"Je lance un appel aux chefs d’État européens pour qu’ils ne ratifient pas l’accord de libre-échange avec le Mercosur" : le cri du cœur du petit-fils du cacique Raoni, chef du peuple Kayapó de la forêt amazonienne

Le petit-fils du cacique Raoni, chef du peuple Kayapó de la forêt amazonienne, intervient dans une conférence (1) avec Paul Watson mardi 10 juin à 10 h 30 à La Baleine (palais des expositions).

Alain Ricci Publié le 10/06/2025 à 13:00, mis à jour le 10/06/2025 à 13:00
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C’est l’une des voix mondiale de la sauvegarde de la forêt amazonienne… Le cacique Raoni n’a pas pu se déplacer à l’UNOC-3. Il a envoyé son petit-fils le cacique Tau Metuktire, âgé de 43 ans, pour le représenter.

Que représente pour vous le cacique Raoni?

Il représente tout pour moi: la protection, l’histoire, les chants. C’est une personne très importante pour nous. Il a sauvé notre territoire. Il nous a sauvés nous-mêmes. Il est mon héros, un vrai guerrier et le sauveur du peuple Kayapó (2).

Comment va votre grand-père le cacique Raoni?

Il a eu une pneumonie. Il continue à tousser. Et il a aussi des tremblements. Son état s’améliore petit à petit. Il est en ce moment dans une petite ville à côté de notre territoire. Il est soigné à Peixoto de Azevedo, une municipalité brésilienne située dans l’État du Mato Grosso.

Quelles missions vous a-t-il données pour l’UNOC-3?

Il m’a dit de venir chercher du soutien, parler de la situation dans notre territoire et former des alliances pour préparer la COP 30 à Belém au Brésil (10 au 21 novembre). Il faut que nous puissions être représentés en nombre suffisant, nous, peuple Kayapó.

L’absence des grands de ce monde (États-Unis, Russie, etc.) vous évoque quel commentaire?

Nous vivons sur une seule planète qui est très menacée. Le climat est déjà en train de se dégrader terriblement. Donc tout le monde devrait participer à ces discussions. Ils ne peuvent pas se préoccuper uniquement de la production de leurs pays.

Quels liens faites-vous entre la forêt que vous défendez et l’océan?

Nous étions un peuple de l’océan. Nous avons été chassés et nous nous sommes installés dans la forêt. La forêt et l’océan sont interconnectés. La hausse des températures entraîne: dans les forêts, des rivières qui s’assèchent, s’amenuisent, disparaissent; dans les océans, des eaux qui montent. Ce sera un impact tel qu’on ne pourra plus rien contrôler.

Quel est votre principal combat pour préserver les océans?

Nous avons interpellé plusieurs fois le président brésilien Lula sur le projet qu’il soutient d’extraction de pétrole dans le delta de l’Amazone. L’extraction dans les océans est la garantie d’aggraver la situation, le réchauffement climatique. Il faut arrêter complètement l’extraction des énergies fossiles dans les océans.

Quelles sont les conséquences des activités humaines sur votre peuple?

La déforestation nous encercle complètement avec des plantations de soja, de maïs et d’autres productions. Les pesticides nous tuent. Les pluies tropicales font ruisseler ce poison dans nos rivières. On s’alimente avec le fleuve, on pêche, on boit. On commence donc à tomber malade, on a des cas de cancers. Des enfants, des adultes de 30 ans, 40 ans qui meurent de maladies qu’on ne connaissait pas avant. Les fumées des feux volontaires des producteurs intensifs nous rendent malades. Certains ont des maladies pulmonaires graves.

Comment les Français, les Européens peuvent-ils agir pour changer les choses?

Il faut que les Français et les Européens fassent pression sur leurs propres dirigeants. Beaucoup de produits qui arrivent chez vous sont prélevés dans notre territoire. De la façon dont c’est parti, cette production va encore augmenter et nous serons encore plus affectés. L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (3) est une très mauvaise chose pour nous. Nous sommes préoccupés. Je lance un appel aux chefs d’État européens pour qu’ils ne ratifient pas l’accord de libre-échange avec le Mercosur.

 

1. Mardi 10 juin à 10h30 à La Baleine (palais des expositions), Planète Amazone, l’ONG Friendshop et l’Agence française de développement réunissent le cacique Tau Metuktire, Paul Watson, Runa Khan et Gert-Peter Bruch pour une conférence sur les défis partagés entre peuples de la forêt et des mers.

2. Le peuple Kayapó vit dans deux régions différentes: l’État du Mato Grosso et l’État du Pará au Brésil. Ils sont en attente du rattachement d’une ultime terre indigène qui n’a pas encore été reconnue. C’est une terre où il y a les cimetières de leurs ancêtres. La première étape qui a duré 25 ans a été validée en juillet 2023.

3. Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay, Uruguay.

4. planeteamazone.org

Mieux communiquer pour convaincre

"Le film documentaire "Amazonia, cœur de la Terre Mère" (4) est très important pour nous. Il permet d’éduquer, de faire avancer les choses et de protéger notre culture », explique le cacique Tau Metuktire. "Le film montre que les coopérations entre indigènes et non indigènes ont existé, raconte Gert Peter Bruch, président fondateur de Planète Amazone et réalisateur. Ce film est une base d’échanges pour les enfants, leurs professeurs et tous ceux qui veulent diffuser et s’emparer de ce documentaire."

"Il faut que nous puissions nous prendre en main et nous défendre nous-mêmes, lance le cacique Tau Metuktire. La technologie peut être une nouvelle arme pour protéger notre communauté, nos territoires. Nos jeunes doivent apprendre à s’en servir. Par exemple, on veut filmer la mémoire des anciens avant qu’elle soit perdue. On veut écrire des récits illustrés pour nous, mais aussi les diffuser dans votre monde pour pouvoir vous expliquer, vous partager notre culture. On veut aussi créer des cours d’apprentissage de langues étrangères pour nos enfants: anglais, français, espagnol. Pour qu’ils puissent communiquer avec le monde extérieur et pouvoir représenter le peuple en dehors du territoire."

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