Aujourd’hui, c’est parti pour le Cannes yachting festival, sur le port Canto et le vieux port, et sous la houlette de sa directrice, Sylvie Ernoult. Un salon en révérence alors qu’elle va prendre sa retraite, et le large, sur son temps libre. Pour clore son aventure à bord de ce mastodonte du yachting azuréen, elle présente ce que propose, cette année, le premier salon international du yachting de la saison, entre innovations technologiques et écologiques. Mais aussi et surtout en matière d’exclusivités.
Comment définiriez-vous le Cannes yachting festival?
La force de Cannes, c’est qu’on est vraiment sur le nautisme dans tous ses aspects. C’est aussi noble d’acheter un semi-rigide, pour aller se promener, vivre sur la mer quand on est en vacances et initier ses enfants à l’amour de la mer, que d’acheter un yacht. La mer, c’est un monde à part. Et nous, on défend cet ADN. Oui, on est dans un environnement luxueux. On a énormément de bateaux qui valent énormément d’argent, on a un visiteur moyen haut de gamme. Tant mieux car cela crée de l’effervescence. Mais c’est aussi un salon grand public. C’est aussi ça, la magie de ce salon. La passion de la mer est le tronc commun du Cannes yachting festival.
Quelle évolution cette année?
Le salon est dans une forme de continuité, puisque nous avons cette année 712 bateaux contre 700l’an dernier. On ne change pas une si grosse machine comme ça, et puis on est contraint par la place. Mais on a quand même 5% d’exposants en plus. En revanche, on gagne en qualité. C’est-à-dire que l’on est mieux sectorisé. L’objectif premier étant que le visiteur trouve ce qu’il recherche. C’est comme cela que fonctionne le business. Et nous sommes installés, je le rappelle, sur deux ports [port Canto et vieux port].
Comment s’organisent les exposants?
Nous avons des zones bien définies car l’idée, encore une fois, c’est que le visiteur puisse parcourir le salon pour rêver. Mais aussi qu’il s’oriente par lui-même pour trouver ce qu’il veut. En résumé, les bateaux à moteur sont au vieux port, excepté les 8-13mètres et les gros yachts d’occasion. Et les voiliers sont également au port Canto. Pour que cela fonctionne, car c’est une logistique énorme, il faut pouvoir passer de l’un à l’autre. C’est pour cela que l’on propose une navette maritime gratuite pour une traversée de 7 minutes, toutes les 15 minutes.
Quelles exclusivités cette année?
L’un des grands plus du salon, c’est que nous ouvrons la saison. Les fabricants ont terminé de construire leurs bateaux. Certains sentent même encore la colle quand on les accueille. On ouvre donc le bal et on a un salon qui est international.
Et en termes d’innovation?
Nous avons créé "L’innovation route", qui comprend quatre critères. Il y a d’abord la propulsion. Donc le moteur. Il y a de l’électrique, de l’hybride, de l’hydrogène, du moteur classique, des moteurs plus propres, il y a des hélices qui font économiser du carburant, etc. Ensuite, il y a ce que l’on appelle "easy sailing". Ce sont toutes les aides à la navigation, pour optimiser les routes, aider à trouver les endroits où il est préférable de jeter l’ancre, les GPS, etc. En troisième, il y a les innovations technologiques, par exemple qui rendent la maniabilité du bateau plus simple. Enfin, il y a la durabilité, au stade de la fabrication, qui va rendre toute la chaîne de fabrication plus saine pour l’environnement.
Plus concrètement, que trouvera-t-on en termes d’écologie?
C’est un critère bien évidemment de plus en plus important, notamment pour les jeunes générations. Il est par exemple possible de visiter le salon à travers ses exposants qui proposent des solutions écologiques, car nous leur avons apposé une pastille verte sur le sol. Cela peut être un parcours de visite à part entière. Ça nous permet de les mettre en valeur. Il y a de vraies évolutions dans ce domaine, qu’il s’agisse des moteurs ou de la fabrication des bateaux, comme évoqué plus tôt, mais également des différentes innovations en matière de mouillage, avec notamment différentes technologies nouvelles.
"Je suis triste de partir, mais c’est le bon moment"
C’est votre 13e et dernier Cannes yachting festival: dans quel état d’esprit êtes-vous?
Quand vous préparez un évènement comme celui-là, 6 mois avant, je suis déjà à fond. Cette année, je vais m’en aller. Ma directrice adjointe, Constance Brement, va me remplacer. Cela fait des mois que nous nous préparons pour qu’elle prenne le relais. Je resterai à ses côtés au départ. Puis je la laisserai début 2026.
Aucun regret?
Il y a une fin à tout. J’ai un nœud dans le ventre, ce dernier salon sera difficile car je suis triste de partir, mais c’est le bon moment.
Qu’est-ce qui a changé depuis votre premier salon, en 2013?
Pas mal de choses… La première, c’est le nom du salon. À l’époque, il s’agissait du Festival international de la plaisance, sachant que le terme plaisance c’est exclusivement français. Donc j’ai tout de suite changé le nom. Il fallait dépoussiérer l’image du salon. Avant de devenir la directrice du salon, j’étais cliente, de par mes fonctions dans le yachting. J’exposais. N’ayant pas du tout le sens de l’orientation, j’étais tout le temps perdue. Je trouvais que la signalétique était mal fichue. Donc on a décidé de sectoriser le salon avec des couleurs, afin de classer les bateaux par catégories. Ça l’a changé visuellement, d’abord. Mais ce qui est bien, des années après, c’est que ça l’a transformé aussi en termes de sécurité. Je ne pourrais pas revenir sur cette décision. Dès qu’il y a le moindre besoin d’intervention sur place, la première chose que demandent les secours, c’est la couleur de la moquette. Ce sont des petites choses qui ont eu un gros impact.
Si vous deviez retenir une édition?
2019, sans hésiter. L’ouverture du secteur réservé aux voiliers. Je m’en souviendrai toujours. Ça a représenté deux ans et demi de travail et de confrontations, notamment avec les exposants, qui préféraient être mélangés. Le jour de l’ouverture du salon, il tombait des trombes d’eau, un orage de dingue. Le lendemain, grand ciel bleu. Tout le monde a découvert cet espace avec plusieurs centaines de mètres linéaires de voiliers. Déjà, les premiers jours, quand j’allais voir les exposants qui étaient mécontents au départ, ils se sont rendu compte que j’avais eu raison de le faire. C’était à la fois une réelle évolution de créer cet espace voile au port Canto pour le salon, mais aussi une victoire commerciale, politique et surtout personnelle.
Cannes yachting festival, à partir d’aujourd’hui jusqu’au dimanche 14 septembre. À partir de 40 euros; navette gratuite entre les deux ports qui exposent. Rens. et res.: cannesyachtingfestival.com.
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