Retards, chauffeurs égarés, accessibilité... Dans la Roya, la colère ne faiblit pas face aux bus de substitution

Alors que la ligne ferroviaire Nice-Breil est en travaux jusqu’en décembre 2025, la solution censée compenser l’absence de train ne satisfait toujours pas. Les élus de la Carf réclament des réponses.

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M. R. Publié le 17/07/2025 à 05:15, mis à jour le 17/07/2025 à 06:18
Une série de couacs a accompagné le lancement des bus de substitution dans la Roya. Ce bus, bloqué alors qu’il manœuvrait en gare de Breil, en est un symbole. DR

Profitant d’une délibération au sujet du train historique [qui circulera à certaines dates dans le courant de l’été dans la Roya – lire notre édition du 8 juillet], Stéphane Manfredi a pris la parole pour placer la discussion non plus sur les rails mais sur l’asphalte. "On est toujours aussi satisfait des bus de substitution?", glisse-t-il, sourire en coin.

Bref rembobinage. Depuis le 2 septembre 2024, plus aucun train ne circule entre Nice et Breil. En cause: des travaux de réhabilitation de la ligne ferroviaire – attendus de longue date – qui ne devraient s’achever qu’en décembre 2025. Pour assurer une liaison, une panoplie de bus de substitution a été déployée dans certaines gares, comme celle de Breil-sur-Roya. Mais les débuts ont été compliqués: retards en série, chauffeurs qui ne connaissaient pas le parcours et qui se sont perdus sur le trajet, personnes à mobilité réduite à qui la montée du bus a été refusée car le véhicule n’était pas adapté… Une série de couacs symbolisée par ce bus qui s’était retrouvé bloqué en gare de Breil-sur-Roya lors d’une manœuvre de demi-tour [photo ci-contre].

Dix mois plus tard, la "solution" a toujours du mal à convaincre les usagers. La Cuneo Nizza Unisce, ce comité franco-italien pour la défense et le développement de la ligne ferroviaire, s’en était encore ému il y a peu de temps dans un courrier adressé à la Région Sud. Pointant, en plus du reste, le "manque flagrant d’information" et des "situations de violence et d’agressivité au sein des bus".

"Il n’y a pas de problème? Est-ce qu’on est toujours satisfait?", relance l’élu beausoleillois après quelques secondes de silence.

Un constat partagé par les élus

Une question rhétorique qui trouvera une réponse sans détour: "On ne l’a jamais été! tranche Daniel Alberti, le maire de La Brigue. C’est compliqué car ils sont souvent en retard et loupent la correspondance avec le bus 25, entre autres car ils sont arrêtés au péage de la Turbie par les policiers et douaniers qui visitent le bus pour intercepter ceux qui franchissent la frontière illégalement. Le 25 ne peut pas l’attendre car il a souvent 30 minutes de retard…"

"C’est un sujet brûlant…, reprend Stéphane Manfredi pour évoquer une situation qui dépasse le simple mécontentement. On devrait peut-être voir sous une forme d’audit ce qui se passe vraiment. Ce sont des bus de substitution et en tant que Carf, on est concernés. Il faut se poser les bonnes questions."

Face à un Yves Juhel s’estimant "incapable de répondre" car "pas au courant de ce problème de plainte", le maire de Breil, Sébastien Olharan, a pris la parole.

"Je pense qu’il ne faut pas nourrir l’illusion d’avoir la même qualité de service avec des bus que nous ne l’avions avec des trains. Pour moi, c’était déjà assez clair au départ. Effectivement, il y a des contraintes qui sont structurelles: l’accueil des PMR, des personnes avec des animaux de compagnie… Les retards aussi. Même si les trains ne sont pas toujours à l’heure, les bus sont tributaires des difficultés de circulation, des contrôles de police… On a de surcroît des bus très volumineux, pas tellement adaptés aux routes de la vallée de la Roya, ce qui rend le trafic plutôt dangereux. On a certains chauffeurs qui devraient se faire retirer le permis car ils ont des conduites périlleuses, sans parler de certains comportements qui relèvent de procédures disciplinaires. Il y a des plaintes en permanence."

Et de conclure: "Ce n’est pas un seul problème avec une solution, mais une multitude d’incidents qui doivent être traités au cas par cas. On fait remonter systématiquement à la Région, la SNCF et la Carf. Certaines réponses ont été apportées, d’autres non. Je ne crois pas qu’un audit fera émerger une solution miracle. Il faut que les situations signalées soient réellement traitées. Des chauffeurs doivent être enlevés, clairement… Pour le reste, il faut prendre son mal en patience en attendant le retour des trains."

Une lueur d’espoir, malgré tout: les travaux de la ligne Nice-Breil sont dans les délais. Sauf imprévu, la reprise de la circulation des trains pourra s’effectuer en décembre.

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