Normal ou "illégal"? Les politiques s'affrontent sur les drapeaux palestiniens au fronton des mairies

Entre soutiens aux édiles et appel à les "condamner" en justice, la classe politique s'est encore fracturée dimanche sur le pavoisement ou non des mairies avec des drapeaux palestiniens, à l'occasion de la reconnaissance par la France de l'État de Palestine, attendue lundi.

La rédaction Publié le 21/09/2025 à 17:20, mis à jour le 21/09/2025 à 17:21
Manifestation pour la reconnaissance d'un Etat palestinien avec en tête de cortège la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel et le premier secrétaire du PS Olivier Faure, à Paris le 21 septembre 2025 AFP / Bertrand GUAY

"Les drapeaux palestiniens doivent être mis sur les frontons des villes qui le souhaitent", a insisté dimanche matin sur LCI la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, à la veille de la reconnaissance attendue de l'Etat palestinien par le président Emmanuel Macron à l'Onu à New York.

Invitée à commenter cette idée poussée par le patron du PS Olivier Faure, la secrétaire nationale a souligné que des "mairies écologistes l'ont fait depuis plusieurs mois", et appelé à poursuivre le mouvement lundi ou mardi en fonction des situations locales. "On est pour cette initiative bien sûr", a aussi assuré le député LFI Eric Coquerel sur France 3.

En dépit des avertissements de Bruno Retailleau. Le ministre de l'Intérieur démissionnaire, et patron des Républicains, a fait valoir que "la justice administrative a ordonné (...) le retrait de drapeaux palestiniens du fronton de mairies, au motif qu'ils portaient gravement atteinte au principe de neutralité des services publics". Et d'exhorter à "ne pas importer le conflit du Proche-Orient".

Son ministère a demandé aux préfets de s'opposer au pavoisement des mairies et autres édifices publics lundi, en saisissant la justice administrative.

Le drapeau palestinien sur la mairie de Malakoff, dans les Hauts-de-Seine, le 21 septembre 2025 AFP / Bertrand GUAY.

Ainsi le tribunal de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise) a ordonné samedi à la mairie de Malakoff (Hauts-de-Seine) de retirer de son fronton un drapeau palestinien, déjà hissé. En vain, la maire communiste Jacqueline Belhomme, faisant savoir qu'elle ne comptait ni interjeter appel ni retirer le drapeau avant mardi.

Pour le patron des députés PS, Boris Vallaud, le ministre "se trompe d'interprétation juridique", relevant qu'après les attaques meurtrières du mouvement palestinien Hamas le 7 octobre 2023, "des mairies ont hissé à juste raison le drapeau israélien", et "qu'il y a aussi des drapeaux ukrainiens" sur certains édifices.

Quant à Olivier Faure, il a profité d'une marche à Paris dimanche en soutien aux Palestiniens pour accuser M. Retailleau de ne "pas avoir digéré" la décision d'Emmanuel Macron de reconnaitre la Palestine.

Maires divisés

De gauche à droite la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel et le premier secrétaire du PS Olivier Faure, lors d'une manifestation pour la reconnaissance d'un Etat palestinien à Paris le 21 septembre 2025 AFP / Bertrand GUAY.

Reste que tous les maires, mêmes socialistes, ne seront pas alignés. Laurent Cathala (Créteil, Val-de-Marne) estime que "la première de ses responsabilités doit être de préserver la cohésion sociale au sein de la commune", et ne suivra pas l'appel d'Olivier Faure.

Son homologue Mathieu Hanotin (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis) hissera au contraire le drapeau pour la journée de lundi, arguant qu'il "ne s'agit pas d'un acte militant de longue durée qui viendrait finalement à changer la nature du bâtiment municipal", quand le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane a annoncé à La Tribune Dimanche qu'il entendait déployer des drapeaux palestiniens et israéliens.

A Brest la mairie, qui arbore le drapeau ukrainien depuis 2022, a choisi une solution alternative et illuminera lundi le bâtiment aux couleurs du drapeau palestinien.

Des choix aux antipodes du Rassemblement national, le député de l'Oise Philippe Ballard accusant sur France 3 les édiles ayant prévu d'arborer le drapeau palestinien de "communautarisme de bas étage". "C'est illégal", a sobrement commenté son collègue de groupe Jean-Philippe Tanguy sur le plateau de Questions politiques (France inter/francetv/Le Monde).

Même écho du côté du vice-président de LR François-Xavier Bellamy, qui a estimé dimanche sur BFMTV qu'il fallait que les maires qui hissent le drapeau palestinien "soient condamnés".

Le drapeau palestinien sur la mairie de Malakoff, dans les Hauts-de-Seine, le 21 septembre 2025 AFP / Bertrand GUAY.

"Un drapeau sur le fronton d'une mairie n'a jamais tué personne alors qu'à l'inverse à Gaza l'armée israélienne tue tous les jours", a répliqué Marine Tondelier dimanche après-midi au rassemblement parisien, dénonçant des polémiques "indécentes".

Quant à Renaud Muselier, président du parti macroniste Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, il a prévenu dans le Figaro qu'il déploierait une vingtaine de drapeaux français, en réponse à ce qu'il qualifie de "calculs politiques".

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