"Annonciation", "Noces" et "Torpeur": venez découvrir l'univers du chorégraphe Angelin Preljocaj
Un spectacle en trois temps. Du 7 au 10 novembre le ballet Preljocaj prend possession de Châteauvallon avec "Annonciation", "Noces" et "Torpeur". Et sera l’année prochaine à Mougins, Draguignan et Nice.
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Fabrice MichelierPublié le 31/10/2023 à 13:30, mis à jour le 31/10/2023 à 13:30
interview
Photo DR/Didier Philispart
Chaque spectacle, chaque création reste un événement. À 66 ans, Angelin Preljocaj demeure une figure incontournable de la danse contemporaine.
Le chorégraphe et son ballet investissent la scène de Châteauvallon à Ollioules du mardi 7 au vendredi 10 novembre avec un spectacle en trois pièces.
Alors, avant ces représentations, nous sommes allés à la rencontre du maître, à Aix-en-Provence où la troupe est en résidence permanente, pour décrypter cette nouvelle proposition autour de deux "classiques" du répertoire du Preljocaj, "Annonciation" et "Noces", ainsi qu’une nouvelle création, "Torpeur".
Comment est né ce spectacle qui mêle trois pièces en une?
On retrouve deux pièces de répertoire, ‘‘Annonciation’’ (1995) et ‘‘Noces’’ (1989). À la base, c’est une demande du Festival Montpellier Danse qui avait décidé d’ouvrir son édition 2023 au répertoire de la danse contemporaine. Cela correspond à mon positionnement et cette volonté de faire vivre des pièces anciennes. Il y a donc ces deux reprises et, comme j'ouvrais le festival, on m'a demandé une petite création, afin que cela soit représentatif du reste du festival.
Justement, comment ‘‘Torpeur’’ s’intègre aux deux autres pièces?
J'ai essayé d'imaginer une dramaturgie émotionnelle de la soirée avec des ruptures et des choses qui mettent en valeur l'ensemble. Parfois, quand on met deux pièces l'une à côté de l'autre, elles peuvent se gêner. Il faut qu’elles soient en rupture ou trouver une communion thématique. Là, comme ‘‘Noces’’ et ‘‘Annonciation’’ sont à l’opposé, je me suis dit que j'allais composer une pièce sur cet état de corps particulier qu’est la torpeur. On a une pièce à la fois abstraite et concrète. C'est une écriture de la lascivité que j'ai essayé de mettre en place.
‘‘Noces’’, qui est un classique, reste-t-il toujours d’actualité?
La thématique des femmes et comment elles sont considérées et manœuvrées par la société, existait dans cette pièce de 1989. Cette création est aussi liée à mon écoute des ‘‘Noces’’ de Stravinsky. J'y ai entendu des choses qui résonnaient par rapport à des expériences que j'avais pu avoir dans les Balkans, puisque je suis originaire d'Albanie. J'ai vu des mariages traditionnels avec un rituel de rapt de la mariée. C'est vraiment un drame. C'est tout cela que j'ai essayé de mettre en exergue dans la pièce. Il y a une sorte d'écho aux violences faites aux femmes. Et aujourd'hui, cela prend une autre résonance.
Photo DR/JC Carbonne.
Un mot sur ‘‘Annonciation’’?
On a une iconographie très vaste sur ce sujet. En essayant de créer une dramaturgie, j'ai mis en place une pièce assez étrange: un duo dansé par deux femmes à savoir la Vierge et l'ange. Tout le travail chorégraphique avec l'ange se fait sur l'ubiquité et non sa capacité à voler. Ce qui m'a intéressé, c'est d'imaginer que lorsqu'un ange arrive, l'espace a du mal à le contenir. Il y a une sorte de déflagration de l'espace et du temps qui volent en éclat.
Vous comptez 40 ans de carrière. Par quoi êtes-vous porté aujourd’hui?
La joie de travailler avec les autres. C'est la grande chance des cinéastes, metteurs en scène, chorégraphes et même chefs d'orchestre. On est toujours en relation avec les autres pour les faire participer et échanger. Dans la danse, ce sont souvent des jeunes, ça permet aussi de rester en lien avec l'époque et les choses qui émergent. Ça me nourrit au quotidien. J'ai encore plein d'idées et de projets dans mes tiroirs. La vraie question est de savoir lequel je prends en premier.
Comment définiriez-vous le ballet Preljocaj justement?
Je ne sais pas très bien… Ce qu'on fait, c'est un travail de tribu avec des gens qui arrivent, s'intègrent et reprennent les codes. Comme le ballet a une histoire, il y a un ADN qu'il faut capter pour s’emparer de tous les concepts qui circulent depuis 40 ans. Il y a une grande cohésion de groupe et c'est très agréable d'avoir cette fidélité des danseurs. Ça permet d'aller plus loin. Mon travail comporte certaines spécificités. Je demande aux danseurs d'aller vers ce style, cet engagement artistique. Si cela ne leur convient pas soit ils ne viennent pas, soit ils ne restent pas. Mais ceux qui viennent restent très longtemps en général.
Photo DR/Laurent Philippe.
Et votre lien au public? Existe-t-il toujours une appréhension pour savoir comment vos spectacles vont être reçus?
Bien entendu, il existe un fil avec le public que je conçois comme élastique. Si c'est rigide, on n'a pas de liberté, on est contraint. Avec cette idée de lien élastique, j'essaie d'aller plus loin que ce que l'on attend de moi. Il faut juste faire en sorte qu'il ne casse pas et donner les outils de compréhension aux gens. C'est pourquoi nous faisons des répétitions publiques pendant les créations. Comme je suis très maniaque, je peux passer une heure sur quinze secondes de chorégraphie, mais ça permet au public de voir où j'en suis et ce que je fais. Ils peuvent trouver cela très étrange durant le processus de création, mais quand ils viennent voir le spectacle ils ont plus de clés pour comprendre et l'élastique peut être encore plus distendu. Cela me permet de garder une liberté, d'inventer, d'innover et de prendre des risques chorégraphiques et artistiques.
> Du mardi 7 novembre au vendredi 10 à 20h30, à Châteauvallon, à Ollioules. Tarifs: de 5 à 30 euros.
> Vendredi 22 et samedi 23 mars à Scène 55 à Mougins.
> Mardi 26 mars au Théâtre de l’Esplanade de Draguignan.
> Du jeudi 16 au samedi 18 mai au Théâtre national de Nice - salle La Cuisine.
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