"Entre nous, il n’y a jamais eu de problème d’ego": Les Chevaliers du Fiel reviennent sur leur rencontre

De passage à Nice pour les Plages du rire, en début de semaine, le duo nous a donné rendez-vous avant de monter sur scène. Eric et Francis sont revenus sur leur parcours, qui dure depuis bientôt 40 ans.

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Mathieu Faure mfaure@nicematin.fr Publié le 04/08/2024 à 11:25, mis à jour le 04/08/2024 à 11:30
Les Chevaliers du Fiel à l’hôtel West End, à Nice, avant leur passage au Théâtre de Verdure. Photo M. F.

Alors que l’édition estivale des Plages du rire, à Nice, s’est achevée ce mercredi 31 juillet avec un millésime 2024 séduisant (Anne Roumanoff, Mathieu Madénian) – et qu’une version hivernale va s’installer du 17 janvier au 2 février 2025 avec une pléiade d’humoristes (Laurent Baffie, Kheiron, Az, Laurent Barat, Blandine Lehout, Felix Dhjan, etc.) ainsi que des master class, des conférences et des plateaux découvertes –, les Chevaliers du Fiel, ont profité d’un moment avant leur montée sur scène au Théâtre de Verdure pour se raconter un peu.

Autour de la table, Francis Ginibre et Eric Carrière, un duo qui campe des personnages depuis bientôt quatre décennies.

Leur rencontre

"Eric était déjà engagé dans cette voie car il faisait des spectacles. Et puis on s’est rencontrés parce qu’il avait besoin de musiciens et je jouais de la batterie. Rapidement, il réussit à me convaincre de faire de la comédie et j’ai le sentiment que c’était un pari. On a commencé par le Festival d’Avignon et, de suite, il y a eu une petite effervescence, petite mais déjà conséquente, puisque l’année d’après, on a commencé à tourner un petit peu partout, dans des cafés-théâtres, des MJC, centres culturels, des théâtres...", lance Francis Ginibre.

"On s’est engagé dans le métier sans vraiment prendre conscience que ça allait devenir notre quotidien. On trouvait que c’était le moyen le moins pénible intellectuellement de gagner notre vie", abonde Eric Carrière.

Le fonctionnement de leur duo

"J’écris tout le temps, tous les jours, embraye Eric Carrière. Je lui propose ce que je fais. On ne négocie même pas car on est souvent d’accord sur ce que l’on a envie de faire."

"Chaque fois qu’Eric écrit un nouveau spectacle, il y a cette sensation du bol d’air frais. Et entre nous, il n’y a jamais eu de problème d’ego ou de caractère. Il se trouve que notre alchimie fonctionne bien. Et on a jamais rencontré le phénomène de l’usure", détaille Francis Ginibre.

"On a trois spectacles d’avance qui sont déjà prêts à être joués sur scène, qui ont déjà été diffusés à la télévision mais que nous n’avons pas encore eu le temps de jouer en live et je pense que c’est ça qui nous sauve vis-à-vis du public, parce que les gens voient sans arrêt des trucs nouveaux."

Leurs inspirations

Eric Carrière: "On s’inspire plutôt de la vie de tous les jours que de l’actualité. Et c’est toujours fait avec une forme de bienveillance, de compassion. Il faut que l’on puisse dire du mal des chasseurs et que les chasseurs nous aiment malgré tout. Je regarde beaucoup de choses que font les autres pour ne pas les faire", argumente Eric Carrière.

"Aujourd’hui, on a un public, une belle assise. On n’est pas fermé à en acquérir d’autres, mais on a une base qui a envie de voir notre univers et on leur donne ça. C’est un comme un rendez-vous", poursuit Francis Ginibre.

Les anecdotes de tournée

Eric Carrière: "On a eu la scène qui s’effondre et on a continué à jouer! On a également eu un 'ouragan', qui a dévasté le décor, qui envoie certains spectateurs à terre, les gens se cachaient sous les tables, les chaises. En fait, on a réimprovisé avec ça et tout le monde s’est marré. On a attendu que le temps se calme et on a repris le spectacle sans lumière, sans sono, c’était incroyable. Avec les gens, on a vécu un moment unique. On a fait aussi, quand on tournait avec notre spectacle Croisière d’enfer, l’avant-première en bateau. C’était en mer, non loin de Gênes, et on a pris une énorme tempête. Du coup, on jouait un spectacle qui était supposé se dérouler dans un bateau, et on était dans un vrai bateau qui était secoué par des vagues, c’était assez unique."

Leurs multiples casquettes

Francis Ginibre: "On a commencé par la scène. Ça, c’est notre métier d’origine. Mais après, on a fait énormément de radio, 20 ans en quotidienne. Eric écrivait déjà beaucoup, cet exercice a rendu son écriture beaucoup plus performante, plus efficace. Et puis après, on a fait de la télé: des fictions, des séries, et ensuite du cinéma. Je crois que là où on est le meilleur, c’est sur scène".

"On a fait des films, les derniers ont bien marché, on aimerait en faire un autre mais le processus de création au cinéma est très long. L’efficacité qu’on a trouvée, qu’on a gagnée avec l’expérience sur scène, on n’arrive pas à l’avoir aussi rapidement au cinéma parce que c’est très lourd. Finalement, le film que tu vas faire, ce n’est plus ton film. C’est le film d’un peu toutes les circonstances. Et moi, j’aime plutôt quand ça va vite", analyse Eric Carrière.

Ce qu’ils aiment chez l’autre

Francis Ginibre: "Eric est un meneur et c’est lui qui m’a amené là, dans un univers que je ne connaissais pas. Et puis, il est toujours à fond. Je le suis avec plaisir parce qu’il m’amène dans des choses que je n’aurais pas faites de moi-même."

Eric Carrière: "Ce que j’apprécie, à part l’être humain, qui est très agréable à vivre, c’est qu’il est un super, super comédien et très doué. Il a une manière innée de jouer, de s’emparer des rôles, des personnages, des situations."

Leurs rêves d’enfant

Francis Ginibre: "Je pensais à la scène, déjà, mais je ne savais pas par quel biais. Donc, j’ai d’abord été chanteur dans des chorales, ensuite musicien. Et puis en rencontrant Eric, je suis allé vers la comédie et ça, en revanche, je n’y avais jamais pensé".

Eric Carrière: "Je voulais écrire. À 12 ans, je lisais un nombre de bouquins incroyables et j’écrivais tout le temps. Je pensais vraiment que j’allais être romancier."

Les Chevaliers du Fiel. DR.

"On se fout mutuellement de notre gueule"

Une carrière établie et un style à part, dans lequel Les Chevaliers du Fiel ne parlent jamais d’eux. Une marque de fabrique rare et assumée.

"Ce n’est pas notre thématique, ni notre style", lance Francis Ginibre. "Je trouve que c’est la pire des incongruités de raconter nos vies et de donner des conseils, poursuit Eric Carrière.

"On s’est plutôt cantonné à décrire la connerie humaine dans sa généralité, en s’incluant parfois dedans, parce qu’on a ce recul aussi, de pouvoir se moquer de nous, même sur scène, on se fout mutuellement de nos gueules."

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