4 minutes pour tout comprendre aux bombes au phosphore blanc, que la Russie est accusée d’utiliser en Ukraine

Elles ne sont pas interdites par les conventions internationales, mais ces bombes incendiaires, que la Russie est accusée d’utiliser en Ukraine, causent d’horribles dégâts sur les civils.

Quentin Lazeyras Publié le 25/03/2022 à 10:25, mis à jour le 25/03/2022 à 11:43
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Un mois après le début de l’invasion russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie, ce jeudi 24 mars, d'utiliser des "bombes au phosphore" en Ukraine contre sa population. "Ce matin (...) il y a eu des bombes russes au phosphore. Des bombes au phosphore russes. Des adultes ont été tués et des enfants ont été tués à nouveau", a-t-il déclaré, blafard, dans une vidéo Telegram à l'attention des pays membres de l’OTAN.

Mais c'est quoi le phosphore et cette fameuse bombe au phosphore blanc? Quelle est l’étendue de ses ravages? Quelle législation internationale lui est appliquée? Nice-Matin vous explique.

Le phosphore est un élément chimique commun, qui sous forme dérivée se trouve dans le corps humain en quantité importante. Notamment dans les os ou les dents. Mais c’est un autre allotrope qui est nécessaire pour la création de ces bombes: le phosphore blanc. Sous cette forme, il permet diverses utilisations militaires comme fumigène, explosif, agent anti-personnel ou incandescent.

En altitude, ça peut alors servir à illuminer un champ de bataille la nuit, grâce aux flammes produites au contact de l'air. Exposé à l'oxygène, le phosphore blanc s’enflamme et peut dégager une chaleur d’environ 800 °C. Alors, à plus basse altitude, ces bombes deviennent des armes incendiaires du même acabit que le napalm. L’utilité de ces bombes au phosphore est aussi au sol, sur le terrain. Elles génèrent d’énormes fumées et permettent de masquer des opérations.

Si ces armes au phosphore blanc semblent avant tout servir des bombes stratégiques, les dégâts sur la population sont dévastateurs.

D’horribles dégâts civils

Ces bombes occasionnent de lésions et  des brûlures du deuxième au troisième degré sur le corps. Dans le cas où une personne est directement exposée, les particules incandescentes peuvent faire fondre sa peau, la chair et les os. Les particules chimiques peuvent même brûler dans le corps. Le phosphore continue ses dégâts à distance, où même de loin les victimes peuvent être affectées au niveau respiratoire ou du métabolisme.

Les lacunes du droit international

Pour Human Rights Watch, “les armes incendiaires figurent parmi les armes les plus cruelles utilisées dans les conflits armés aujourd’hui”.

Malgré la composante chimique de ces bombes, au regard du droit international et de la convention de Genève, les armes au phosphore ne dépendent pas des armes chimiques, mais incendiaires.

Elles sont donc encadrées par le protocole III de la Convention de 1980 sur les armes classiques. Ce texte vise à proscrire ou à limiter l’emploi de ces armes incendiaires « en toutes circonstances” en visant la population civile. Au sens du droit international, il est ainsi interdit, pour protéger les civils, d’utiliser des armes incendiaires dans un endroit densément peuplé. 

Mais ce protocole III comporte deux lacunes. 

- Il définit toute arme ou munition incendiaire comme essentiellement conçue pour mettre le feu à des objets ou pour infliger des brûlures à des personnes. 

Or, cet article exclut les armes polyvalentes comme celles au phosphore blanc, qui sont « essentiellement conçues » pour d’autres utilisations, telles que le marquage ou la signalisation.

- L’article 2 interdit de viser les zones civiles tout en autorisant les zones habitées quand l’objectif militaire est “nettement à l’écart de la concentration civile et que toutes les précautions civiles sont prises.

Utilisation répétée

Malgré les horreurs commises par ces explosifs, elles ont été utilisées à de nombreuses reprises. C’est le cas notamment de la bande de Gaza qui a été victime de plusieurs tirs. Une utilisation reconnue par Israël qui assure avoir respecté le cadre légal pour former des écrans de fumées et non pour attaquer des civils.

La Russie n’en serait pas à son premier coup d’essai, puisqu’elle en aurait déjà utilisé pendant les deux guerres de Tchétchénie au milieu des années 90.

Que ces bombes soient légales ou non, le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile reste un crime de guerre.

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