La gare de Monaco fête ses 20 ans tournée ver(t) l'avenir
Le début de la Semaine européenne de la mobilité a été marqué ce lundi par les célébrations du vingtième anniversaire de la gare souterraine Monaco Monte-Carlo. Un outil innovant au service d’un rail vertueux
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Thomas MichelPublié le 15/09/2020 à 14:22, mis à jour le 15/09/2020 à 14:22
« A l’aube du XXIe siècle, la gare de Monaco demeure aujourd’hui l’illustration d’un nouveau concept de gare moderne, innovante techniquement et architecturalement », selon le prince Albert II. Photo Jean-François Ottonello
À 20 ans, on a parfois déjà réalisé de grandes choses mais on a surtout la vie devant soi. Et lundi, les autorités monégasques et françaises, réunies pour souffler les 20 bougies de la gare de Monaco - Monte-Carlo, ont prédit un avenir radieux au troisième carrefour ferroviaire de la région, derrière Marseille et Nice, et ses 7,5 millions de voyageurs en transit chaque année sur une desserte Mandelieu-Vintimille "la plus importante de France, hors Île-de-France".
"Vingt ans, le plus bel âge, selon le prince Albert II. Celui des projets et des perspectives, des promesses et des ambitions. Celui des initiatives tournées vers l’avenir."
Et justement, le souverain avait quelques "actions concrètes" en poche. "Au-delà de ses investissements dans les infrastructures, la Principauté vient de signer avec la SNCF Voyageurs une convention formalisant son engagement en faveur de la desserte à partir du 1er octobre prochain. Monaco va également intégrer le Pass Sud Azur, abonnement mensuel qui permet aux usagers d’utiliser tous les modes de transport (train, tramway, bus, cars) à l’échelle des Alpes-Maritimes."
"Des objectifs mutuellement favorables"
Plus tôt, le vice-président de la Région Sud, Philippe Tabarot, avait rappelé l’investissement de la Principauté dans l’achat de rames dans les années 2000 - qui feront l’objet d’une remise en état "dans les mois à venir" -, la contribution aux frais d’allongement des quais de Nice Riquier et leur mise aux normes PMR, ou encore le "lobbying commun pour faire entrer notre arc azuréen dans les corridors européens".
"Des objectifs mutuellement favorables" comme le développement du système de gestion du trafic ferroviaire ERTMS, qui permet de réduire en toute sécurité l’écart entre deux trains. Et donc d’augmenter la fréquence des passages. "Cette collaboration va être poursuivie et amplifiée, a annoncé le souverain, permettant "à horizon 2030 d’offrir une fréquence de 10 minutes aux heures de pointe".
"Préserver une bonne accessibilité est un enjeu vital pour la Principauté", avance le souverain face au flux exponentiel de touristes (hors période Covid) et aux 50.000 travailleurs pendulaires accueillis chaque jour.
Une gare qui se veut toujours plus pratique et vertueuse grâce au digital et aux éco-services. L’ambassadeur de France à Monaco, Laurent Stefanini, a ainsi salué "le travail innovant en matière environnementale et numérique entre Hubs et gouvernement. L’installation d’une seconde borne d’information tactile, 5G, mise en place de poubelles de tri sélectif connectées, de solutions innovantes pour diminuer de 40 % la consommation d’énergie. Cette gare restera ainsi fidèle à l’esprit de modernité et d’innovation qui a présidé à sa construction".
"Le rôle du train est majeur"
En tant qu’usager, l’ambassadeur a aussi évoqué "un lieu de circulation horizontal et vertical" dont les ascenseurs, tapis roulants et tunnels forment un pôle d’échanges au cœur de la Principauté. En somme, "un exemple de l’alchimie permanente des savoir-faire monégasque et français".
