"On se dit qu’une fois pro, c’est gagné, mais c’est faux": comment les clubs de rugby de Grasse et Monaco parviennent à récupérer des joueurs professionnels non-conservés par Nice

A la suite de la relégation du Stade Niçois cet été, dix joueurs ont décidé de rallier Grasse ou Monaco en Fédérale 2, quatre niveaux en dessous de la ProD2. Explications de ces choix.

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Aurélian Marre Publié le 31/07/2025 à 08:30, mis à jour le 31/07/2025 à 08:30
Le néo-Grassois Yann Tivoli, qui félicite ici son flanker Jordan Taufua contre Soyaux-Angoulême (24-39), est l’un des dix Niçois partis s’exiler dans les autres clubs de la Côte d’Azur. Photo Dylan Meiffret

L’été n’est pas de tout repos en Baie des Anges. Entre le changement d’identité sportive et graphique - exit le Stade Niçois, bienvenue au Nissa Rugby - et les mouvements du mercato, les temps sont plus qu’instables.

En plein cœur de ce grand ménage voulu par le président Jean-Baptiste Aldigé, dix joueurs de l’effectif de ProD2 sur les 38 départs recensés ont fait le choix, à première vue surprenant, de s’engager trois divisions en dessous de la Nationale.

À première vue seulement. Pour quelques-uns des partants, la décision est le fruit d’une certaine logique sportive. Gabriel Maréchal (2e ligne, 20 ans), Tom Jouglas (demi de mêlée, 20 ans) et Louis Brandinelli (centre, 21 ans) n’ont jamais eu leur chance la saison passée en ProD2. Idem pour Mathieu Lacquement (ailier, 21 ans) ou encore Jean-Maxim de Laborde de Monpezat (arrière, 22 ans), eux deux formés au RO Grasse, et qui signent du même coup leur retour aux sources.

"Récolter les fruits de tout le travail de formation"

Fraîchement intronisé président du ROG en juillet, Barthélémy Ors justifie ces arrivées. "Ces cinq jeunes-là n’ont pas été conservés par le Stade Niçois, tandis que Mathieu et Jean-Max ont déjà fait quelques matchs avec nous en double licence l’an dernier. Leur volonté à tous était de continuer à jouer dans le coin, et la nôtre était de récupérer ces espoirs que l’on a parfois nous-même envoyés à Nice et qui n’ont pas percé. Pour récolter certains fruits de tout le travail de formation réalisé en amont."

Payés à la prime - qui peut varier entre 300 et 900 euros par mois à Grasse selon les joueurs - ces nouvelles recrues ont toutes un cursus d’études, ou sont en train de trouver un travail à côté du ballon ovale, comme l’ensemble de l’effectif de Fédérale 2, où le club joue un rôle d’aide à la recherche d’emploi.

Et puis, il y a "le deuxième groupe ", dixit Barthélémy Ors. Yann Tivoli (2e ligne, 33 ans), en fait partie. Il a également décidé de rejoindre son club formateur, après 4 bouts de match sous les couleurs des Rouge et Noir en 24-25. "Il a très peu joué, et il sent qu’il ne lui reste peut-être que deux ans de rugby devant lui. Il voulait boucler la boucle."

Mais le plus gros coup du ROG est Sud-Africain et il se nomme Christiaan Erasmus. En une saison, l’ailier de 29 ans a planté 7 essais en 15 titularisations en ProD2 (2e meilleur marqueur du club). Il arrive à Grasse depuis Nice à la manière d’un autre Sud-Af’ pro il y a deux ans de cela, Kurt Haupt.

"Ils ont joué et échangé ensemble. Pour une fois dans sa vie, Christiaan n’a pas tout misé sur le rugby mais a opté pour rester ici dans un double projet professionnel. Le club l’accompagne dans ses démarches de création d’entreprise dans l’import-export avec l’Afrique du Sud, au même titre que Yann qui a un projet d’entreprenariat dans le sport, indique le président grassois. Pour ces deux-là, le sportif n’est plus la priorité. Mais ce n’est pas non plus une pré-retraite. On sera toujours d’un niveau inférieur à Nice, alors on agit comme un club satellite, un repli avec un niveau challengeant."

Des arrivées de choix rendues possible grâce au dégraissage aussi rare que massif du Nissa Rugby, où 25 joueurs ont été déclarés indésirables.

Choix... ou contrainte

Dans la même conjoncture, Andrzej Charlat (ailier, 30 ans), Nathan Courtade (centre, 27 ans) et Luca Cutayar (centre, 28 ans) ont rejoint la Principauté, également en Fédérale 2.

A eux trois, ils totalisent 41 matches de ProD2 et ont dit au revoir à leur contrat pro, désormais payés en primes et accompagnés par l’AS Monaco dans leur démarche de recherche d’emploi. "Ce sont des joueurs qui voulaient rester dans la région. Et il n’y a pas tant de clubs que ça. Après Nice, vous avez Grasse et Monaco qui proposent un projet sportif pour monter en Fédérale 1, c’est ce qui les a séduits", détaille David Bolgashvili, coach de l’ASM Rugby et ancien homme fort du Stade Niçois entre 2016 et 2022.

Luca Cutayar est l’exemple parfait de la complexité de la situation à laquelle font face certains transférés.

Informé en mai qu’il n’allait pas être conservé malgré son année de contrat restante, il peine depuis à rebondir. "Je ne voulais pas partir de Nice. J’ai eu des touches en Nationale et N2. Mais j’ai une femme et un enfant en bas âge. Mon chômage est misérable, et pour l’instant, je n’ai toujours pas trouvé de boulot à côté malgré l’aide de l’ASM", s’inquiète celui qui souhaiterait aussi se lancer seul et fonder sa boîte de création de meubles en bois, pour "préparer l’après-carrière. "

Car lui comme d’autres sont rattrapés cet été par la réalité. "On se dit qu’une fois pro, c’est gagné. C’est faux, t’es un employé lambda."

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