Essai auto. Ne dites surtout pas à Donald Trump que le Cadillac Lyriq roule à l’électrique

Sur la Croisette, elle fait tourner les têtes. Silhouette statutaire, port altier, écusson qui en impose: cette Cadillac (ou plutôt ce Cadillac, car c’est un SUV) ne manque pas d’allure avec sa grande calandre, ses phares verticaux et ses feux arrière en forme de boomerang.

Adieu les bons gros V8

Si ce modèle fait écarquiller les yeux des amateurs d’auto, ce n’est pas étonnant. La première raison tient à l’absence de la marque américaine sur le marché français depuis des lustres. Après une tentative avortée de conquête de l’Europe dans les années 80-90, la marque avait complètement disparu des radars il y a quinze ans. La deuxième raison se niche sous le (long) capot de l’Américain. Synonyme de gros V8 puissants et gloutons, Cadillac revient chez nous débarrassée de tout moteur thermique. Toujours imposantes, les nouvelles Cadillac distribuées sur le Vieux Continent sont exclusivement électriques. Une information à cacher à tout prix à Donald Trump, défenseur acharné des énergies fossile, et habitué à se déplacer à bord de The Beast (La Bête), une monstrueuse Cadillac One blindée de près de 10 tonnes propulsée par un V8 diesel 6,6 à la puissance tenue secrète.

Des alertes plein les fesses

Beaucoup plus modeste, le Lyriq n’est ni un poids plume (2800kg), ni un petit gabarit. 5,01m de long, près de deux mètres de large: ainsi que j’ai pu le constater dès les premiers tours de roue, ce SUV n’est pas particulièrement à l’aise dans les rampes de parking qui ne demandent qu’à embrasser ses énormes jantes de 21 pouces. Son domaine à lui, ce sont plutôt les grands espaces avalés avec aisance et dans un confort de première classe. Moelleux des sièges et des commandes, direction légère, silence absolu: le rêve américain prend corps sur autoroute et dans les longues lignes droites des nationales. La finition est soignée, l’aménagement intérieur plein de charme et le grand écran incurvé de 33 pouces spectaculaire. Original, le Lyriq l’est aussi en matière d’aides à la conduite. Changement de file, dépassement de vitesse, détection des cyclistes: si rien ne manque, l’Américain offre un petit truc en plus. À la place des traditionnels "bip", vous pouvez enclencher le "Safety Alert Seat" qui envoie des impulsions à travers le siège. Original, certes, mais un poil perturbant pour votre fessier, très sollicité.

Glouton sur autoroute

Équipé d’une énorme batterie de 102kWh, ce SUV aligne une puissance confortable (528 ch) et un couple de camion (610 Nm) qui lui permettent d’évoluer sans difficulté. S’il n’est pas particulièrement agile, le comportement du Lyriq, évidemment doté d’une transmission intégrale, est très sûr. Son freinage, puissant, est épaulé par un astucieux système de récupération d’énergie. Affichant une autonomie théorique très respectable (530kg), le Ricain souffre de deux défauts majeurs: une consommation élevée qui s’envole sur autoroute (plus de 30kWh/100 à 130km/h) et une charge rapide (190kW maximum en courant continu) trop lente: compter trois bons quarts d’heure pour passer de 10 à 80% de charge, ce qui laisse le temps d’examiner chaque recoin des aires d’autoroute. Vendu bien moins cher que ses concurrents, allemands notamment, le Cadillac Lyriq aligne un autre atout: sa garantie 4 ans ou 100.000km. De quoi faire oublier un réseau de vente et d’entretien quasi inexistant en France. Un handicap qui n’a pas empêché Tesla, l’autre américain, de réussir une conquête de l’Europe à laquelle Cadillac a toujours rêvé.