Clap de fin pour le "campus de la paix"? Si la question n’a pas encore été tranchée, l’avenir de Sciences Po Menton reste incertain. En effet, l’institut d’études politiques spécialisé dans la Méditerranée et le Moyen-Orient pourrait quitter les locaux municipaux de la place Saint-Julien.
La convention qui lie l’établissement à la Ville arrive à son terme en juin. Et les récentes mobilisations étudiantes en faveur de la Palestine et accusations d’antisémitisme – après l’attaque du 7-Octobre 2023 en Israël – n’ont pas vraiment joué en faveur de son maintien.
Pressions politiques et municipales 2026
Sous la pression de Christian Estrosi, maire Horizons de Nice et président délégué du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Région a coupé ses subventions. La convention de 2027 qui prévoyait une aide de 125.000 euros par an a été "gelée le 7 octobre 2024" selon la Région.
La députée Rassemblement National de la 4e circonscription ne s’en est pas plainte. Après avoir d’abord exigé des mesures "pour sauver Sciences Po Menton" suite aux propos polémiques d’étudiants en octobre 2023, Alexandra Masson a durci le ton. L’élue milite aujourd’hui pour résilier le bail qui lie l’Institution à la Ville. "Sciences Po est devenu un foyer de haine contre Israël et les Juifs", écrivait-elle ce vendredi encore sur les réseaux sociaux… en vue des échéances de 2026? Récemment, l’avocate niçoise s’est déclaré candidate aux élections municipales sans préciser la ville qu’elle comptait conquérir, pour l’instant.
Au milieu de la mêlée, la municipalité maintient le dialogue avec l’Institution. "Sciences Po est une chance pour Menton" avait déclaré le maire, Yves Juhel, en juin 2024. Des négociations sont actuellement en cours sur l’avenir du campus inauguré en 2005.
La mise à disposition du bâtiment Saint-Julien arrive à terme à la fin du mois de juin. Lors du vote du budget primitif – très contraint – le conseiller municipal Dominique Nicolai a suggéré au maire d’appliquer un loyer. Une idée qui n’a pas été écartée par son adjoint, Florent Champion. Toutefois, l’ancien étudiant de Sciences Po Menton a invité les élus à mener une réflexion globale sur la question de l’enseignement supérieur. "On peut juger qu’il est pertinent que Sciences Po puisse s’acquitter d’un loyer, mais il faut pour cela anticiper un éventuel départ de l’Institution", a-t-il avancé, rappelant que l’IUT bénéficiait de la même gratuité et de plusieurs avantages.
La visite récente du directeur de Sciences Po Paris, Luis Vassy, à Marseille, a néanmoins provoqué quelques remous.
Le 24 février dernier, le chef de l’Institution s’est déplacé dans la cité phocéenne pour rencontrer plusieurs élus, dont le maire Benoît Payan, et le conseiller régional délégué à l’Enseignement supérieur, Georges Leonetti, comme le révélaient une dépêche d’AEF info et, plus récemment, un article de L’Express.
La Région et Sciences Po opposent leur version
Officiellement, "Luis Vassy est venu à Marseille pour parler des enjeux du territoire" indique l’Institution à Nice-Matin. Qui ajoute: "Il y a une politique volontariste de développement et peu de ressources humaines sur ce territoire. Luis Vassy voulait évoquer ces sujets".
Contactée par nos soins, la Région livre une autre version. Selon Georges Leonetti, "Monsieur Vassy nous a fait part de sa réflexion concernant un futur déménagement du campus de Sciences Po Menton vers une autre collectivité, sans toutefois nous soumettre, à ce jour, de projet concret et avancé pour Marseille." Il a par ailleurs souligné qu’il n’existait "aucune bonne raison d’envisager sa délocalisation". "Nous nous opposons rigoureusement, à l’Université d’Aix Marseille comme à la Région, à tout changement géographique non concerté", conclut-il.
L’Institution dément: ses projets pour Marseille et Menton sont deux choses distinctes. "Des discussions sont en cours avec la Ville de Menton en prévision de renouveler la convention, indique-t-elle. Sciences Po est très attaché à son implantation à Menton qui participe au rayonnement du territoire."
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