Arnaques sentimentales sur internet: qu'est-ce qu'un "brouteur" et quels sont les signes pour les détecter? Une professionnelle nous donne ses conseils

"Brouteur", vous avez sans doute lu ou entendu ce terme dans différentes affaires d'arnaques aux sentiments sur les réseaux sociaux. C'est face à ces arnaqueurs peu scrupuleux et d'un nouveau genre qu'Anne, une Varoise quinquagénaire a tout perdu. 

Chaque année, ce sont des centaines de monsieur et madame tout le monde, mais aussi de personnalités publiques qui tombent dans le piège de ces "brouteurs". Si la peine sentimentale engendrée est établie, l'arnaque va plus loin en extorquant des dizaines voir parfois des centaines de milliers d'euros à leurs victimes. 

Leslie, fait partie des gentils "hackers", nous explique, qui sont-ils et quelles sont leurs techniques. Elle nous donne également quelques conseils pour détecter ces arnaqueurs virtuels et se protéger. 

Qu'est-ce qu'un brouteur? 

Un nom original mais qui prend tout son sens... "Cela vient du terme de l’animal qui se met en pâture et qui mange, comme c'est le cas lorsqu'ils trouvent une victime et prend ce qu’il y a à prendre", explique Leslie.

Un réseau bien organisé avec des personnes basées sur le continent africain: "an piratant les adresses IP que l'on nous envoie, on voit qu'ils sont localisés principalement en Afrique Subsaharienne, mais aussi au Maghreb et un peu plus rarement les pays de l’Est", affirme la chasseuse. 

Il existe plusieurs types de "brouteurs" certains sont spécialisés dans ce qu'ils appellent le "Baha Love" c'est l'arnaque au sentiment dans sa forme la plus classique qui consiste à charmer la victime.

On retrouve aussi les "Baha Star", "c'est lorsque l'arnaque est faite grâce à l'usurpation de l'identité d'une personnalité connue du grand public", explique Leslie. Cette arnaque a été celle utilisée dans le cas d'Anne.D. qui entretenait une relation virtuelle avec un faux Brad Pitt. 

Vient ensuite le "Baha pervers", qui n'est autre qu'une "sextorsion": "le brouteur se fait passer une escortgirl, demande des photos intimes à la victime et les utilise pour faire du chantage", précise Leslie. 

Petite précision, Baha signifie "travail". Il est donc question d'un véritable travail organisé avec un supérieur qui fait la répartition des différentes victimes. 

Les brouteurs contactent généralement les victimes en premier lieu sur les réseaux sociaux et vont ensuite poursuivre leurs conversations via d'autres cannaux de discussions. 

Quels sont les signes pour les reconnaître? 

Le premier signe est le "Coucou bonjour", les formulations de phrases douteuses et les termes parfois utilisés peuvent mettre la puce à l'oreille. "La manière dont les phrases sont tournées et les inversions entre les sujets et les verbes sont des éléments relativement simples à déceler", rappelle Leslie. 

"Un autre fait troublant est lorsque votre interlocuteur vous demande de passer sur des applications telles que whatsapp, télégram ou encore skype pour parler tranquillement". La raison est simple, ils choisissent d'autres plateformes car leurs faux comptes sont rapidement effacés, c'est une manière pour eux de sécuriser la discussion et de la rendre pérenne. 

Parmi les signes on retrouve également les numéros de téléphone qui commencent par 07.80 / 06.44 / 07.56. "Ces numéros appartiennent à une plateforme appelée On-off, qui permet d'obtenir un numéro avec l'indicatif de votre choix". C'est une méthode qui met en confiance la victime légitime l'histoire. 

Quels sont les recours? 

Ces affaires d'arnaques sentimentales donnent du fil à retordre à la justice. En effet, lorsque les victimes font des virements, elles se rendent complices et choisissent d'envoyer de l'argent de manière délibérée. Elles n'ont donc pas été volées. 

Les victimes s'adressent généralement aux associations dédiées à ces cas précis et des hackers pour tenter de retrouver leur "brouteur". Malgré tout, la procédure reste longue et complexe.