Enfant de la génération "Club Dorothée", Cédric Biscay est le visage de la pop-culture depuis 2015 en Principauté, et le lancement du Salon MAGIC. Cette année, il sera à nouveau sur le devant de la scène en tant que co-organisateur du premier Monaco Comic-Con, en novembre 2025 au Grimaldi Forum. Que de chemin parcouru par ce Niçois passionné de jeux vidéo depuis sa première incursion à Monaco en tant que représentant d’une firme japonaise lors du salon Imagina. Un premier pas mis à l’étrier au culot…
À 18 ans, il prend une "claque" à Tokyo
Bercé par Récré A2 et ses programmes nippons importés à la TV française (Olive et Tom, DragonBall Z, Les Chevaliers du Zodiaque, Goldorak, Nicky Larson…), Cédric Biscay adopte enfant les codes du manga. "Contrairement à tous ceux qui trouvaient cela débile ou violent dans les années 80, j’ai toujours trouvé les histoires des mangas supérieures à celles des BD. Non pas que les Japonais soient plus forts, mais les mangas sont des séries TV sur papier, avec des mécanismes qui tiennent en haleine."
Avant que les consoles de jeux n’entrent dans les salons grâce à PlayStation et son lecteur DVD, Cédric Biscay est de ceux qui relient physiquement des ordinateurs le week-end pour jouer en réseau (LAN). Mais le "geekos" a la bougeotte. Sitôt le Bac en poche, il met ses économies dans un billet pour Tokyo. "Et là je prends une claque monumentale. Tout est ultrafuturiste, moderne, plus que conforme à mon rêve."
Bien que "lost in translation", le garçon prend ses repères. "Les Japonais ne comprenaient strictement rien à l’anglais, je n’avais pas de thune, logeais dans des guest houses et faisais tout à pied car les taxis étaient trop chers."
De retour en France, l’étudiant a l’intime conviction que le Pays du Soleil Levant est la clé de son avenir. Entre deux cours à l’Université, il devient maître d’internat et économise ainsi en loyers, autant qu’il remplit sa tirelire avec l’idée de créer une société d’import de jeux vidéo.
Son come-back au Japon, il le soigne façon Jean-Claude Convenant. "Costume bon marché et grosse cravate rose", plaisante aujourd’hui le créateur du premier manga made in Monaco, "Blitz". "Je n’ai jamais menti mais j’évitais de dire que j’étais dans une guest house avec des cafards, c’était la honte", admet Cédric Biscay, qui frappe alors à toutes les portes… et se les prend. Ultime chance: le studio d’animation en vogue puisque producteur de la référence "Ghost in the Shell".
"J’ai aidé Ikea à s’installer au Japon"
À l’accueil, on lui oppose une fin de non-recevoir à sa demande d’entretien avec le président. Qu’importe! Hors de question de revenir bredouille en France. Il s’installe dans le hall et patiente sept heures, "sans smartphone pour passer le temps à l’époque".
"Le président, intrigué, finit par descendre. Il ne parle que des bribes d’anglais. Je lui dis que j’ai une boîte de conseil et que je voudrais aider des sociétés japonaises à se développer en Europe, en France… Il finit par me proposer un deal pour les représenter à l’évènement Imagina à Monaco."
Sa mission consistera à gérer un stand et faire naître un bouche-à-oreille rapidement fructueux. "J’ai dû diversifier mon offre dans le consulting. J’étais un mini Mitsubishi. [rire]. Mode, agroalimentaire, satellite… je prenais tous les contrats, quitte à devoir potasser dans mon coin les normes européennes selon les thématiques."
À chaque retour au Japon, Cédric Biscay garde l’humilité comme carte de visite, indispensable pour durer au pays du code des samouraïs. "Si un président de société ne parle pas anglais et que toi oui, tu peux faire naître un sentiment d’infériorité par exemple. Et ils n’aiment pas cela! J’ai surtout compris que les Japonais ne comprenaient rien aux étrangers, et inversement. Pas seulement pour une histoire de langage."
Ses talents de facilitateur, il apprend aussi à les vendre en dehors d’un bureau. "Je signais 30% de mes contrats dans les karaokés. Je dois beaucoup à ‘‘Tombe la neige’’ d’Adamo!" [rire]
"Après plusieurs années de conseil, j’ai aidé Ikea à s’installer au Japon notamment. Mais je n’étais toujours pas dans les jeux vidéo jusqu’à ma rencontre avec mon associé et la création de Shibuya productions à Monaco [société arrêtée en 2023, ndlr]."
Soft power monégasque
Outre le salon MAGIC, qui sera exporté à Kyoto et voit défiler des icônes de la pop-culture et des personnalités comme l’astronaute Thomas Pesquet au Grimaldi Forum, Cédric Biscay et son équipe produisent le documentaire sur le cimetière du film Le Bon, la Brute et le Truand, développe des outils pédagogiques en lien avec le gouvernement contre le harcèlement scolaire et les violences conjugales, relance le mythique dessin animé Astroboy au nez et à la barbe de Disney, et marque les esprits avec la renaissance du mythique jeu vidéo Shenmue III. "On a lancé un financement participatif et littéralement cassé la plateforme kickstarter. Le Times en a parlé et on a eu trois records au Guinness Book!"
Des accomplissements qui lui valent de recevoir un Trophée de l’Eco du Monaco Economic Board et Monaco-Matin, en 2023, dans la catégorie Made in Monaco. "Je ne suis absolument pas un businessman, je suis plus à l’aise à dire que je contribue à Monaco", sourit celui dont l’action contribue au soft power culturel de la Principauté.
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