"Nous sommes dans une situation grave": à Cannes, les navettes vers les îles de Lérins justifient l’augmentation du prix de la traversée
À désormais 18,50 euros l’aller-retour en tarif normal, le prix des traversées vers les îles de Lérins suscite l’agacement de certains locaux. Les compagnies, elles, invoquent l’inflation et les charges qui pèsent.
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Romain HuguesPublié le 24/07/2025 à 05:30, mis à jour le 24/07/2025 à 05:30
Un des bateaux qui fait la navette vers les îles de Lérins, à Cannes, le 17 juillet. Les compagnies justifient l’augmentation du tarif des billets en raison de l’inflation. Photo Romain HuguesPhoto Romain Hugues
Le tarif des navettes pour les îles de Lérins est-il trop élevé? À en croire certains résidents cannois, la réponse est oui.
En ce jeudi matin, le long du Vieux-Port, nombreuses sont les personnes qui attendent le bateau pour les îles. Parmi elles, peu de locaux. À part Christelle, assise avec sa sœur et son beau-frère.
"C’est de plus en plus cher, c’est dommage pour nous, souffle-t-elle. Si j’y vais aujourd’hui, c’est uniquement pour faire découvrir Sainte-Marguerite à mes proches. Avant, j’y allais seule, pour profiter du cadre. Mais le prix est devenu excessif".
Âgée de 59 ans, Christelle a payé son ticket 18,50 euros, quand ses proches ont pu bénéficier du tarif réduit senior pour les plus de 65 ans, fixé à 17 euros. "Ce n’est tout de même pas donné", confie Marianne, sa sœur.
Des prix qui font grincer. "C’est un tarif qui est adapté aux touristes, il devrait être différent pour les locaux, abonde Fleur, 36 ans, résidente cannoise. Il faudrait plus généralement appliquer un tarif préférentiel à ceux qui habitent dans le coin. Mais j’ai l’impression qu’on paye l’inflation, comme d’habitude. Je sais que les îles de Lérins prétendent à être classées au patrimoine mondial de l’Unesco, et si cet argent peut servir en ce sens, c’est bien. Sinon, on se fait avoir".
Une augmentation de 20% en quatre ans
Photo R. H.
Pourquoi, alors, le billet pour les îles de Lérins coûte-t-il désormais 18,50 euros, contre 18 euros l’année dernière ou bien 15,30 euros en 2021, soit une augmentation de 20% en quatre ans?
"Les frais sont de plus en plus importants", admet Thierry Arnal, gérant de Riviera Lines (Trans Côte d’Azur), qui, l’an dernier, avait transporté 240.000 passagers. "Entre les salaires, les charges, le gasoil et les différentes taxes, nous sommes obligés d’augmenter le tarif."
Sur un billet à 18,50 euros, sans compter les charges et salaires, 11% sont consacrés au gasoil, et 5 euros correspondent à diverses taxes. "Il y a notamment la taxe Barnier", reprend Thierry Arnal. Une taxe sur les passagers maritimes à destination d’espaces naturels protégés, qui vise à compenser les impacts environnementaux liés au transport maritime touristique dans ces zones sensibles. "Aujourd’hui, quand vous comptez les moyens, les navires, les marins, les responsables de billetterie et les responsables de l’exploitation, vous ne vous en sortez pas si vous n’augmentez pas."
Une compagnie dans une situation critique
Des propos confirmés par Christiane Taylor, gérante de la compagnie maritime Horizon, qui assure également les navettes entre le continent et les îles et propose, elle aussi, un tarif à 18,50 euros. "Tout est très cher, estime-t-elle. Le coût de l’essence, les salaires, les charges… Sans compter la moindre pièce ou le moindre matériau qui coûte un bras. Nous sommes obligés de suivre le rythme".
Un rythme d’enfer qui a carrément obligé la compagnie de l’Abbaye de Lérins, Planaria, à... vendre l’un de ses bateaux, malgré une hausse des tarifs en 2024 - 22 euros pour 1 adulte. "Nous sommes dans une situation grave, admet le père prieur, gérant de Planaria. La vente du bateau, 2,17 millions d’euros, va nous permettre de rembourser un emprunt et d’alléger la trésorerie. Nous réalisons également un plan de restructuration, j’espère que cela nous permettra d’inverser la vapeur".
Une situation complexe pour les compagnies qui explique, en partie, la hausse des tarifs que subissent les usagers. En espérant qu’elle ne soit pas exponentielle...
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