Devant Fabrice Morenon, directeur général de SNCF Hubs & Connexions, filiale qui gère la gare de Monaco depuis le 1er janvier 2020 (concession pour dix ans), l’ambassadeur a rappelé la définition des lieux par le ministre des Transports Jean-Claude Gayssot (lire ci-dessous), lors de l’inauguration de 1999: "Un trait d’union avec les autres, comme la voie de chemin de fer est une ligne de vie."
Un espace de vie récompensé par les usagers pour la qualité de ses services. Les rames en double composition vont d’ailleurs permettre de porter la capacité des TER à 2000 passagers.
"Le rôle du train est majeur. C’était vrai hier, cela l’est aujourd’hui et cela le sera encore plus demain pour parvenir à une écomobilité, et respecter ainsi l’engagement d’atteindre la neutralité carbone en 2050, en mettant en œuvre des actions concrètes et significatives", a conclu le prince Albert II en ce premier jour de la Semaine européenne de la mobilité, qui tend à inciter un maximum de citoyens à monter dans le train de la transition énergétique et à privilégier la mobilité douce.
Le Prince, Jean-Claude Gayssot et Pierre Dartout ont testé les nouveaux bureaux connectés. Jean-François Ottonello.
« Le train est incontestablement un mode de déplacement alternatif »
Vecteur de l’essor économique et de l’attractivité de la Principauté depuis le XIXe siècle, le rail est à nouveau érigé en parangon de l’écomobilité. "Le train est incontestablement un mode de déplacement alternatif offrant une forte capacité sans émission de gaz à effet de serre", soutient le Prince, réaffirmant poursuivre "l’objectif de réduire à horizon 2030 le trafic automobile actuel de 20% et ainsi de retrouver l’équivalent de la densité de circulation observée en 1990".
Un discours qui a eu un écho particulier chez Jean-Claude Gayssot, ministre des Transports lors de l’inauguration de la gare Monaco – Monte-Carlo et pas surpris du succès de ce hub méditerranéen aux 7,5 millions de voyageurs. "Non seulement on l’imaginait mais on le voulait. C’est pour cela que le ministère de l’Équipement a participé, financièrement aussi (...). On peut souhaiter le multiplier par deux encore dans vingt ans!"
"Il faut se méfier des “tout”"
"La France a un réseau exceptionnel qu’on n’a pas suffisamment utilisé dans les quarante dernières années", juge l’ancien ministre, évoquant un maillage unique de 4.000 gares et 30.000 km de voies.
Alors pourquoi avoir sous-estimé les vertus du rail? "À un moment donné, le tout-routier l’a emporté sur le rail, et à la SNCF le tout-TGV l’a emporté sur le reste. Il faut se méfier des “tout”. Je suis partisan de l’intermodalité, s’appuyer sur chaque mode là où il est le plus compétent. Et pour le transport de longue distance, ce n’est pas sur le camion qu’il faut s’appuyer, mais sur le rail, le fleuve ou la mer."
Parole d’un vieux loup de mer de la politique aujourd’hui à la barre du port de Sète et président de l’association fluviale maritime reliant Marseille, Toulon, Sète, Lyon et Strasbourg.Premier axe fluvio-maritime par lequel transitent 90 millions de tonnes de marchandises par an, soit l’équivalent du tronçon Le Havre-Rouen-Paris.
"J’ai monté une association entre les deux pour le report modal.Il ne faut pas vivre replié et chercher le meilleur moyen en fonction de son efficacité à la fois économique, social et environnemental."
Inciter à la mobilité douce et partagée, la mission incombe désormais au ministre d’État, Pierre Dartout.
Des thématiques familières à l’ancien préfet, selon Philippe Tabarot.
"Nous avons travaillé ensemble sur le ferroviaire (...) et pu convaincre le gouvernement d’investir dans les trains à batterie (électrique) entre Aix et Marseille. Ce sera annoncé dans le prochain plan de relance."
F. Fenino/Photorail.Le point de retrait comporte 157 casiers.
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