C'est un message que Nina Viriot, 18 ans ne s'attendait pas à recevoir... Ce jeudi 3 juillet elle découvre avec stupeur un procès-verbal de suspicion de fraude a été établi à son encontre pour l’épreuve de philosophie du bac.
Un message qui n'est pas sans conséquence, puisque la jeune lycéenne ne pourra pas accéder à ses résultats du bac ni même savoir si elle est bachelière ou non! Autre effet indésirable de procès-verbal, elle est bloquée sur Parcoursup et ne peut valider son inscription dans une école d’ingénieure du son, qui l’avait acceptée.
"On ne s’y attendait pas du tout. Nina était stupéfaite", témoigne, Emmanuelle Viriot, sa mère, dans Le Parisien. Aucun surveillant ne lui a fait de remarque pendant les épreuves, et elle n’a jamais signé de procès-verbal.
Le lendemain, au lycée Diagonale (Paris Ve), Nina se rend comme demandé pour obtenir des informations. On lui annonce simplement qu’elle ne peut pas passer les rattrapages. Ce n’est qu’après intervention de l’établissement qu’elle apprend que le correcteur de philosophie soupçonne un recours à une intelligence artificielle pour rédiger sa copie.
Quelles solutions pour la suite?
Une procédure disciplinaire est possible, mais en attendant, elle n’a droit à aucune explication précise. La décision de poursuite ou non revient à la rectrice de Paris, Julie Benetti. Elle doit trancher d’ici le 23 juillet.
Si une commission disciplinaire est convoquée, Nina pourra alors prendre connaissance des faits et tenter de se défendre. Mais les risques sont sérieux : jusqu’à cinq ans d’interdiction de tout examen, y compris le permis de conduire.
Une procédure opaque et des outils absents
Pourtant, Nina dispose d’un dossier scolaire solide. Elle a obtenu 16 de moyenne en philosophie au second trimestre et 18 au bac blanc. Elle souffre d’un trouble de l’attention, bénéficie d’un tiers-temps et compose à l’ordinateur (sans internet ni fichier personnel) comme le prévoit son plan d’accompagnement personnalisé.
Sa professeure de philosophie, Nora Monnet, rejette les soupçons : "C’est un bon devoir, mais pas extraordinaire. Il vaut 13 ou 14. Elle y fait référence à un manga, L’Attaque des Titans, ce qu’une IA ne ferait probablement pas." Une autre collègue y a vu une copie méritant 12.
La situation révèle le flou autour des critères de détection de l’IA. Le ministère de l’Éducation nationale assure que les correcteurs ne disposent pas d’outils de détection comme ceux conçus pour repérer des textes générés par ChatGPT, et qu’ils ne sont pas formés à les repérer. Pourtant, plusieurs académies ont demandé aux enseignants de signaler les "copies problématiques", sans expliquer selon quels critères.
En 2024, 560 candidats au bac ont été poursuivis pour fraude, dont 5 % pour usage présumé d’IA. Pas moins de 404 élèves ont été sanctionnés, et 16 d’entre eux interdits d’examen jusqu’en 2029.
commentaires