Ce n’est pas la première fois que nous prenons langue avec Bertrand Chameroy, le régional de l’étape comme on dit dans le jargon cycliste. Né à Nice, où il a fait ses études, l’Azuréen est une figure locale que l’on suit à la trace depuis plusieurs années.
Voilà cinq ans que le chroniqueur s’est installé dans la bande de C à vous, l’émission phare de France 5 d’accès prime time autour d’Anne-Elisabeth Lemoine. En cette rentrée 2025, le chroniqueur a rajouté une corde à son arc: une chronique quotidienne dans la matinale de France Inter de Nicolas Demorand, la case matinale la plus écoutée de France, excusez du peu.
Au printemps dernier, alors que le titulaire du poste Matthieu Noël est en congé paternité, Bertrand Chameroy s’essaie déjà à l’exercice pendant six semaines. Une franche réussite. Alors pour cette rentrée, la radio décide de poursuivre l’aventure avec le Niçois.
"Je m’éclate, j’ai été très bien accueilli, lance-t-il d’entrée. Je m’étais amusé lors de mon intérim au printemps et je n’ai pas hésité longtemps quand France Inter m’a proposé de faire la saison avec eux, il faut être fou pour refuser la première matinale de France." (rires) Chaque matin, il prend la suite de l’interview de Benjamin Duhamel pour rebondir après 7h50.
Un exercice de style
Un exercice de style pas facile mais que Chameroy maîtrise à la perfection. "J’essaie de m’adapter jusqu’à la dernière minute, de rebondir sur l’interview même si ma chronique est écrite en amont. Je ne dois pas venir et glacer l’ambiance en tombant à côté, il faut trouver le ton", justifie-t-il. Pour ça, sa méthode de travail est bien huilée.
"Une fois que je connais le nom de l’invité, je commence mes recherches sur lui et je me couche avec l’idée, je n’écris jamais la veille mais j’ai déjà rédigé mon papier dans ma tête. La nuit fait son effet et j’écris le jour même, il est possible que je change plusieurs fois de version avant de prendre l’antenne." Alors qu’il avait fait ses débuts sur Europe 1 avant de briller en télévision, Bertrand Chameroy avait follement envie de retrouver les ondes.
"C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. En télévision, je fais des lancements avec deux-trois vannes et je lance les images, à la radio on est sur une écriture plus formelle, où les mots sont importants. J’arrive toujours à m’en sortir par une pirouette à la radio même si le ton est solennel, il faut trouver le bon."
Amené à commenter l’actualité matin et soir, Chameroy doit faire en sorte de ne pas "recycler" les blagues. "J’ai des gens qui écoutent France Inter et regardent C à vous, et comme je commente l’actualité, je dois faire en sorte de traiter les sujets avec deux angles différents. Malheureusement, actuellement, le monde politique est une source inépuisable d’inspiration, on est parfois dans la parodie pure, comme si le monde réel avait rejoint les articles parodiques du Gorafi", poursuit-il.
À l’instar de nombreux confrères, Bertrand Chameroy peine à s’écouter et/ou se regarder. Et pour ne pas être influencé inconsciemment, il n’écoute pas ses confrères et consœurs. "Je le fais uniquement le week-end pour me tenir au courant de ce qui se fait, et je débriefe parfois avec Philippe Caverivière nos chroniques respectives."
L’ancien timide et le pouvoir du rire
Faire rire, c’est une voie tracée pour Bertrand Chameroy. "J’étais assez timide plus jeune mais j’aimais faire l’idiot et je me suis rendu compte que les gens t’écoutaient quand tu les faisais rire, c’est une forme de pouvoir et on y prend goût, rembobine-t-il. J’aime l’humour noir même si ce n’est pas celui que je pratique dans mes chroniques et j’adore l’absurde même si c’est de plus en plus compliqué de s’en servir car il se confond avec la réalité."
Pour ce bourreau de travail, qui se lève à 4h30 pour préparer la matinale avant d’enchaîner par C à Vous, les émissions de bande sont un vrai épanouissement. "Ce sont deux émissions sans public alors le fait d’être en bande permet de créer une ambiance et on se doit d’être taquin avec ceux autour de nous", conclut-il. Nostalgique des émissions cultes de Canal + qui ont construit son univers dans sa jeunesse, Bertrand Chameroy savoure cette rentrée sur tous les fronts.
"Je suis censé faire rire les gens en m’inspirant d’une actualité qui n’est pas forcément drôle, pour ne pas être touché, il faut observer une forme de recul, d’autoprotection". Et il a bien raison.
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