor-Hugo.
Paiement par carte, vers un nouveau problème ?
Même son de cloche du côté des campings des Prairies de la Mer à Grimaud.
"Avant, on avait pratiquement 200 euros par semaine. Cette somme nous permettait de subvenir à nos besoins pendant la saison. On pouvait payer notre essence, nos cigarettes, nos sorties... Simultanément, on économisait notre salaire pour notre futur. Aujourd’hui, on arrive difficilement à 90 euros par semaine, donc on garde précieusement ces compléments pour l’hiver", regrette Anne (1), cheffe de rang dans l’un des restaurants de l’établissement.
Un autre problème pourrait voir le jour d’ici les prochains mois : le paiement des pourboires par carte bancaire. Pour le moment, ce surplus n’est pas encore taxé, mais ce dernier pourrait le devenir dès le début d’année 2024. "Si cela arrive, nous autoriserons seulement les tips en liquide. Il n’y a aucun intérêt à nous taxer sur cela", s’est agacé Yohan.
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