"Une hérésie", "une injure à l’Histoire"! Marcel Pietri ne mâche pas ses mots. Il avoue être "en colère" depuis qu’il a découvert le nouveau blason de son village. "Cet été, au détour du dernier bulletin municipal de Valdeblore", affirme le père du multiple champion du monde Loïc Pietri, lui-même judoka, qui a une seconde passion dans la vie: l’Histoire.
C’est lui qui, il y a quelques années, avait mis au jour des peintures rupestres inédites sur l’une des parois rocheuses qui surplombent cette commune de la Vésubie.
Les tours remplacées par des Lys
"Valdeblore c’est mon village", martèle Marcel qui n’entend pas lasser la municipalité actuelle en trahir la mémoire. En voulant "moderniser" les armoiries de la commune, elle aurait commis un "contresens historique". La couronne à quatre tours, symbolisant les quatre villages que regroupe en réalité Valdeblore (avec La Bolline, Saint-Dalmas et Mollières), s’est ainsi transformée en couronne à fleurs de Lys.
"Une référence à la monarchie qui n’a pas lieu d’être", souligne Marcel Pietri. Valdeblore n’a jamais appartenu au Royaume de France, mais au Comté de Savoie qui est d’ailleurs représenté dans le blason par la croix de Savoie. "Faire figurer l’un au-dessus de l’autre est une hérésie", insiste l’ancien Judoka féru d’Histoire qui n’entend pas "laisser passer".
"Il fallait se réveiller avant!"
Marcel Pietri s’est d’ailleurs fendu d’un courrier à la maire de Valdeblore pour l’interroger sur le bon respect des procédures administratives qui, selon lui, prévalent en matière de modifications d’armoiries communales. Ce qui ne manque pas d’agacer la maire. "Il fallait se réveiller avant!", s’emporte Carole Cervel à l’évocation du sujet.
L’élue s’étonne que cette mini-polémique éclate "à l’approche des échéances municipales de mars 2026", alors que le blason a été redessiné au tout début de sa mandature. "Il y a cinq ans, nous avons voulu le moderniser dans le cadre, surtout, de la communication touristique de la commune", explique-t-elle. Comme son prédécesseur l’avait déjà fait avant elle, en 2013. Sauf que pour Marcel Pietri, "un blason ce n’est pas un simple logo, ça a une signification". Et en l’occurrence, elle serait désormais fausse. "Aucun historien n’aurait validé ça", assure-t-il.
Sur le fond, Carole Cervel promet que "s’il y a eu erreur, elle sera rectifiée". Même si elle n’a pas apprécié la manière.
"On aurait pu venir simplement m’en parler avant de faire le tour des réseaux sociaux, des comptoirs et des médias", déplore l’élue qui, du coup, se demande si d’autres intérêts, "plus particuliers", ne se cachent pas derrière ce Clochemerle. Comme cette autorisation d’urbanisme qu’elle a accordé à un promoteur pour construire plusieurs chalets. Marcel Pietri reconnaît avoir attaqué le permis, mais selon lui "les deux affaires n’ont rien à voir". S’il dénonce la modification du blason de Valdeblore, c’est uniquement pour en défendre la mémoire: "S’il n’y a plus d’Histoire alors il n’y a plus de village"...
Et s’il n’y a plus de Clochemerle, il n’y a plus non plus de vie de village, serait-on tenté d’ajouter.
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